Édition du 17 décembre 2024

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Raid israélien à Gaza

Les États-Unis soutiennent l'attaque israélienne contre Gaza

Introduction de la traductrice,
Dans cette émission, Amy Goodman discute de l’actuelle guerre israélienne contre les Palestiniens de la bande de Gaza, avec Raji Sourani avocat des droits humains, directeur du Palestinian Center for Human Rights, membre du conseil de direction de la Fédération internationale des droits humains. Il a gagné le prix Robert F. Kennedy pour les droits humains en 1991. Participe également à la discussion, Richard Falk, le rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits humains dans les territoires palestiniens. Il est aussi professeur émérite en droit international à l’université Princeton. Il a publié plus de 50 volumes sur la guerre, les droits humains, le droit international. Il enseigne maintenant à l’université de Californie à Santa Barbara.

A la lecture, il faut tenir compte, que depuis ces propos, une trêve a effectivement été mise en place à Gaza.

Democracynow.org, 19 novembre 2012,
Traduction, Alexandra Cyr,

Amy Goodman : L’attaque israélienne contre Gaza en est à sa septième journée et on ne voit pas de signes accalmie. Au moins 95 PalestienNEs ont été tuéEs dans des attaques aériennes par bombardiers ou drones. On compte plus de 700 blesséEs dont 200 enfants. Plus tôt aujourd’hui, un bombardement près d’un camp de réfugiéEs a tué au moins 3 enfants dont un de 18 mois et 2 femmes. Dimanche, (le 18 novembre) une attaque majeure contre la ville de Gaza a détruit une maison et tué 12 personnes dont 10 membres d’une même famille. Au cours de la semaine dernière les roquettes lancées depuis Gaza ont tué 3 IsraélienNEs.

(…)

Nous joignons maintenant Raji Sourani (…) Pouvez-vous nous dire où vous vous trouvez exactement et nous décrire ce qui se passe à Gaza ?

Raji Sourani : Je suis dans la partie ouest de la ville de Gaza tout près de la plage. Depuis 24 heures la situation a empiré très, très gravement. De plus en plus de bombardements s’abattent sur Gaza. Ils viennent aussi des navires qui tirent partout. L’augmentation des mortEs et blesséEs est spectaculaire. Au cours des 5 derniers jours, nous avons perdu 27 civilEs, des femmes et des enfants. Mais au cours des seules 24 heures ce sont 31 civilEs qui sont tombéEs dont les 10 membres de la famille à Al-Dalo. C’est un raid aérien contre leur maison qui les a tuéEs.

A.G. : Avez-vous des informations concernant cette famille ? Qui étaient ces 10 membres (qui ont été tuéEs) ?

R.J. : Il s’agit de 6 enfants et de 4 femmes. Cette famille, était sans histoire, une gentille et bonne famille travailleuse. Le chef en est un homme d’affaire qui réussit dans Gaza. Ils n’ont rien à voir avec quelque politique que ce soit ; comme la bonne moyenne des GazaouiEs. Je ne crois pas que ce soit la seule maison qui ait été ciblée. Les civilEs gazaouiEs sont au centre de la tempête. Jusqu’à maintenant ils et elles sont la majorité des victimes : plus de 70%. Nous les connaissons, nous en faisons le décompte, nous documentons leur situation ; nous sommes très conscients de la situation. Les civilEs sont les cibles. Nous parlons de maisons privées, de postes de police, de terrains de soccer et de puits. Curieux n’est-ce pas ? Je suis convaincu que les Israéliens ciblent les civilEs intentionnellement. Ils et elles sont dans l’œil de la tempête.

Je vous raconte une histoire personnelle : ma maison familiale est située au cœur de la ville de Gaza juste à côté d’un poste de police. Il n’y avait personne dans ce poste depuis le début des attaques. Il était complètement vide. La nuit dernière, j’étais avec ma tante de 87 ans et mes deux frères qui ont subi des opérations à cœur ouvert. Il y a aussi beaucoup d’enfants dans le voisinage. À 3 heures du matin une bombe d’environ une tonne est tombée (sur le poste de police) puis une deuxième qui a explosé. Tout le quartier a été ébranlé. C’était comme un tremblement de terre, comme si un tsunami nous avait atteintEs.

Amy, je me demande qu’est-ce que le bombardement d’un poste de police peut bien ajouter à la sécurité ? En plus il était vide ! Qu’est-ce que les dommages causés à environ une dizaine de maisons autour de ce poste peuvent ajouter à la sécurité ? De même qu’ajoute à la sécurité la terreur de 20,000 ou 30,000 personnes qui vivent autour de ce poste ? Ce que nous vivons ici est incroyable. Nous nous sentons complètement pris en otage dans cette occupation belliqueuse par Israël et ses pratiques. Les civilEs sont ses cibles. Nous sommes exactement dans la même situation qui prévalait il y a 4 ans lors de l’attaque « Plomb durci ». À ce moment-là également, la population civile était dans l’œil de la tempête. Ce genre d’attaques contre la famille à Al-Dalo, le bombardement de la nuit dernière (contre le poste de police de mon quartier), terrorisent la population : si ce ne sont pas des actes de guerre que sont les crimes de guerre ?

A.G. : Je veux vous rapporter un commentaire de M. Ehud Barak, le ministre de la défense israélien : Il remercie le président Obama pour son soutien.

Ehud Barak : Cet effort n’aurait pas pu être mis en place sans le support généreux et constant de l’administration américaine sous le leadership du Président Obama.

A.G. : Je me demandais si vous pouviez commenter ces propos du ministre de la défense israélien et ceux du Président Obama qui dit que ce pays a le droit de défendre sa propre population face aux missiles lancés par le Hamas depuis Gaza.

R.S. : D’abord, je veux dire que je m’engage à ce qu’un jour tous ces dirigeants israéliens doivent faire face à leurs responsabilités dans ces événements où des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sont perpétrés ici contre les enfants, les femmes et les civilEs. Nous sommes un peuple qui croit à la règle de la loi et de la responsabilité. L’administration Obama a fourni un cadre légal pour l’immunité politique de tous ces criminels lors de l’opération Plomb durci il y a quelques années. Et ils ont utilisé le droit de véto au Conseil de sécurité de l’ONU pour empêcher l’adoption du rapport Goldstone et pour se protéger de poursuites de la part du Tribunal international.

Maintenant, (…) quand j’entends les propos du Président Obama et du ministre Barak, je comprends, (nous comprenons) qu’ils sont partenaires dans les crimes contre les civilEs. Si jamais ils n’ont pas toutes les preuves, et je suis sûr que ce n’est pas le cas, nous pouvons les leur fournir : des preuves de première main, documentées légalement sans équivoque sur la responsabilité d’Israël dans la perpétration de ces crimes. Nous sommes des civilEs sous occupation. Nous sommes ceux et celles qui avons droit à la protection des lois humanitaires internationales. Les conventions de Genève ne sont pas que des travaux pour les intellectuelLEs et les académicienNEs ; elles doivent s’appliquer aux civilEs les protéger en temps de guerre pas durant la paix. Nous sommes les cibles de cette offensive belliqueuse israélienne pour nous occuper (à nouveau). Nous sommes les cibles dans cette guerre. Nous sommes ceux et celles qui subissent le terrorisme d’État dans notre chair. Nous sommes ceux et celles qui comptent les cadavres, les hommes, les femmes et les enfants blesséEs : tous et toutes des civilEs. C’est une honte ! Et Human Rights Watch est d’accord avec nous. L’International Commission of Jurists, la Fédération internationale des droits humains, le Euro-Med Human Rights Network et même une organisation israélienne des droits humains qui parle de ce qui se passe ici, sont d’accord avec nous. La situation est digne de Kafka ! Nous sommes le peuple qui a droit à la protection et une loi (internationale) nous désigne comme des civilEs sous occupation, vulnérables, parce que victimes de cette occupation militaire israélienne qui dure depuis 45 ans. Il faut s’en souvenir.

(…)

A.G. : Pour aller plus en profondeur sur ce sujet, nous rejoignons maintenant le professeur Richard Falk. Pouvez-vous nous donner l’éclairage des lois internationales sur ce qui se passe en ce moment ? En ce moment, (16 novembre) on compte 95 mortEs chez les Palestiniens dont probablement la moitié de civilEs. Le nombre de blesséEs est de plus de 600. Hier, 75 roquettes ont été tirées (sur le territoire israélien) par les Palestiniens. Il y en avait eu environ 230 au cours des deux jours précédents. Les statistiques israéliennes disent que l’armée a procédé à 1,350 attaques depuis le déclenchement des hostilités la semaine dernière. On compte 3 morts du côté israélien. Que dites-vous face à ce tableau ?

Richard Falk : Je suis assez d’accord avec l’évaluation que vient de faire Raji Sourani en matière de droits. Je n’ai aucune hésitation à dire que ce genre d’attaques contre une population sans défense doit alarmer tous ceux et celles qui pensent sérieusement que l’application des lois humanitaires internationales doit influencer les comportements des États souverains.

Dans la situation actuelle ce qui est particulièrement choquant, c’est qu’il existe une solution diplomatique. On sait que le Hamas a accepté une trêve informelle et en a proposé une à long terme à son interlocuteur israélien. Il est très clair qu’Israël a choisi d’assassiner le leader du Hamas qui avait accepté cette trêve quelques jours après son début. Il faut donc questionner ce recours à la violence alors qu’une solution pacifique semble avoir existé pour ensuite être rejetée. C’est un très sérieux élément de la situation qui a été presque complètement ignoré par les médias occidentaux, particulièrement aux États-Unis et certainement par le Président Obama quand il soutient, à tort en ce moment, qu’Israël a le droit de se défendre. Personne ne questionne ce droit ; ce qu’il faut se demander c’est quand et comment il doit s’appliquer.

Ici, comme en 2008, quand Israël a lancé une semblable attaque destructrice contre cette population, il y a d’autres moyens pour sécuriser le pays que ceux-ci qui finissent dans un nouveau cycle de violence toujours plus intense. Donc, en ce moment, il me semble que la communauté internationale doit prendre ses responsabilités dans la protection de la population de Gaza. Lors de l’attaque contre le régime Khadafi en Lybie, c’est ce qui a été invoqué, avec raison. Mais c’est un étrange silence qui s’installe quand c’est le peuple gazaoui qui est en cause.

A.G. : Gilad Sharon, le fils de l’ancien premier ministre israélien Ariel Sharon, qui est toujours dans le coma, a écrit ceci, dans le courrier du lecteur du Jerusalem Post cette fin de semaine : « Il faut détruire complètement Gaza. Détruire tout Gaza. Les Américains ne se sont pas retenus après Hiroshima. Les Japonais ne se sont pas rendus assez vite, ils ont lancé la deuxième bombe sur Nagasaki. Gaza devrait être sans électricité, sans essence, sans aucun véhicule qui bouge. Rien du tout ».

Richard Falk ce sont les mots du fils d’Ariel Sharon….

R.F. : Et le porte-parole de l’actuel premier ministre israélien les a répétées presque exactement. C’est exprimer son accord avec des crimes terribles contre l’humanité. Il y a une odeur de génocide dans cette déclaration ; elle parle de la destruction de toutes les infrastructures d’une population comme moyen d’atteindre la sécurité. C’est une idée très malveillante. Car, il est clair qu’Israël était prêt à lever le blocus, (qui est une forme de punition collective qui va à l’encontre de l’article 33 de la quatrième Convention de Genève), qu’il était ouvert à discuter avec le gouvernement de Gaza à qui il donnait un quasi statut d’acteur politique. Cela aurait donné une réelle sécurité au moins avec cette portion du peuple palestinien.

A.G. : Je voudrais revenir à Raji Sourani pour qu’il réponde au Président Shimon Perez qui en parlant de son pays, dit : « Guerre étrange, nous n’en voulons pas. Nous ne voulons pas nous débarrasser …en combattant le Hamas nous ne voulons pas changer le statut de Gaza. Nous ne voulons pas utiliser les armes du tout. Mais on ne nous laisse pas le choix ».
Raji Sourani, 3 Israéliens ont été tués par des tirs de roquettes (à ce jour) et environ 80 personnes ont été blessées. Votre réaction, s.v.p.

R.J. : Je trouve les propos de M. Perez très intéressants. Lui aussi blâme les victimes. Donc, nous sommes des criminelLEs parce que nous les pousserions à nous tuer, à nous bombarder, à nous détruire, à nous déclarer la guerre. C’est inqualifiable, absurde. Je veux dire : « C’est trop » !

Pour ce qui concerne Gilad Sharon : la doctrine Dahiyai n’est pas une théorie. C’est une pratique qui a été utilisée durant la guerre du Liban. Je suis sûr, en voyant ce qui nous avons vécu depuis six jours, que le pire est à venir. Les cinq derniers jours ont été tous pires les uns que les autres. Et au cours des dernières 24 heures, l’escalade a été magistrale. Il y a tout juste une demi-heure, une ambulance où il y avait des médecins et des infirmières a été ciblée et tout le monde y est mort. Ce sont les dernières victimes. Il n’y a aucun lieu sûr à Gaza.

Qu’est-ce qui a vraiment déclenché cette guerre ? L’assassinat d’un des dirigeants du Hamas qui négociait une trêve avec l’Égypte et Israël. Voilà le coup d’envoi. M. Perez oublie que Gaza subit un siège criminel depuis 7 ans maintenant. Il suffoque socialement et économiquement. Un million 700 mille personnes ne peuvent passer la frontière ni recevoir ou expédier quelque marchandise que ce soit. Ils ont installé Gaza dans un désastre humanitaire de première classe, dans le sous, sous développement. Et ils font cela avec cet état de siège criminel que toutes les organisations internationales des droits humains déclarent illégal, inhumain comme l’a aussi dit M. Falk à l’instant.

A.G. : Raji Sourani, le Président Obama, le gouvernement israélien, tous les médias américains disent que ce sont les attaques à la roquette, avec des missiles, venant de Gaza qui ont précipité l’entrée en guerre…

R.S. : Ça n’est absolument pas vrai. C’est absolument faux. Il y a eu cet assassinat et immédiatement après, toute la bande de Gaza était bombardée. Ce sont des faits avérés qui vous seront confirmés par n’importe lequel observateur neutre, qu’il soit local ou international. Mais il est clair que les États-Unis, M. Obama en tête, essaient de donner pleine excuse à Israël avec la pleine immunité légale et politique pour qu’il agisse à sa guise contre les GazaouiEs. C’est injuste. C’est déloyal. Les États-Unis se mettent ainsi sur le même pied qu’Israël à égalité avec lui, se montre son véritable partenaire dans ce qu’il fait, dans les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité qui sont perpétrés en ce moment contre le peuple de Gaza.

A.G. : Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, a annoncé qu’il se rendrait en Égypte pour tenter d’obtenir un cesser le feu mais bien des rédidentEs de Gaza sont sceptiques. (…) Est-ce que vous partagez ce point de vue, Raji Sourani ?

R.S. : Je veux qu’il vienne ; je veux qu’il soit la véritable conscience internationale de l’organisme le plus important sur cette terre, les Nations Unies, pour que la loi, pas la jungle, s’applique dans cette partie du monde, Gaza. Mais il ne viendra pas à Gaza. Il ira en Israël et dans les autres territoires palestiniens. Mais ceux qui ont besoin de cette visite, les GazaouiEs ne l’auront pas. Et, lui aussi, d’avance, blâme les victimes. Vous savez ce qu’il dit : les GazaouiEs méritent ce qui leur arrive pour une raison bien simple, ils bombardent Israël. Encore une fois, c’est digne de Kafka. C’est absurde. Comment, un peuple occupé, qui a droit à la protection des lois humanitaires internationales est-il devenu victime de représailles de la part de belligérants qui pratiquent une occupation criminelle et des crimes de guerre pas seulement cette fois, mais aussi lors de l’opération Plomb durci, et ne sont jamais tenus responsables ?

A.G. : Les dernières nouvelles nous apprennent que le centre des médias a été attaqué. Six journalistes palestiniens du poste Hamas TV ont été blessés. S’y trouvaient aussi les bureaux d’Al Aqsa, (…) d’Al Quds TV, et d’un grand nombre de médias internationaux dont FOX, CBS et Sky. (…) Je voudrais que M. Falk, rapporteur des Nations Unies réagisse à cela.

R.F. : Il est clair qu’à elle seule, cette attaque délibérée contre des journalistes est un crime de guerre. Les Nations Unies ont déclaré que les journalistes sont des civilEs. Ce n’est pas comme si l’attaque visait des systèmes de communications qui manipulaient des armes utilisées par le Hamas. C’est une attaque contre des journalistes dans le cadre de leur travail professionnel. Je suppose que c’est un moyen qu’Israël utilise pour que l’histoire véritable ne soit pas diffusée. Il faut remercier les personnalités des médias, comme vous, qui tentent de connaître cette vérité à propos des épreuves terribles qui encore une fois, touchent le peuple de Gaza qui ne bénéficie toujours pas de la protection que les lois et la morale internationales devraient lui apporter.

A.G. : Raji Sourani, comment est la vie sur le terrain en ce moment ? Êtes-vous à votre bureau maintenant ? Comment les GazaouiEs s’arrangent-ils-elles sous les bombes ?

R.J. : Si vous étiez dans mon bureau vous entendriez les bombes tomber partout. À chaque minute ou deux, vous entendez une bombe lancée depuis un hélicoptère Apache, un drone ou un F- 16 et qui frappe. Il y a tout juste une demie heure la tour Shoroq où étaient les journalistes hier à la fin de l’après-midi, a été bombardée à nouveau, du côté droit cette fois. C’est la deuxième fois en 30 heures. (…) Hier également, ils ont avisé d’évacuer un autre édifice où se trouvaient des journalistes. Ils ont envoyé le message aux journalistes internationaux pas à ceux et celles de Gaza. Tous les responsables d’organismes de défense des droits humains s’y sont rendus en solidarité et nous avons tenu une conférence de presse en face du bâtiment.

Encore une fois Israël se sent tout permis, sans aucune responsabilité. Il se fie un peu trop aux États-Unis et à l’Europe. Il sait qu’il ne sera ni blâmé ni critiqué tant et aussi longtemps que ces super puissances le protègeront. C’est pour cela qu’il se sent le droit de faire presque tout ce qu’il veut.

Au fait, hier lors du bombardement de cette maison de Al-Dalo où 12 personnes sont mortes, (l’armée israélienne) a ensuite déclaré qu’elle avait commis une erreur mineure : elle s’était trompée de maison. C’était la maison voisine qui devait être détruite. Vous voyez ce que je veux dire : ils choisissent maison par maison, habitées ou pleines de civilEs. Ils légitiment cette attaque par le fait que la maison appartient à quelqu’un du Hamas, du Fatah ou à quelqu’autre groupe. C’est une politique évidente : ils mettent les civilEs dans l’œil de la tempête, ils appliquent la doctrine Dahiya. Et je suis convaincu, c’est clair pour moi depuis 24 heures, que le pire est à venir. Je m’attends à un changement dramatique avec plus de morts et de blessures, et que la destruction va toucher cette partie du monde comme si ce qui est déjà arrivé ne suffisait pas.

A.G. : Raji Sourani, vous avez raison, un message de la BBC annonce une autre attaque contre les bureaux de médias gazaouis : 7 blesséEs. (…) Vous avez écrit un article intitulé : History is Repeated as the International Community Turns Its Back on Gaza. Vous référez à ce qui est arrivé il y a quatre ans, à la période entre l’élection du Président Obama et son assermentation pour son premier mandat. Il s’est passé la même chose chez-vous avec l’attaque dite Plomb durci. Qu’en est-il de la communauté internationale ? Qu’en est-il de l’Égypte qui a maintenant un président issu des Frères musulmans ? Vers qui vous tournez-vous pour avoir de l’aide ? Je pose aussi cette question à R. Falk.

R.S. : Je veux que les peuples libres et engagés partout dans le monde brisent ce silence de conspiration et exigent que la loi et la justice s’appliquent ici. Tout ce que je veux c’est le règne de la loi pas celui de la jungle. Je suis sûr que si Israël avait été tenu responsable pour l’opération Plomb durci, il ne se serait pas lancé dans celle-ci. À titre de citoyen du monde qui croit à la nécessité de la loi, je demande à tous les individus, groupes et États de faire le nécessaire pour mettre fin à ces offensives criminelles commises par Israël. Je ne crois pas que l’Égypte et d’autres États, pour corrects qu’ils soient, soient capables d’arrêter cela. Ce dont nous avons besoin est très simple : une intervention solide qui mettra fin à ces crimes et apportera la paix dans cette région et mettra fin à l’occupation israélienne.

A.G. : Raji Sourani, demandez-vous aussi au Hamas de cesser de lancer des missiles sur Israël ?

R.S. : Le droit à l’auto-détermination et celui de l’auto-défense sont des droits fondamentaux pour tous les peuples occupés mais cela devrait se faire dans le respect de la loi également. Je pense aussi que notre niveau de morale devrait être plus élevé que celui qui vient avec l’occupation israélienne.

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