Ce n’est pas la première fois que M. Couillard se présente comme un allié des défenseurs du climat. Cette année marque une sorte de tournant dans le discours politique du chef libéral avec des communications répétées soulignant sa détermination à vaincre la crise climatique. Ce qui lui a valu d’être choisi « personnalité marquante de l’année pour le développement durable au Canada en 2016 » par l’organisation Clean 50. [2]
Les Québécois et Québécoises auraient raison de se réjouir si les faits ne démontraient que ses déclarations ne sont que des énoncés de bonnes intentions pendant que le business as usual se poursuit sur le terrain. Les exemples sont archiconnus : l’accueil favorable du gouvernement libéral au pétrole et au gaz de l’Ouest avec les projets de pipeline Enbridge 9B et Énergie Est, le transport pétrolier intensif par train avec Chaleur Terminal, les projets d’usines de liquéfaction de gaz, en plus des développements gaziers et pétroliers sur son propre territoire. Tous ces projets liés aux hydrocarbures sont incompatibles avec une politique sérieuse de réduction des GES.
Le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection, promulgué en juillet 2014 [3], et les études environnementales stratégiques (ÉES) sur les hydrocarbures [4] sont deux exemples emblématiques du double langage et du laxisme du gouvernement québécois en matière de lutte au réchauffement climatique et développement durable. Le Règlement sur le prélèvement des eaux offre le droit de polluer les eaux souterraines aux compagnies qui désirent venir pratiquer la fracturation hydraulique au Québec. Avec des normes permissives comme nulle part ailleurs, le gouvernement démontre qu’il n’a aucune intention de protéger vraiment l’eau ni de freiner l’exploitation du gaz de schiste, pourtant reconnue dommageable pour la santé et plus polluante que le charbon [5]. Les ÉES montrent que le gouvernement poursuit une logique aveugle de développement des hydrocarbures au Québec malgré l’avis des scientifiques qui proclament que si on veut lutter efficacement contre les GES et le réchauffement climatique, 85% des réserves connues d’hydrocarbures au pays doivent rester dans le sol [6].
M. Couillard a bien compris qu’il est payant politiquement d’adopter un discours qui plaît, peu importent les actions qui s’ensuivent. Mais même si le vernis est épais, il est impossible de s’y tromper : la politique du Parti libéral est bien dans l’esprit de la médiocratie que décrit le philosophe Alain Deneault [7]. En se faisant le champion de l’exploitation bien faite et du développement durable, le gouvernement de Philippe Couillard ne fait qu’administrer la pilule lénifiante qui permettra ensuite d’amputer la population d’une partie de son territoire et de ses ressources vitales. C’est manipuler l’opinion pour mieux masquer son incompétence. C’est mettre de l’avant des projets qui vont à l’encontre du bien commun et de l’instauration d’une véritable transition énergétique.
Louise Morand
Comité vigilance hydrocarbures de l’Assomption
18 octobre 2015