Le FRAPRU s’inquiète des conséquences de la fin du financement que le gouvernement fédéral verse depuis des décennies à des habitations à loyer modique (HLM), à des coopératives d’habitation et à des organismes à but non lucratif en habitation (OSBL). À l’échelle canadienne, 73 000 logements sociaux verront leurs subventions fédérales se terminer d’ici 2016, alors que tous les autres subiront le même sort au cours des années suivantes.
Le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, considère que la fin des subventions compromettra l’accessibilité financière des logements concernés : « Les ménages à faible revenu qui habitent présentement ces logements risquent tous que leur loyer soit augmenté. Dans le cas des logements coopératifs et sans but lucratif relevant directement de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), la hausse sera salée, puisque des locataires pourraient payer deux ou trois fois plus cher pour leur loyer. Les dommages ne s’arrêteront cependant pas là, puisque la perte d’accessibilité des logements sociaux existants affectera aussi les personnes et les familles mal-logées ou sans-abri qui pourraient y avoir accès dans l’avenir ».
Le FRAPRU est également préoccupé par la qualité de ce parc de logements sociaux vieillissant. La SCHL n’a pas encore confirmé au gouvernement du Québec si elle continuera d’investir à la hauteur souhaitée dans la rénovation, l’amélioration et la modernisation des HLM pour au moins s’assurer que ce parc de logements sera remis en bon état, au moment de la fin des subventions fédérales. Quant aux coopératives et aux OSBL d’habitation, les organismes ne peuvent compter que sur leurs propres ressources pour rénover les logements, le gouvernement n’ayant accepté de le faire que durant deux ans, en 2009 et 2010, à la faveur du plan de relance de l’économie du gouvernement Harper.
Enfin, le FRAPRU craint que la fin des subventions fédérales ouvre la voie à la privatisation d’au moins une partie des logements sociaux.
L’organisme entend continuer la lutte jusqu’à ce que le gouvernement Harper accepte de poursuivre le financement accordé aux logements sociaux existants. François Saillant estime qu’il en va du respect du droit au logement auquel le Canada s’est engagé en adhérant au Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels : « À terme, c’est 1,7 milliard $ qu’Ottawa économisera chaque année, en ne finançant plus ces logements. Cette somme représente plus de 80 % de tout ce qu’il investit actuellement en habitation. Or, les investissements dans le logement sont déjà neuf fois moins importants que les 20 milliards $ que le gouvernement consacre à ses dépenses militaires. Cet écart est déjà scandaleux. Il ne faut pas laisser Stephen Harper l’élargir encore davantage ».