La COP20 a écarté de l’ordre du jour des questions fondamentales. Par conséquent, les organisations autochtones et non gouvernementales du monde entier ont convoqué un Sommet des peuples qui se déroulera parallèlement à la rencontre officielle et qui abordera les questions clés telles la crise de la civilisation et des modes de vie alternatifs, la souveraineté et la transition énergétique, l’agriculture et la souveraineté alimentaire et la gestion durable des terres.
Il faut se rappeler que les États-Unis ont boycotté le Protocole de Kyoto de 1997, qui a déclaré que les pays industrialisés devaient réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour atteindre en 2012 un niveau inférieur de 5% par rapport à 1990. La Chine, le pays le plus pollueur du monde, est également hostile à toute réglementation. Et en 2012, la situation, loin de se s’améliorer, s’était considérablement aggravée.
Depuis le début du XXe siècle, la température globale de l’air, de la mer et de la terre a augmenté d’environ 0,8 °C et les deux tiers de cette augmentation se sont produits depuis 1980. Chacune des trois dernières décennies a été plus chaude que n’importe quelle décennie précédente depuis 1850, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, pour son sigle en anglais).
Les projections des modèles climatiques indiquent que la température de la surface du globe augmentera probablement encore de 0,3 °C au cours du XXIe siècle si des seuils de réduction stricts sont approuvés, et de 2,6 °C si des mesures drastiques ne sont pas prises. Les conséquences de l’inaction seront une élévation du niveau de la mer qui fera disparaître des pays entiers, une grave désertification de vastes territoires qui incluent le bassin de l’Amazone, le recul continu des glaciers, des vagues de chaleur, des sécheresses et des pluies torrentielles ; l’acidification des océans et l’aggravation de l’extinction d’espèces en raison des changements de température. Les Andes péruviennes ont perdu au moins 22% de leur couvert de glace depuis 1970 et le processus s’accélère. Cela affecte en particulier l’approvisionnement en eau. La superficie des glaciers du pays a été réduite de 2 041 km2 à 1595 km2, ce qui a causé une perte d’eau de 7000 millions de mètres cubes, soit la consommation de Lima en 10 ans. (HTTP ://bit.ly/1tvFAeC).
Ces conclusions sont fortement déniées par les grandes entreprises qui font des profits en s’en prenant à l’environnement et par les gouvernements à leur service. Les grandes compagnies pétrolières financent de puissants think tanks qui relativisent la gravité de la menace, cherchant à retarder toute prise de décision sur les questions qui menacent la viabilité de la vie sur Terre, prétendant que ces changements sont les produits de cycles naturels qui se produisent sur notre planète, etc. Mais selon les preuves scientifiques accumulées, il ne s’est jamais produit tant de changements à cette la vitesse et avec l’intensité auxquels ils se produisent maintenant.
Le GIEC, suite à l’évaluation de la littérature scientifique pertinente, a affirmé en 2007 que les scientifiques étaient à plus de 90% certain que la plus grande part du réchauffement de la planète est d’origine anthropique, c’est-à-dire produite par les activités humaines, en particulier par des concentrations de gaz à effet de serre rejetés dans l’atmosphère. En 2010, les sociétés de scientifiques de différents pays industrialisés ont souscrit à cette conclusion et ont blâmé l’activité humaine pour le réchauffement de l’atmosphère et des océans, les changements dans le cycle global de l’eau, la réduction de la neige et de la glace, l’élévation du niveau moyen de la mer et des changements climatiques extrêmes. En 2014 les scientifiques disent qu’il est très probable (de 95 à 100%) que l’influence humaine a été la principale cause du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle (GIEC, « Changement climatique 2013 : The Physical Science Basis - Résumé pour les décideurs , les changements observés dans le système climatique ").
Compte tenu de notre mégadiversité, nous sommes l’un des pays qui seront touchés si des mesures drastiques ne sont pas prises. Ce ne est pas un problème qui ne nous conceorne pas. En revanche, il nous touchera de plein fouet qu’on le veuille ou non.
* Nelson Manrique Gálvez est né à Huancayo en décembre 1947. Il est un historien et sociologue. Il a obtenu une maîtrise à l’Université catholique du Pérou, et un doctorat en histoire et civilisations à l’École des Hautes Études en Sciences sociales à Paris.