Édition du 12 novembre 2024

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Québec

Martine Ouellet, en campagne électorale pour Climat Québec dans Jean-Talon

Martine Ouellet a accordé une entrevue à Presse-toi à gauche dans le cadre de sa campagne électorale dans la circonscription de Jean-Talon. Elle nous a fait part de sa vision du Québec d’aujourd’hui et des perspectives qu’elle propose.

18 septembre 2023 | Entrevue réalisée par André Frappier

Créé en 2021, Climat Québec a tout de même réussi à présenter 54 candidatures aux élections générales de 2022. Martine Ouellet ne s’inquiète pas du faible taux de vote obtenu, puisqu’il s’agissait d’un jeune parti peu connu. Le peu, voire la quasi-inexistence, de couverture médiatique qu’elle a obtenu l’inquiète toutefois fortement et elle considère que notre système de presse ne favorise pas la démocratie en choisissant à la place de l’électeur les partis qui seront couverts et ceux qui seront exclus de la couverture médiatique.

Elle explique que depuis ce temps, Climat Québec s’est concentré sur le travail terrain, donnant pour exemple la victoire de Climat Québec et des citoyens concernant la pollution environnementale de la compagnie Stablex. Comme elle l’affirmait dans une lettre au Devoir le 21 juin dernier : "Il n’y a que l’argent qui semble être au rendez-vous pour Stablex, avec des importations de 50 % et plus des déchets toxiques provenant des États-Unis et de l’Ontario. Un commerce très lucratif pour l’américaine Republic Services, dont les revenus sont de l’ordre de 12 milliards de $ par année. " Climat Québec a ainsi participé avec les citoyens et citoyennes aux audiences du BAPE qui ont demandé à plusieurs reprises au président du BAPE, monsieur Zayed, d’utiliser son pouvoir d’enquête pour faire la lumière sur le procédé. Climat Québec et les citoyens ont également participé à plusieurs Conseils municipaux de Blainville et ainsi convaincu la mairesse, initialement pro-Stablex, à résilier l’entente concernant la vente d’un terrain permettant le projet.

En ce qui concerne la crise climatique, elle considère qu’il faut s’adresser en premier aux plus gros morceaux, ceux qui auront le plus d’impact. Le gaz naturel de la compagnie Energir, qui a modifié son nom pour enlever la référence au gaz, compte pour une partie très importante d’émission de GES qui contribue au réchauffement climatique étant du gaz issus de la fracturation hydraulique. "Il faut changer les méthodes de chaufferie au gaz pour l’électricité ou la géothermie là où c’est possible avec une aide financière gouvernementale facile d’accès. On aura déjà fait un grand bout avec ça. Idem pour le pétrole utilisé pour la chauffe. C’est 40% des GES qui proviennent des secteurs industriels, commerciaux et résidentiels principalement lié aux combustible fossile que sont le gaz et le pétrole. Alors est-ce qu’on peut commencer par le le morceau le plus facile à aller chercher ?"

"Ensuite il y a le transport responsable de près de 45% des émission de GES. Il faut arrêter de culpabiliser ceux qui utilisent l’automobile, quand il n’y a pas de transport en commun efficace et abordable. Climat Québec n’est pas là du tout. Pour nous, c’est l’État qui doit donner l’exemple. Il faut commencer par mettre le transport en commun gratuit et améliorer grandement la fréquence et la desserte. Gratuit, souvent les gens sont surpris, pourtant, les routes sont gratuites et les personnes qui n’ont pas d’auto payent quand-même pour les routes. À un certain moment on a fait le choix de société de rendre les routes gratuites, maintenant on est rendu à un autre choix celui de rendre le transport collectif gratuit. Martine Ouellet explique que Climat Québec offrira le transport en commun local et régional gratuitement pour réduire les émissions de GES et l’utilisation de l’automobile, cela réduira de beaucoup l’utilisation de l’automobile et aura un impact important sur la réduction de notre empreinte carbone. Le transport ferroviaire est également une option importante mais il faudra en avoir le contrôle puisque c’est de juridiction fédérale."

Quant à la question de nationaliser le système de transport régional, elle n’exclue pas la possibilité mais considère commencer par essayer d’améliorer la concurrence, qui n’est pas vraiment existante si on considère le monopole de Keolis. "On peut aussi envisager des collaborations avec les municipalités. Le transport collectif interurbain doit être à faible coût, il faut envisager que ce soit subventionné si nécessaire."

En ce qui concerne l’indépendance Martine Ouellet affirme que la démarche de Climat Québec se démarque grandement de celle de Québec solidaire. Pour Climat Québec c’est une élection décisionnelle. Climat Québec n’a pas de programme de province mais uniquement un programme de pays. Selon le programme "Une Constitution transitoire de la République du Québec sera adoptée dès l’élection d’une majorité de députés et députées indépendantistes. Cette Constitution transitoire constituera la déclaration d’indépendance du Québec. Elle incarnera le point de départ de la création de notre nouveau pays. Cette Constitution transitoire aura été rendue publique et elle fera partie des engagements électoraux de Climat Québec. "

" La Constitution permanente sera préparée par une Assemblée constituante qui fera le tour de toutes les régions du Québec pour consulter la population sur ses différents éléments constitutifs. Elle sera soumise au peuple à travers un référendum, afin de doter la République du Québec de sa première Constitution permanente. "

Pour elle, le référendum pré-indépendance c’est fini, c’est un cadeau à nos adversaires. "Ce serait leur donner, encore une fois le temps, du temps supplémentaire pour nous tomber dessus." Elle affirme avoir perdu ses illusions sur l’utilité du référendum pré-indépendance lors de son d’une mission d’observation pour le référendum en Catalogne en 2017. " J’avais l’illusion que le fait de faire une démarche supplémentaire de consultation du peuple aiderait à nous ouvrir les portes de la reconnaissance internationale, et bien ça ne marche pas comme ça. À Barcelone en particulier, malgré leur comportement super démocratique et pacifiste les électeurs se faisaient taper dessus par la police de Madrid et aucune reconnaissance internationale n’a suivi. J’ai donc compris que la reconnaissance internationale a seulement à voir avec la géopolitique. Il faut apprendre de nos erreurs et se donner les moyens de réussir ".

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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