Consolider les passerelles avec le monde du travail
De son expérience et de son intérêt, André sera en mesure de faire la percée qui s’impose au niveau des syndicats. Depuis les années 1980, le mouvement syndical a connu des années difficiles. Les violents assauts du néolibéralisme tant dans le secteur public que dans le secteur privé l’ont souvent mis sur la défensive. Le rapprochement plus ou moins subtil avec le PQ a conduit des tournants glissants, comme l’endossement des politiques du grand lucide lui-même, Lucien Bouchard. Lorsque les voyous du Parti libéral sont parvenus au pouvoir en 1998, les centrales syndicales sont revenues à une posture plus combative, mais sans se départir d’une certaine hésitation, tout en appuyant les mobilisations sociales contre les politiques néolibérales. Une chance que des syndicats se sont tenus debout comme les travailleurs et travailleuses de l’hôtellerie à Montréal et les braves ouvriers d’Alcan dans le Saguenay…
Aujourd’hui la bonne nouvelle est que les copains du PQ au sein du mouvement syndical ont de moins en moins la capacité de censurer le mouvement. C’est une situation qui risque de progresser au fur et à mesure que le gouvernement PQ s’en va sur l’unique chemin qu’il connaît, celui de l’alignement « lucide » sur les politiques néolibérales. Avec un peu de chance et surtout beaucoup de travail, André sera en mesure de faire bouger les choses. Les structures syndicales qui ont déjà donné un bon coup de main à QS – on pense notamment au Conseil central de la CSN à Montréal, au Conseil régional du Montréal métropolitain de la FTQ, à la Fédération nationale des enseignants et des enseignantes du Québec et à bien d’autres, pourront faire connaître davantage le programme et les ambitions d’un parti pas comme les autres : féministe, écologiste, altermondialiste et pourquoi pas, pro-syndicaliste !
Construire les alliances
L’autre grand chantier sur lequel André s’est déjà engagé est celui de développer avec d’autres mouvements et formations politiques une méga coalition. Au printemps dernier, on a vu ce qu’on pouvait faire quand on se met ensemble. Les Carrés rouges sont sortis de groupes spécifiques pour devenir un mouvement citoyen. En réalité, il n’y a pas d’autre moyen pour déstabiliser les dominants. Avec les mouvements sociaux, QS doit être un partenaire, et certainement pas une « avant-garde » ou un donneur de leçons. Ce qui ne veut pas dire pour autant se traîner à la queue. Dans plusieurs régions, QS a un effet d’entraînement pour coaliser les forces pour le changement. Dans ma compréhension des choses, être le « parti de la rue », cela ne veut pas dire de faire comme certains clowns qui font semblant de faire la « révolution » en brisant des vitrines de McDo, mais se tenir droit et mobiliser largement pour et avec les causes sociales.
Le travail de coalition doit aller également du côté des acteurs de la scène politique. Pour ce faire, il faut se débarrasser d’une certaine frilosité qui provient parfois d’un sentiment déplacé de « posséder toute la vérité », comme si tous ceux qui n’étaient pas « avec » nous étaient « contre » nous. L’ouverture vers Option nationale dans ce contexte est à mon avis un test. Certes, ce parti n’a pas la même optique ni le même parcours que QS. Mais d’une part, il faut arrêter de penser qu’on a toujours raison. D’autre part, il faut garder une certaine modestie face à notre propre développement. Il n’est pas question ici de minimiser les avancées (et le travail acharné qui est derrière) d’une formation qui vient d’augmenter ses appuis populaires de 114 %. Ce n’est pas rien ! Une fois cela dit, il faut avoir le réflexe de considérer le défi que représente la force des dominants toutes tendances confondues. On n’y arrivera pas seuls. La modestie (et non la timidité) a bien meilleur goût que l’arrogance et pire encore, le je-sais-tout-isme.
Le travail de fourmi
Ce qui me rassure est qu’André sait comment cela fonctionne à la base où les fanfaronnades ne mènent jamais à rien. Souvent humble mais persistant, le travail militant n’avance pas autrement que par une détermination opiniâtre, quotidienne, au raz des pâquerettes. Aujourd’hui, il faut d’abord ouvrir les possibilités que représentent les 14 000 membres dont une bonne partie est prête à faire plus. La consolidation des structures locales, le développement des capacités par la formation et le réseautage, le rayonnement et l’articulation des idées dans tous les secteurs de la société sont tous des domaines où André pourra consacrer ses talents. Et il faut ensuite aller plus loin, aller au devant et au-delà et faire de QS un catalyseur des grandes batailles pour la transformation qui se profilent devant nous. Le Québec est enceint d’un grand projet …