Joignant la lutte pour la défense du terrain vague menée depuis 7 ans par le mouvement populaire Mobilisation 6600, les Soulèvements du fleuve contrecarrent la violence et l’arrogance hallucinante avec laquelle Ray-Mont Logistiques s’approprie depuis 7 ans les espaces vivants d’Hochelaga-Maisonneuve, abattant les arbres, asphaltant des millions de pied carré de territoire, construisant des rails, amenant des milliers de camions à sillonner les rues, et accélérant le transport de marchandises par bateau sur le fleuve St-Laurent. À coup de poursuites contre la Ville de Montréal et le ministère de l’Environnement du Québec, RML spolie le droit des communautés à vivre en santé et à définir leurs milieux de vie, en négociant à huit-clos l’aménagement de nouvelles autoroutes à conteneurs et la réduction de la réglementation sur le bruit.
Contre Ray-Mont Logistiques et contre le Projet St-Laurent
Le projet de Ray-Mont Logistiques vise à construire la plus grande plateforme de transbordement de marchandises céréalières en Amérique du Nord à une centaine de mètres de logements sociaux, CHSLD, et des plus beaux boisés du quartier. Ce projet de plateforme logistique cadre dans la dernière lubie du gouvernement du Québec : le Projet St-Laurent. Véritable programme de reconfiguration de l’économie, ce projet vise à transformer les basses-terres du Saint-Laurent en une sorte de « Silicon Valley » québécoise. Plusieurs initiatives destructrices en témoignent déjà : la méga-usine Northvolt en Montérégie, les projets de pôles industrialo-portuaires sur les terres de Rabaska à Lévis et à Contrecoeur, le projet Innovitam à Québec, l’apparition de la Vallée de la transition énergétique et de ses nombreuses infrastructures, et bien sûr la plateforme intermodale de Ray-Mont Logistiques. Fondées sur une idée de la transition énergétique qui mise sur l’excès et non la sobriété, cette arnaque vise en premier lieu la croissance de l’économie, au détriment de toutes les formes de vie.
Par ailleurs, la course aux minéraux « critiques et stratégiques » comme le lithium, le graphite, le cuivre et le nickel qui alimente la filière batterie signe une nouvelle étape du projet colonial mené par l’État québécois. En dépit de toutes considérations relatives aux souverainetés autochtones, à la santé des populations locales, ou aux bouleversements climatiques, nos gouvernements veulent accélérer l’extraction des minéraux du Nord et faciliter la circulation des marchandises en agrandissant les ports et en creusant le fleuve pour y faire passer des bateaux à encore plus gros tonnage.
Dans Hochelaga, les conteneurs s’empilent déjà par centaines là où le vivant avait repris ses droits, là où s’étendait une friche, là où il faut encore lutter pour conserver un des rares espaces verts dans l’Est de la ville, un refuge pour les habitant.e.s, les renards, les couleuvres, les grenouilles et les monarques. L’artificialisation des berges du Saint-Laurent vers laquelle mène le projet d’agrandissement et de modernisation de tous les ports en eau profonde se conjugue à la privation de tous les autres usages possibles.
Première saison : contre la conteneurisation du fleuve
Dans les dernières décennies, la croissance earénée du commerce international a provoqué une augmentation sans précédent du transport maritime : plus de croissance, plus de marchandises, plus de navires et plus de berges ensevelies sous le béton. L’accès à l’estuaire du Saint-Laurent a été d’abord colonisé puis privatisé, avant d’être ensuite accaparé par les industries et les plus riches sans égard pour les communautés, les faunes et flores riveraines. Outil et symbole de cette mondialisation spoliatrice, la conteneurisation consiste finalement à « enfermer le monde dans des boîtes métalliques » standardisées pour vendre aux plus privilégié.e.s et jeter l’excédent chez les plus exploité.e.s. Le conteneur et sa logistique sont le symbole des crises sociales et écologiques actuelles : c’est donc à cette conteneurisation que nous nous attaquons pour la première saison de nos soulèvements.
Les Soulèvements du fleuve appellent à résister concrètement à la transformation du fleuve en autoroute maritime. Nous refusons que nos lieux de vie soient quadrillés de routes, de rails et de conteneurs. Se rassembler, construire, bloquer et désarmer par amour pour une friche, un champ, une forêt, une rivière ou par solidarité avec une population qui en vit marque les bases d’une résistance à la conteneurisation dufleuve et trace les possibilités d’un autre monde. Nous nous soulevons à la défense du fleuve,de ses berges et du Vivant. Nous sommes le fleuve, défendons-nous !
À propos des Soulèvements du fleuve
Les Soulèvements du Fleuve sont nés de la rencontre de plusieurs luttes locales disséminées sur les territoires avec comme volonté de mettre en branle un mouvement de résistance au développement industriel, colonial et extractiviste. Une réponse à l’appel international des Soulèvements de la Terre à rassembler les forces brutes et à s’en prendre directement à ceux qui exploitent et détruisent le vivant. Nous nous soulevons à la défense du fleuve, de ses berges et du Vivant.
Source : Les soulèvements du fleuve
Informations : https://soulevementsdufleuve.or
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