Le 23 février dernier, environ 47 000 étudiants et étudiantes étaient en grève générale illimitée, mouvement entrepris sur les campus universitaires et collégiaux du Québec. 25 000 personnes de plus se sont ajoutées au décompte dans le cadre d’une grève d’une journée, pour un total de 62 000 étudiants et étudiantes. Ce jour-là, environ 15 000 manifestants et manifestantes se sont fait voir et entendre dans les rues de Montréal pour contester la hausse des frais de scolarité prévue par le gouvernement. Étudiantes, étudiants, travailleurs, travailleuses et groupes communautaires étaient présents à l’occasion de cette première manifestation nationale depuis le déclenchement de la grève générale illimitée.
Les manifestants et les manifestantes se sont réuni-e-s vers 13h au Carré Philips, au centre-ville de Montréal. Ils et elles ont amorcé leur marche vers 14h en empruntant les rues Sainte-Catherine, René-Lévesque, Saint-Laurent, Sherbrooke, Saint- Denis, Cherrier et Berri. La marche s’est déroulée dans une ambiance survoltée, conjuguant des sentiments de colère et de fête, tandis que les pas se sont arrimés au rythme des slogans et des tambours.
Au cours de la marche, Jeanne Reynolds, co-porte-parole de la CLASSE, a rappelé que l’accessibilité à l’éducation est un enjeu qui dépasse la contestation étudiante particulariste : « Aujourd’hui, des centaines de citoyens et de citoyennes sont avec nous dans les rues pour faire comprendre au gouvernement Charest que l’augmentation des frais de scolarité est une attaque non seulement aux étudiants et aux étudiantes, mais à l’ensemble de la population. »
Denis Létourneux, de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), et Marie Blais, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), ont, quant à eux, réitéré leur appui à la cause étudiante ainsi que leurs revendications en faveur de la gratuité scolaire, de la maternelle jusqu’à l’université. Ils ont également assuré que les professeurs et les professeures respecteraient les votes de grève et ne traverseraient pas les lignes de piquetage étudiantes, contrairement à la demande de la ministre de l’Éducation.
La manifestation officielle s’est terminée vers 16h aux abords de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), après quoi les participants et les participantes ne provenant pas de la région métropolitaine sont reparti-e-s en autobus. Quelques centaines de manifestantes et de manifestants ont poursuivi leur marche vers l’est de l’ile. La manifestation s’est ensuite scindée en deux contingents : l’un s’est dirigé vers les bureaux du ministère de l’Éducation (MELS), rue Fullum, et l’autre s’est rendu jusqu’à l’entrée du pont Jacques-Cartier.
Malgré une tentative de la police de détourner de leur destination ceux et celles qui marchaient vers le pont, les manifestants et les manifestantes ont réussi à bloquer l’entrée du pont en pleine heure de pointe pendant une vingtaine de minutes. La Société du pont Jacques- Cartier a décidé de fermer l’entrée du pont du côté de Longueuil, empêchant littéralement les voitures d’utiliser les deux directions. Les manifestants et les manifestantes étaient regroupé-e-s pacifiquement au milieu des voies d’accès et de sortie ainsi que sur le terreplein à proximité, tandis que les agents de la Sûreté du Québec (SQ) et du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) devenaient de plus en plus nombreux.
La tension était palpable, la résistance et l’insécurité des étudiants et des étudiantes également. L’escouade antiémeute a par la suite été dépêchée pour repousser les contestataires à coup de matraque et de jets de poivre. Le pont a été fermé pendant 45 minutes, ce qui a eu pour effet d’entraver la fluidité de la circulation routière pour toute la soirée et de provoquer la congestion des ponts et artères de la ville.
Après cette altercation, les manifestants et les manifestantes ont poursuivi leur marche pour rejoindre l’autre groupe, qui revenait des bureaux du MELS. Ils et elles ont déambulé entre les voitures, à sens inverse du trafic, sur la rue Sainte-Catherine. Bien que dérangé-e-s par la marche, certains et certaines automobilistes ont souligné leur appui aux étudiants et aux étudiantes par des coups de Klaxon et des déclarations telles que : « Ne lâchez pas ! »
La manifestation spontanée s’est terminée sur le boulevard René-Lévesque. De retour au métro Berri-UQAM, les participants et les participantes ont été repoussé-e-s sur le trottoir de la rue Sainte-Catherine par les forces de l’ordre. L’évènement s’est terminé dans la fête, la musique et la danse. Les manifestants et les manifestantes se sont rassemblé-e-s autour de percussionnistes pour mettre un terme à cette marche haute en émotions et en couleurs.