L’éducation est un puissant levier de développement pour toute société qui a à coeur le bien commun de la population. Y accéder n’est pas un privilège, mais un droit pour toute personne qui le souhaite. En imposant des frais de scolarité, on en limite l’accès pour les moins fortuné-e-s et on en fait un simple bien de consommation. C’est comme si on disait qu’un diplôme est « monnayable » alors qu’il s’agit d’un outil de plus que chaque citoyen-ne doit avoir à sa portée pour prendre en main son avenir.
L’aide financière gouvernementale ne compensera pas la hausse annoncée des frais de scolarité. Quelques-uns verront leur bourse augmentée, mais la plupart s’endetteront davantage pour payer ces frais et tout ce que la vie d’étudiant-e exige dans des conditions précaires. Le sous-financement des universités est bien réel, mais ce n’est pas la hausse annoncée des frais de scolarité, moins ce qu’il en coûtera au gouvernement pour bonifier son aide financière aux plus pauvres, qui réglera le problème. L’équité, ce n’est pas de faire payer tout le monde pour accéder à l’université, sous prétexte qu’une minorité d’étudiant-e-s mieux nantis en ont les moyens, mais c’est bien d’exiger que l’ensemble de la population contribue au financement de notre système d’éducation par une fiscalité réellement progressive : c’est par l’impôt sur le revenu que les plus riches doivent faire leur part.
Les étudiant-e-s ont raison de rejeter les faux arguments de la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, et d’y opposer des principes comme l’universalité et l’accessibilité. Le mouvement étudiant s’apprête à déclencher une grève qui dérangera assurément et c’est bien là l’objectif d’un tel moyen. Les étudiant-e-s ont raison de déclencher cette grève, puisque l’entêtement du gouvernement Charest les y pousse.
En fait, les étudiant-e-s s’apprêtent à mener une lutte qui nous concerne toutes et tous, une lutte pour celles et ceux qui sont actuellement aux études ou qui souhaiteraient y accéder actuellement mais qui n’en ont pas les moyens, mais aussi et surtout pour celles et ceux qui les suivront, nos enfants.
Stéphane Lessard