Nous avons eu la possibilité d’assister à une conférence de presse en webdiffusion ce matin à laquelle assistait la présidente de la CSQ, madame Sonia Éthier et les représentantEs syndicaux suivantEs :
Carolane Desmarais (présidente du Syndicat des professionnelles et professionnels des commissions scolaires de l’Ouest de Montréal (SPPOM)) ;
Larry Imbeault (président de l’Association des employés du Nord québécois (AENQ-CSQ)) ;
et Jean-Claude Major (président du Syndicat des professionnelles et professionnels en milieu scolaire du Nord-Ouest (SPPMSNO-CSQ)).
Il se dégage de ce point de presse que la négociation sectorielle, pour ces trois groupes, avance à pas de tortue. Chacun a eu l’équivalent de 25 séances de négociation et il n’y a encore rien de signer, donc aucune véritable avancée concrète dans ce qui s’annonçait au départ comme un sprint de négociation et qui ressemble de plus en plus à une course à obstacles multiples et surtout interminable. La « négociation » ressemble à des palabres infructueux ou du sur-place répétitif et permanent. Ajoutons que le visage des représentantEs syndicaux n’avait rien de réjouissant. Les mines étaient un peu « déconfites ». C’est principalement en raison de l’absence d’avancée significative avec leur employeur que les syndicats des commissions scolaires Crie et Kativik (affiliés à la CSQ) vont tenir deux journées de grève les 14 et 28 avril prochains.
Il ne nous arrive pas fréquemment d’avoir des nouvelles des salariéEs syndiquées qui oeuvrent dans le Grand Nord. C’est principalement pour cette raison que nous nous permettons de reproduire intégralement leur communiqué de presse :
« Commissions scolaires Crie et Kativik
Des syndicats affiliés à la CSQ prévoient des journées de grève les 14 et 28 avril prochains
Montréal, le 9 avril 2021. – Les syndicats affiliés à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) représentant le personnel enseignant, de soutien et professionnel des commissions scolaires Crie et Kativik annoncent aujourd’hui qu’ils tiendront des journées de grève dans les prochains jours.
Plus précisément, il y aura grève dans les établissements de la Commission scolaire Crie le 14 avril, alors qu’il en sera de même à la Commission scolaire Kativik le 28 avril.
C’est ce qu’ont affirmé, en conférence de presse, les présidences de l’Association des employés du Nord québécois (AENQ-CSQ), Larry Imbeault, du Syndicat des professionnelles et professionnels des commissions scolaires de l’Ouest de Montréal (SPPOM), Carolane Desmarais, et du Syndicat des professionnelles et professionnels en milieu scolaire du Nord-Ouest (SPPMSNO-CSQ), Jean-Claude Major, accompagnés de la présidente de la CSQ, Sonia Ethier.
Une partie patronale sans mandat
Exaspérés par des travaux qui s’étirent, les syndicats représentant les enseignants, le personnel de soutien et le personnel professionnel du Nord québécois sont rendus à exercer leur droit de grève, car les travaux ne vont pas au rythme souhaité aux tables de négociations. « Il est déplorable de constater que les enseignants, les personnels de soutien et professionnel ne sont pas pris au sérieux par la partie patronale, qui n’a clairement pas de mandat pour négocier », de dire la présidente de la CSQ, Sonia Ethier.
Les leaders syndicaux ont donc profité de la conférence de presse pour faire le point sur la négociation en cours et rappeler leurs principales revendications pour améliorer les conditions de travail de leurs membres.
Des besoins criants pour les enseignants et le personnel de soutien
« Les besoins sont criants en éducation dans les communautés du Nord. Les services sont insuffisants. La pénurie d’enseignantes et d’enseignants, et de personnel de soutien y est fortement ressentie. Plus que jamais, on doit avoir des mesures qui les attirent et les retiennent en poste. Si les conditions de vie, d’enseignement et d’apprentissage étaient optimales, on pourrait espérer enfin une amélioration du taux de réussite pour ces élèves », a fait savoir Larry Imbeault, président de l’AENQ-CSQ.
L’AENQ-CSQ demande un important ajout de services aux élèves, l’amélioration des conditions de vie du personnel, de même que des mesures concrètes d’attraction et de rétention pour contrer l’importante pénurie de personnel. Rappelons que, à l’instar des résidents des communautés, le personnel subit les conséquences d’un manque chronique de logements et vit une importante crise d’approvisionnement en eau potable. La situation qui prévaut dans la communauté d’Akulivik pour tous ses résidents en est un exemple.
Grave manque de personnel professionnel à la Commission scolaire Crie
Pour sa part, Jean-Claude Major, président du SPPMSNO-CSQ, qui représente les professionnelles et professionnels de la Commission scolaire Crie, estime que « le manque de ressources et les besoins particuliers des élèves au Nord sont extrêmement préoccupants. Il est encore plus difficile de recruter et de retenir du personnel, et nous proposons des solutions concrètes pour rendre les postes plus attrayants. Plusieurs de ces solutions ne coûteraient rien à l’employeur, et, malgré cela, c’est une fin de non-recevoir. Nous connaissons nos membres, nous connaissons la réalité sur le terrain et, malgré tout, nous ne sommes pas entendus et nous ne sommes pas pris au sérieux dans la recherche de solutions ».
Un coup de barre à donner à la Commission scolaire Kativik
Même fermeture patronale du côté de la négociation des professionnelles et professionnels de la Commission scolaire Kativik, comme l’explique la présidente du SPPOM, Carolane Desmarais. « On compte une seule psychologue qui travaille actuellement dans les écoles de Kativik. Combien y a-t-il de travailleurs sociaux ? Deux, pour tout ce territoire. Le milieu scolaire est un environnement privilégié pour prévenir, dépister et intervenir au niveau de la santé mentale des jeunes. La preuve a été faite maintes et maintes fois que les besoins des élèves québécois dépassent largement les ressources professionnelles en place. Et la situation est encore plus dramatique au Nunavik. Il faut absolument donner un coup de barre maintenant pour être en mesure d’attirer et de retenir du personnel professionnel pour œuvrer dans les écoles du Nunavik », plaide la présidente du SPPOM.
Un gouvernement qui doit passer de la parole aux actes
En terminant, la présidente de la CSQ, Sonia Ethier, rappelle que « le gouvernement nous fait de beaux discours sur l’importance de considérer les réalités et cultures autochtones, de même que sur leur apport à la société québécoise. Il faut maintenant passer de la parole aux actes en posant des gestes concrets qui vont au-delà des vœux pieux. Il en va de la responsabilité du gouvernement envers les élèves du Nord québécois et leurs communautés ». »
Conclusion
Pendant que les porte-parole syndicaux expliquaient les difficultés qu’elle et qu’ils rencontrent avec leurs vis-à-vis patronaux je notais les observations suivantes qui se dégageaient de leurs interventions : « approche de négociation de la part de la partie patronale qui fait penser à une espèce de « compulsion de répétition » » ; « tout fonctionne normalement, ça tourne en rond évidemment » ; « fin de non-recevoir » ; « dialogue de sourds ». Pourquoi cette absence d’avancée ? Pourquoi le gouvernement Legault ne donne-t-il pas de véritables mandats de négociation à la partie patronale ? Pourquoi le gouvernement feint-il la négociation ? À quel type de biais peut-on associer cette attitude patronale et gouvernementale à l’endroit de salariéEs syndiquéEs qui oeuvrent dans le Grand Nord ?
À la fin de la conférence de presse, j’ajoutais ceci : pas étonnant qu’après plus de 15 mois de négociation la partie syndicale commence à manifester son exaspération et recourt à l’exercice de son droit de grève !
Yvan Perrier
9 avril 2021
11h30
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