Aujourd’hui, Monsieur Blais, nous vous demandons de nous expliquer votre virage à 180 degrés et les contradictions majeures qui ponctuent votre discours des dernières années sur la lutte à la pauvreté. Nous ne comprenons pas comment la même personne peut se montrer aujourd’hui totalement intransigeante à l’égard des personnes assistées sociales et avoir écrit le livre Un revenu garanti pour tous : Introduction aux principes de l’allocation universelle.
Dans ce livre, ne reconnaissiez-vous pas « la stigmatisation associée aux programmes conditionnels d’aide » (p. 25) ou le fait que « plus de conditionnalité n’aboutirait qu’à appauvrir et à exclure davantage » (p. 31). Pourtant, le projet de loi 70 vient précisément réintroduire le caractère conditionnel de l’aide sociale en menaçant de couper la prestation de base des personnes faisant une première demande d’aide sociale. Et le résultat sera clairement d’appauvrir et d’exclure davantage.
Au lieu des mesures obligatoires que vous voulez imposer avec le programme Objectif emploi, pourquoi ne pas opter plutôt pour des mesures volontaires qui soient mieux financées et mieux adaptées aux besoins des personnes assistées sociales ? On vous l’a déjà dit, et on est prêt à vous citer pour vous le redire : la « stratégie [de la coercition ou de « l’activation »] ne donne pas les résultats escomptés simplement parce qu’elle repose sur une conception simpliste et tout aussi bureaucratique de l’activité humaine » (p. 76).
Pourquoi refusez-vous de tenir compte de vos propres enseignements et d’entendre les nombreux appels à la raison ? N’y voyez-vous pas un manque flagrant de cohérence ? Et qu’en est-il de votre dignité ?
On comprend que la machine politique est dure et cruelle. Il faut que vous soyez un bon petit soldat, Monsieur Blais, pour accepter ainsi de renier vos principes et de vous attaquer aux personnes assistées sociales. Mais ce jeu politique en vaut-il vraiment la chandelle ?
Faites-vous plaisir, soyez cohérent et retirez toutes les mesures coercitives, rétrogrades et appauvrissantes de votre projet de loi.
Serge Petitclerc, porte-parole