Dans sa lettre, M. Kemeid s’insurge à juste titre contre le silence du Ministère sur le sort réservé aux créateurs et aux artistes des arts vivants comme le théâtre et la danse depuis le début de la pandémie. Ce silence fut brièvement brisé par une conférence de presse du gouvernement du Québec qui a eu lieu vendredi dernier pendant laquelle, outre un déconfinement limité des musées, des bibliothèques et des ciné-parcs, la ministre de la Culture encourageait les artistes de la scène à faire connaître leurs œuvres au moyen de captations de spectacles sans public. À défaut de pouvoir les présenter devant le public « en présentiel » (comme on nomme maintenant d’horrible façon les rencontres en personne), « …mettez deux ou trois kodaks dans le coin de la scène, ça devrait faire l’affaire en attendant. Pour le reste, il y a les ciné-parcs », dénonce Olivier Kemeid dans sa lettre ouverte.
Les écrivaines et les écrivains sont solidaires de ce cri du cœur et de l’âme des artistes des arts vivants. Pour paraphraser la phrase célèbre (et sans doute apocryphe) attribuée à Gustave Flaubert (« Mme Bovary, c’est moi »), « Les arts vivants, c’est nous ! »
On croit souvent à tort que les autrices et les auteurs vivent en permanence seuls dans leur coin, écrivant leurs romans, leurs essais, leurs poésies dans une solitude d’ermite, sans communication avec le monde extérieur. S’il est vrai que l’écriture exige de l’isolement (pour nous, le confinement n’a rien de nouveau) et que la publication d’un livre est l’aboutissement de plusieurs années d’efforts, il est tout aussi vrai que nous donnons une deuxième vie à nos œuvres en les présentant au public, que ce soit par des lectures, des conférences en bibliothèque, des tournées dans les écoles, des rencontres avec nos lectrices et lecteurs dans les salons du livre, des spectacles de poésie. C’est aussi une façon pour nous de bonifier nos revenus tirés de notre plume ou notre clavier. Tout cela a cessé brutalement en mars dernier, comme pour les arts vivants. Rien ne nous assure que ces activités reprendront avant longtemps. Et cela, c’est sans compter les reports des calendriers de parution, l’impact de la pandémie sur la vente de livres, la paralysie des subventions pour les nouveaux projets…
« Qu’on nous dira plus tard quand nous pourrons distraire la foule à nouveau, et en attendant, il y a en provenance d’Ottawa la PCU…, qui, au bout de quatre demandes, s’éteint. Que deviendront les artistes par la suite ? Nul ne le sait, rien n’a été dit à leur sujet », poursuit Olivier Kemeid. Le même constat s’applique aux écrivaines et aux écrivains.
L’UNEQ s’est battue bec et ongles pour obtenir le soutien des deux paliers de gouvernement aux écrivain.e.s dès les débuts de la pandémie. Nous continuerons à revendiquer des mesures concrètes pour que ce soutien se poursuive, car la pandémie risque de rester dans notre paysage pendant un temps indéterminé et les artistes doivent pouvoir vivre décemment durant cette période difficile, à l’instar de tous les autres citoyens.
L’UNEQ veillera également à ce que les travaux de la révision des deux lois du statut de l’artiste, que le gouvernement a dû arrêter à cause de la COVID-19, reprennent dès que les conditions sanitaires le permettront, car des changements significatifs à ces lois sont primordiaux pour améliorer profondément et durablement les conditions socioéconomiques des autrices et auteurs que nous représentons ainsi que celles de tous les artistes.
⇒ Pour en savoir plus sur la révision des lois sur le statut de l’artiste, [cliquez ici.->https://www.uneq.qc.ca/2019/04/04/revision-loi-statut-artiste/
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