L’auteur a vécu dans cette Amérique beaucoup plus démocratique que maintenant. Il en explique les raisons, dont notamment les mesures sociales adoptées par Roosevelt pour lutter contre les monopoles et les requins de la finance et cite aussi un extrait de son discours. :
"Nous avons du lutter contre les vieux ennemis de la paix - le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan, le profiteur de guerre.
Ils avaient commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé ».
Ces paroles de Roosevelt sont d’une étonnante actualité. L’auteur démontre comment l’Amérique d’aujourd’hui a énormément de points en commun avec l’époque d’avant la crise de 1929, celle des « barons voleurs » où l’extrême richesse côtoyait l’extrême pauvreté.
Il explique également pourquoi une telle montée du conservatisme et comment ce pays des États-Unis est devenu aussi inégalitaire. Ces explications valent aussi dans une large mesure pour le Canada. L’auteur mentionne avoir été impressionné par le livre de Thomas Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite, Dans ce livre, M. Frank démontre comment le parti républicain en mettant le focus sur des questions comme l’avortement, l’homosexualité, le mépris des intellectuels, etc. réussit à détourner l’attention des électeurs des vraies raisons des inégalités. Paul Krugham souligne toutefois comment Thomas Frank ne tient pas compte du racisme dans son analyse, facteur qui favorise les républicains au moment du vote alors que leurs mesures vont pourtant directement à l’encontre des familles pauvres.
Vers la fin de son livre, Paul Krugman dresse un portrait des mesures nécessaires pour combattre cette inégalité, notamment la criante nécessité d’une couverture d’assurance-maladie pour tous.
Avant même l’arrivée d’Obama, l’auteur analysait les facteurs laissant présager une victoire démocrate. Il souligne l’importance pour le parti démocrate de mettre en oeuvre ces mesures le plus rapidement possible, s’il veut s’assurer la fidélité de son électorat.
Ce livre nous apporte de l’espoir. Après des décennies de néolibéralisme qui ont débouché sur les crises alimentaire et financière actuelles, sur le fossé grandissant entre riches et pauvres, on commence à voir poindre l’aube d’une prise de conscience, prérequis pour des jours meilleurs et un monde plus juste.
Françoise Breault
Janvier 2009