Nous sommes préoccupées et préoccupés par les données du sondage publié par l’Association d’études canadiennes (AEC) le 10 août qui nous révèle l’impact majeur qu’a eu la promulgation de la Loi sur la laïcité de l’État (loi 21) sur les femmes québécoises au cours des trois dernières années. Considérant l’importance que la nation québécoise accorde à l’égalité entre les femmes et les hommes, la loi 21 a été présentée comme une affirmation de la laïcité de l’État ainsi qu’un renforcement de l’égalité des genres. Or, ce sondage mené par AEC en collaboration avec la firme Léger nous confirme que la loi 21 ne protège pas l’égalité des genres mais, qu’au contraire, elle crée davantage d’inégalités.
Selon ce sondage, les femmes musulmanes sont fortement affectées dans les quatre dimensions de la vie qui ont été étudiées (Acceptabilité et acceptation ; haine et sécurité ; citoyenneté ; épanouissement, bien-être et espoir). Il fait état d’une stigmatisation sociale sévère, d’injustices dans leurs interactions avec les personnes qui exercent une autorité dans leur vie quotidienne et d’un sentiment de marginalisation important. Les femmes des trois communautés étudiées (musulmanes, sikhes et juives) parlent d’un déclin alarmant de leur sentiment de sécurité et de liberté de parole au cours des trois dernières années (73% des femmes musulmanes disent que leur sentiment de sécurité s’est détérioré).
Aussi, une réflexion s’impose sur le fait qu’une loi conçue pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes freine en fait la participation de certaines Québécoises à la vie sociale et politique. 63.9% des femmes musulmanes ont vu leur volonté de participer à la vie sociale et politique diminuer depuis la promulgation de la loi.
Le sondage démontre également la solidarité des femmes face aux impacts de cette loi, car celles-ci sont plus portées à reconnaître que la loi 21 affecte plus fortement les femmes que les hommes. Par exemple, les femmes sont plus susceptibles de trouver que la loi est discriminatoire (femmes : 48.2% c. hommes : 42.5%). Alors que la loi 21 est présentée comme une loi féministe, l’appui chez les femmes est inférieur de presque 10 % par rapport aux hommes (femmes : 59% c. hommes : 68.5%), surtout chez les jeunes femmes de 18 à 44 ans chez qui l’appui est sous le seuil de la majorité.
Pour toutes ces raisons et à la lumière de ce sondage, nous dénonçons les répercussions importantes de la loi 21 sur l’égalité des genres. Cette loi n’est résolument pas féministe. Elle n’a pas pour effet de promouvoir l’égalité, mais bien de lui porter atteinte.
Pour consulter le rapport d’AEC complet.
La FFQ est cosignataire de cette lettre. Cliquez ici pour consulter la liste des signataires.
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