« On ne peut réduire le dossier environnemental à la seule transition énergétique ou aux technologies propres. L’environnement a pris une place importante dans la campagne électorale 2022. Les enjeux pullulent. Avec des tempêtes comme Fiona, les Québécois-e-s ressentent concrètement les impacts de la crise climatique. Ils et elles s’attendent à ce que le gouvernement en fasse plus et pas seulement sur le plan énergétique », indique Cyril Frazao, directeur général par intérim de Nature Québec. « Il nous faut passer au crible des crises climatiques et de la biodiversité, toute nouvelle politique publique, car ces crises sont transversales aux enjeux économiques, de sécurité publique, de sécurité alimentaire, de santé et de justice sociale », poursuit-il.

Économie et énergie

En nommant Pierre Fitzgibbon à un ministère de l’Économie et de l’Énergie, le gouvernement Legault renforce l’impression que la transition énergétique sera subordonnée à des considérations économiques. Cette décision envoie également un signal quant à la volonté du premier ministre de construire de nouveaux ouvrages hydroélectriques, un souhait qu’il a exprimé durant la campagne. Pour Nature Québec, l’un des principaux objectifs de la transition devrait être d’abord et avant tout la sobriété énergétique. La vision actuelle du gouvernement Legault, si elle se concrétise, risque au contraire d’aggraver la perte d’habitat et de biodiversité au nom de la lutte aux changements climatiques.

Ressources naturelles et Forêts

Après 8 ans de séparation, Nature Québec tient à souligner positivement le déplacement de la Faune et des parcs au sein du ministère de l’Environnement et de la Lutte aux Changements Climatiques qui aura entre ses mains les différents éléments pour mener à bien la protection des écosystèmes et de la biodiversité. La continuité avec Benoît Charette permettra aussi à ce dernier d’asseoir son expertise et de parfaire sa connaissance de dossiers comme celui du caribou. Nature Québec lui souhaite toutefois plus d’audace et de courage pour faire face aux effets masqués de la transition énergétique telle que supposée dans la vision du nouveau ministère de l’Économie et de l’Énergie.

Nature Québec accueille par ailleurs positivement le changement de gouverne au ministère des Ressources naturelles et des Forêts. Nous souhaitons que la nouvelle ministre soit plus à l’écoute que son prédécesseur auprès des communautés locales, notamment pour la protection des forêts de proximité et des meilleurs aménagements écosystémiques des forêts dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques.

Malgré tout… Agir rapidement

Nature Québec souhaite rappeler que peu importe le nom des ministères et des ministres, le nouveau gouvernement se doit de positionner de façon transversale la transition écologique et l’adaptation dans tous les ministères. L’ambition de François Legault de devenir « le premier ministre de la transition » et d’en faire plus pour l’environnement doit se traduire par des cibles ambitieuses et des actions rapides.

« Ce nouveau gouvernement va déjà avoir deux grandes occasions de nous montrer son réel niveau d’ambition dans les prochaines semaines : la COP27 sur le climat et surtout la COP15 sur la biodiversité que nous avons la chance d’accueillir à Montréal en décembre. Deux grands événements, deux opportunités concrètes d’annoncer des gestes forts, une chance de faire les liens entre les deux crises pour les futures politiques publiques. S’en saisira-t-il ? Nous l’espérons ! », indique pour sa part Anne-Céline Guyon, chargée de projet climat à Nature Québec.

Nature Québec continuera de travailler et collaborer avec les différents ministères et ministres en vue dles actions à poser urgemment. Pour cela, le gouvernement devra toutefois ouvrir ses œillères, notamment en revoyant son plan d’économie verte, et en faisant preuve de courage face au lobbyisme industriel. La politique nationale d’architecture et de l’aménagement du territoire devra aussi être beaucoup plus ambitieuse et intégrer la transition écologique comme ligne directrice. Le gouvernement devra finalement faire preuve du même leadership qu’il a exercé durant la pandémie afin d’aider les différentes communautés à traverser la crise climatique.