Tiré de Entre les lignes et les mots
Pendant les ans passé.e.s, en particulier ces derniers mois, les politiques économiques du gouvernement iranien ont créé une pauvreté et une misère généralisées pour la grande majorité de la population, en particulier pour les travailleurs/euses. Cette situation a créé une large division de classe, réduisant les moyens de subsistance du plus grand nombre et a finalement conduit à des protestations publiques. Il est regrettable qu’au lieu de répondre de manière appropriée et de résoudre les problèmes, le gouvernement ait réagi brutalement face à ces protestations légales : sa seule réponse n’a été qu’une répression généralisée. L’un des divers aspects de cette répression est l’attaque physique et l’arrestation de syndicalistes, et d’autres personnes.
Récemment, un « pseudo-rapport » a été présenté à la radio et à la télévision d’État (Radiodiffusion de la République islamique d’Iran) contre des enseignant.e.s et des syndicalistes bien connu.e.s qui sont les représentant.e.s légaux/légales et respecté.e.s de leurs secteurs. Dans ce « pseudo-rapport », une tentative désespérée et sans fondement a été faite afin d’accuser des syndicalistes d’Iran de collaborer avec des « espion.ne.s » de l’étranger. La publication de ce complot ourdi par le gouvernement contre des syndicalistes a immédiatement suscité une vague de protestations et de dégoût dans le pays.
Nous demandons aux délégué.e.s à la 110e session de la Conférence internationale du Travail de condamner la violation croissante par le gouvernement iranien de tous les droits des enseignant.e.s et des travailleurs/euses, et en particulier la violation du droit d’association et de manifester pacifiquement. Il s’agit d’une question urgente car depuis le 1er mai, un certain nombre de syndicalistes ont été arrêté.e.s , interrogé.e.s et inculpé.e.s d’accusations à l’encontre de sécurité nationale. Ces accusations complètement fausses et sans fondement sont fabriquées uniquement dans le but de réprimer le mouvement syndical indépendant ainsi que les protestations légitimes des travailleurs/euses et opprimé.e.s. Ces violations des droits fondamentaux des salarié.e.s ont lieu alors que le gouvernement iranien fait partie du Conseil d’administration du Bureau International du Travail.
De nombreux membres des associations professionnelles d’enseignant.e.s, du syndicat des travailleurs des bus de Téhéran et d’autres organisations syndicales indépendantes, ainsi que des manifestant.e.s, ont été persécuté.e.s, arrêté.e.s et incarcéré.e.s pour avoir participé à des activités syndicales. Nous appelons les délégué.e.s à condamner la répression du gouvernement iranien contre les syndicats indépendants et leurs membres.
Nous demandons aux délégué.e.s de transmettre leur dénonciation de ces mesures répressives aux délégué.e.s envoyé.e.s par le gouvernement iranien, et d’exiger de ce dernier, qu’il prenne toutes les mesures nécessaires pour la libération immédiate et inconditionnelle de tous les enseignant.e.s et autres syndicalistes.
Il faut souligner que, malheureusement, les syndicats indépendants iraniens n’ont pas de représentants à la Conférence internationale du travail : les « syndicalistes » d’Iran y participant sont parrainé.e.es par le gouvernement et non par les travailleurs/euses.
Le gouvernement iranien doit libérer immédiatement et sans condition tous les enseignant.e.s et syndicalistes emprisonné.e.s arrêté.e.s depuis le 1er mai 2022, et notamment Rasoul Bodaghi, Eskandar Lofi, Reza Shahabi, Jafar Ebrahimi, Hassan Saeidi, Anisha Asadollahi, Reyhaneh Ansarinejad, Mohammad Habibi, Keyvan Mohtadi, Shaban Mohammadi, Masoud Nikkhah, Reza Amanifar, Hadi Sadeghzadeh, Mohammad Alishvandi, Asghar_Amirzadegan, Mehrdad Yaghmaei, Afshin Razmjoo, Gholamreza Gholamikandazi, Hamid Abbasi, Abdolrazaq Amiri, Mohammad Ali Zahmatkesh, Mohsen Bahrami, Morteza Mohammadi, ainsi que bien d’autres.
Nous exigeons également avec force qu’il soit mis fin à la détention et au harcèlement continus d’autres syndicalistes emprisonné.e.s, et notamment :
l’enseignant emprisonné Esmail Abdi, qui purge actuellement une nouvelle peine de 10 ans de prison après avoir purgé une peine de six ans, qui a été inculpé en 2010,
Hashem Khastar, qui est en prison depuis de nombreuses années. Malgré sa maladie et son âge avancé, il ne bénéficie même pas d’un congé de maladie.
En outre, les peines et charges retenues contre les enseignantes incarcérées pour avoir protesté contre les politiques éducatives du gouvernement, doivent être annulée. Nous demandons la libération immédiate de : Zeinab Hamrang, Alieh Aghdamdoost, Haleh Safarzadeh, Nahid Fath’alian, Nosrat Beheshti, Masoumeh Askari et Mojgan Bagheri.
Nous, les signataires de cette lettre, demandons également spécifiquement aux délégations du monde du travail participant à la Conférence internationale du travail de demander l’inscription à l’ordre du jour des points urgents suivants :
L’abandon inconditionnel et immédiat de toutes les charges retenues contre les syndicalistes emprisonné.e.s et la libération de l’ensemble des détenu.e.s.
Obliger le gouvernement iranien à respecter les droits de tous les travailleurs/euses, y compris les enseignant.e.s, à s’organiser, ainsi qu’aux libertés d’association et d’expression, y compris le droit de rassemblement pacifique, sans crainte d’intervention de forces de sécurités.
Envisager d’envoyer une délégation internationale en Iran sous la coordination du Groupe de travail de l’Organisation Internationale du Travail et des fédérations syndicales mondiales pour examiner les conditions de travail en Iran, rencontrer des syndicats indépendants et de rendre visite à des syndicalistes emprisonnés et leurs familles.
Renvoyer du conseil d’administration de l’OIT les représentants du gouvernement iranien.
Ne pas soutenir leur réélection au sein de ce conseil en raison de la violation continue des conventions internationales du travail et l’irresponsabilité de la répression continue des syndicats et syndicalistes en Iran.
Conseil de coordination des associations professionnelles d’enseignant.e.s d’Iran
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