« M. Barrette, la santé ce n’est pas deux colonnes de chiffres. Les généralistes veulent du changement pour améliorer l’accès aux services, mais votre projet de loi les démobilise par son autoritarisme, sa vision quantitative de la santé et son absence totale de compréhension de la complexité et de la variété des pratiques médicales », a d’entrée indiqué fait savoir le Dr Amir Khadir qui participera à la commission parlementaire sur le projet de loi.
Au cours des consultations, le ministre de la Santé devra faire preuve d’ouverture et écouter davantage les acteurs concernés et tenir un véritable débat de société au lieu d’imposer ses vues comme il l’a fait avec le récent projet de loi 10. « La majorité des groupes entendus en consultation viendront dire tout ce qui ne marche pas dans la mesure gouvernementale : ils le font déjà depuis des semaines. Personne dans le réseau n’appuie le projet de loi du ministre, la part des patients tout autant que des soignant.es - qu’il s’agisse d’omnipraticiens, de spécialistes, d’infirmière ou d’autres professions de la santé », prévient le Dr Khadir.
S’il faut ajuster et réaligner le mode de rémunération des médecins, Amir Khadir estime qu’il faut le faire pour tous les médecins, spécialistes comme omnipraticiens. « Il faut un meilleur équilibre entre spécialistes et omnipraticiens en fonction des besoins de la population et non du lobby de certaines catégories de pratique. Il faut revoir la rémunération à l’acte qui occupe trop de place dans le système et nuit à la prise en charge des patients. Mais aussi importante soit-elle, la rémunération des médecins n’est qu’une pièce du puzzle à résoudre. On ne peut résoudre le problème d’accès aux médecins par une seule solution ! À problèmes multiples, solutions multiples. »
Des solutions existent
Au lieu d’imposer des pénalités aux médecins qui ne verraient pas un quota prédéfini de patients dans une année, le député de Québec solidaire veut mettre de l’avant lors de la commission parlementaire un ensemble de solutions aux problèmes d’accès aux soins de santé et aux services sociaux, sans complaisance, mais mobilisatrices et équitables envers les divers intervenants médicaux.
« Ces solutions existent. Déjà l’automne dernier, bon nombre d’entre elles ont fait consensus entre des médecins, des gestionnaires et des travailleurs et travailleuses du réseau public de la santé. Pourquoi ne pas s’en inspirer pour apporter des correctifs qui suscitent l’adhésion et l’enthousiasme nécessaires pour avoir une chance réelle de changer les pratiques et améliorer l’accessibilité aux médecins », poursuit le député médecin.
Les propositions concrètes et précises que Québec solidaire entend mettre de l’avant au cours de la commission parlementaire s’inspirent des suggestions du Commissaire à la santé et au bien-être au sujet de l’amélioration de services de première ligne et qui devrait alimenter le débat alentour du retrait du PL20 et son remplacement par un projet de loi plus inspiré et mobilisateur :
– Favoriser la pratique médicale de groupe ainsi que l’interdisciplinarité dans la pratique en première ligne
– Soutenir l’implantation du dossier médical informatisé et du dossier de santé partageable
– Explorer de nouvelles modalités de prestation de soins et agir sur les pratiques cliniques
– Favoriser les pratiques d’autosoins et soutenir la contribution des proches aidants
– Agir sur la planification et la gestion des activités cliniques
– Revoir les responsabilités cliniques des médecins de première et de seconde ligne
– Mettre au point des mécanismes de gouverne clinique en première ligne de soins
– Implanter des mécanismes d’appréciation et d’amélioration continue de la performance clinique
– Agir sur le financement des soins
– Réaligner le mode de rémunération des médecins
« Le ministre Barrette s’attirerait les honneurs de tous et l’admiration des intervenants de la santé en retirant le projet de loi 20 pour corriger le tir et réformer convenablement les pratiques pour améliorer l’accessibilité. J’ose espérer que les consultations qui débutent aujourd’hui nous ramèneront sur la voie d’un débat constructif en commission parlementaire pour préparer le terrain à un nouveau projet de loi susceptible de rallier et de réussir. La balle est dans le camp du ministre, qui sera le nôtre s’il est ouvert au débat », conclut-il.