Édition du 17 décembre 2024

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Québec

Commission populaire sur la répression politique

Les syndicats aussi dans la mire

Dénonçant le manque de transparence de la Commission spéciale d’examen des événements du printemps 2012, instituée par le gouvernement Marois en mai 2013, des citoyennes et des citoyens décident, en septembre 2013, de mettre sur pied une Commission populaire sur la répression politique. Le conseil central a été invité à y soumettre un mémoire en janvier dernier dont nous traçons ici les grandes lignes.

(tiré du journal, Unité, mars 2015, du CCMM-CSN)

De tout temps, les organisations syndicales ont dû faire face à la répression. « Les obstacles à faire valoir les revendications des travailleuses et des travailleurs, et la répression ont façonné l’histoire des luttes ouvrières », explique Manon Perron, secrétaire générale du conseil central. Elle évoque la grève générale du 1er mai 1886 à Chicago où on revendiquait la journée de 8 heures de travail.

Le mouvement initié par les syndicats américains avait alors été violemment réprimé. Résultat : un mort, des dizaines de blessés, l’arrestation de leaders syndicaux et d’anarchistes, dont quatre condamnés à la pendaison en 1887. « Cette page de l’histoire du mouvement ouvrier nord-américain a marqué l’imaginaire », insiste madame Perron. Au Québec aussi, le mouvement ouvrier a subi la répression ; la grève d’Asbestos de 1949 est l’un des épisodes historiques les plus significatifs alors que des milliers de grévistes avaient été séquestrés et brutalisés par la police, mais d’autres événements, plus récents ceux-là, démontrent également que les syndicats doivent composer avec la répression. Depuis 1950, quelque 90 lois spéciales ont été adoptées par les gouvernements fédéral et provincial, dont une cinquantaine par le gouvernement québécois. Au Québec, 34 lois spéciales niant les droits syndicaux ont été adoptées au cours des années 1970 et 1980. « Lucien Bouchard a choisi d’appliquer à onze reprises une solution autoritaire en situation de conflit de travail, et ce, en seulement cinq ans d’exercice du pouvoir ! » rappelle la syndicaliste.

Et aujourd’hui…

Depuis 1999, les lois spéciales adoptées par les gouvernements se font de plus en plus répressives : on vise maintenant à limiter l’action politique et l’influence des organisations syndicales, que ce soit en imposant des décrets qui ferment la porte à la négociation, en brimant les manifestations ou en s’attaquant aux structures syndicales.Tant au privé qu’au public, la négociation de conventions collectives et l’exercice du rapport de forces pour influencer la partie patronale sont de plus en plus ardus. Les législations visant à « civiliser » les conflits de travail comme les mesures anti briseurs de grève nécessiteraient une modernisation pour continuer à jouer leur rôle. Les technologies de l’information et le recours à la sous-traitance font en sorte qu’un employeur peut maintenir ses opérations lors d’un conflit. Parmi les exemples éloquents, il y a celui du lockout au Journal de Montréal en 2009, durant lequel Québecor a profité de la désuétude de la loi anti-briseurs de grève pour appliquer son plan antisyndical.

« L’État n’impose presque jamais de règlementation aux entreprises pour ce qui est de la protection de l’emploi, d’une vie décente et d’un environnement sain. À quand des lois contraignantes sur les délocalisations, les licenciements collectifs, les fermetures d’entreprises, la pollution industrielle ? », questionne avec justesse la porte parole syndicale.

Pour accéder au mémoire : Emmanuelle Proulx Conseillère syndicale

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