Édition du 19 novembre 2024

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Asie/Proche-Orient

Frapper maintenant ou jamais

Les Israéliens multiplient les avertissements envers Téhéran et semblent sur le point de passer à l’acte, avertit le site iranien.

Après une longue période de silence sur le sujet, les leaders politiques israéliens parlent de nouveau d’une attaque militaire contre l’Iran. Lors d’une déclaration à la Knesset, le 31 octobre, Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, a affirmé que l’Iran constituait une menace directe pour son pays et pour le reste du monde. Ehoud Barak, le ministre de la Défense israélien, a rappelé pour sa part qu’Israël ne pouvait se permettre d’avoir affaire à un Iran nucléaire [Téhéran développe depuis plusieurs années un programme nucléaire civil, mais les pays occidentaux craignent que les matériaux ne soient détournés à des fins militaires].

L’évocation de ce plan d’attaque ­militaire contre l’Iran arrive au même moment que l’annonce du retrait total des 39 000 soldats américains d’Irak. Néanmoins, Washington a décidé de renforcer sa présence militaire dans la région du golfe Persique, ce qui accrédite la thèse que les Etats-Unis et Israël préparent une attaque militaire contre l’Iran. Le retrait des forces américaines [d’Irak] est de toute façon une victoire stratégique pour l’Iran. Au cours des dernières années, une guerre indirecte se déroulait à Bagad entre l’Iran et les Etats-Unis. Or Téhéran a toujours craint que la présence des forces d’occupation sur le sol irakien ne débouche sur la ratification d’un pacte de sécurité entre Bagdad et Washington et l’installation de bases militaires permanentes américaines à la frontière iranienne.

Il semblerait que Nouri Al-Maliki, le Premier ministre irakien, qui entretient des relations proches avec la République islamique, ait fermement promis à l’Iran qu’il s’opposerait à toute prolongation de la présence militaire américaine en Irak. Non seulement le retrait total des forces américaines rassurera davantage l’Iran sur ses frontières avec l’Irak à l’ouest du pays, mais il l’encouragera également dans ses efforts pour combler le vide militaire et sécuritaire en Irak. Nouri Al-Maliki, qui se sent redevable envers l’Iran pour le ­renfort politique que le pays lui a apporté lors de la constitution de son gouvernement, a adopté une position proche de celle de Téhéran sur différents dossiers. Il se positionne ainsi aux côtés de l’Iran sur la crise syrienne, affichant son soutien au dirigeant syrien Bachar El-Assad. La perspective d’un renforcement de l’influence de l’Iran en Irak et le rapprochement de Bagdad avec l’axe Téhéran-Damas a provoqué de vives critiques de la part des républicains et des ultraconservateurs aux Etats-Unis, opposés au retrait. La décision du Pentagone au sujet du redéploiement des forces américaines dans la région du golfe Persique et la ratification d’accords militaires et sécuritaires avec le Conseil de coopération du Golfe [CCG, organisation régionale regroupant les Etats arabes du Golfe] témoignent pourtant des efforts entrepris par Barack Obama afin de répondre à ces inquiétudes et d’atténuer les préoccupations de ses alliés dans la région du Golfe. Ces rebondissements pourraient constituer les préparatifs d’une attaque militaire contre l’Iran. Pour les Américains et les Israéliens, un Irak allié à Téhéran offrirait à l’axe Iran-Syrie un vaste territoire qui s’étendrait de Téhéran aux rives de la mer Méditerranée. Une telle perspective représenterait un véritable défi pour les Etats-Unis et Israël dans la région.

De plus, la résistance de Bachar El-Assad à la tête de la Syrie et la perspective qu’il ne puisse pas être renversé à très court terme renforcent l’option d’une attaque contre l’Iran. Le régime d’El-Assad dépend essentiellement de Téhéran sur le plan économique, politique et militaire. En conséquence, sa chute nécessite préalablement l’affaiblissement de l’Iran et la formation rapide d’un front contre la Syrie, constitué de la Turquie et des Etats arabes du golfe Persique, avec à sa tête l’Arabie Saoudite.

Voilà pourquoi une attaque militaire contre l’Iran servirait non seulement à amoindrir l’influence de la République islamique dans la région, mais aussi à accélérer le renversement du régime syrien. De plus, une telle attaque pourrait détruire le programme nucléaire iranien ou, du moins, le ralentir. Les récentes déclarations des leaders israéliens démontrent que la décision d’une attaque contre l’Iran a déjà été prise et que la seule question que se posent les leaders américains et israéliens est de déterminer quand aura lieu une telle opération.

(tiré du site du Courrier international, 8-11-2011)

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