Cette fois, malgré la banalisation de la violence et le cynisme criminel de l’establishment, j’apprends que l’opération israélienne dite de "plomb durci" est d’une violence inédite depuis l’occupation des territoires palestiniens par Israël en 1967. J’apprends aussi que les inacceptables tirs de roquette du Hamas ont fourni la pauvre excuse de cette attaque à la veille d’une élection en Israël. Mais surtout, j’apprends que la riposte d’Israël est illégale, démesurée, inhumaine et incendiaire, qu’elle est injustifiable politiquement, militairement et au plan de la loi internationale et qu’elle devient intolérable à l’opinion publique internationale.
Depuis samedi, des bombardements sans précédent sur Gaza ont fait près de 400 morts et au-delà de 1700 blessés, incluant des enfants et de nombreux autres civils. Entre autres, deux sœurs, âgées de 4 et 11 ans, ont été tuées dans un raid qui visait une charrette tirée par un âne à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, selon des sources médicales citées par la presse française. Gaza est la cible d’une offensive aérienne depuis quatre jours et une offensive terrestre est désormais en préparation, selon les médias.
Que faudrait-il donc de plus pour que cela cesse, se demandent avec horreur les lectrices, téléspectateurs, auditrices et internautes du monde entier ? L’immobilisme de la communauté internationale devient gênant pour nous, citoyens et citoyennes du monde, car les incessantes déclarations sans effets de nos dirigeants ressemblent maintenant à de la complicité de notre part.
De nombreux appels à la fin de la violence, à l’adoption de mesures immédiates pour normaliser la vie à Gaza et pour réamorcer un dialogue vers une paix réelle et durable sont lancés de toutes parts. Seront-ils suffisants pour amorcer un effort diplomatique sans précédent, ou seront-ils une fois plus l’occasion de ressasser les mêmes déclarations creuses et édentées ?
Le public et les éditorialistes du Québec et du Canada parviendront-ils enfin à secouer les partis politiques qui nous gouvernent pour qu’ils sortent de leurs crises existentielles et se hissent à hauteur des véritables crises humanitaires qui frappent notre communauté humaine, à Gaza, au Congo ou ailleurs ? De toute ma vie je n’ai guère vu action militaire plus éhontée, et j’ai honte de l’immobilisme de mes dirigeants.
Pourtant, l’élection de Barack Obama nous avait donné espoir que la politique politicienne puisse commencer à changer. Alors qu’un nouveau Président s’apprête à entrer en fonction à Washington, il est encore temps de profiter de cette occasion pour désamorcer les cynismes de tous côtés et pour s’y prendre autrement. À l’aube d’un nouveau Forum social mondial qui se tiendra bientôt au Brésil, il est aussi possible de démontrer que les mouvements citoyens s’exprimant pacifiquement peuvent être entendus par les gouvernements. Il n’en tient qu’à nous tous pour que l’année 2009 signale une amorce de changement vers une citoyenneté agissante et une gouvernance responsable de ses actes. Et de ses non-actes.
De concert avec des centaines de milliers d’hommes et de femmes à travers le monde, sans autre pouvoir que de faire entendre notre voix, je lance un appel au gouvernement du Québec, au gouvernement canadien, au Conseil de sécurité de l’ONU, à l’Union européenne, à la Ligue arabe et aux États-Unis d’Amérique pour qu’ils agissent immédiatement afin d’instaurer un cessez-le-feu complet dans la Bande de Gaza, de protéger les civils de tous les côtés et de répondre à la crise humanitaire croissante. Seules une action et une supervision internationales très fermes permettront de mettre fin à l’escalade de la violence, de ré-ouvrir en toute sécurité les points de passages de Gaza et de réaliser de véritables progrès vers plus de paix en 2009. Nos dirigeants feront-ils leur boulot cette année ?