Édition du 17 décembre 2024

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COP28

Les États-Unis font de grandes promesses à la COP28 : seront-elles tenues ?

La vice-présidente Kamala Harris a tenté, lors du sommet de la COP28, de présenter les États-Unis comme le chef de file de la lutte contre la crise climatique. Mais, en fait, tant les États-Unis que la COP28 n’ont pas résolu cette crise.

Hebdo L’Anticapitaliste - 686 (07/12/2023)

Par Dan La Botz

La réunion de 196 pays du monde était dès le départ marquée par l’ambiguïté. Bien que son objectif soit de réduire les combustibles fossiles et leurs émissions de carbone, elle s’est tenue à Dubaï aux Émirats arabes unis (EAU), un pays producteur de pétrole. Le président de la COP28, Sultan Ahmed Al Jaber, dirige à la fois Masdar, la société d’énergie renouvelable parrainée par le gouvernement, et Andoc, la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis. Les participants à la conférence ont été préalablement avertis par l’État autoritaire qu’il ne fallait pas «  critiquer l’islam, le gouvernement, les entreprises ou les individus  » et de ne pas manifester.

Kamala Harris était à la tête de la délégation américaine, qui comprenait également l’envoyé spécial pour le climat, John Kerry. Elle a déclaré devant l’assemblée : « Il s’agit d’un moment charnière : notre action collective, ou pire notre inaction, aura un impact sur des milliards de personnes pour les décennies à venir  ».

Quelques maigres promesses difficiles à tenir

Les États-Unis ont fait quelques annonces importantes dont on peut douter qu’elles soient suivies d’effet. Tout d’abord, Kamala Harris a annoncé que les États-Unis contribueraient à hauteur de 3 milliards de dollars au Fonds vert pour le climat afin de financer les énergies renouvelables et la résilience climatique dans le monde entier. Mais le Congrès américain n’a pas encore adopté une telle contribution et les Républicains qui contrôlent la Chambre des représentants s’opposent à pratiquement toute action sur le climat. La contribution pourrait donc ne jamais être versée.

Les États-Unis ont également soutenu la principale résolution de la COP28, la charte de décarbonation du pétrole et du gaz, qui prévoit l’engagement de 50 compagnies pétrolières et gazières du monde entier à renforcer leurs systèmes de production de méthane afin d’éviter les fuites. Le méthane est plus puissant que le dioxyde de carbone dans la production des gaz à effet de serre qui augmentent les températures mondiales. Comme l’a déclaré John Kerry, « il s’agit essentiellement de plomberie, de serrer les vis, de colmater les fuites, d’arrêter le torchage et la ventilation qui reviennent à gaspiller le gaz, à le brûler dans l’atmosphère et à causer des dégâts ». La question est de savoir si l’on peut compter sur les compagnies pétrolières pour agir volontairement.

Dans le même temps, Kamala Harris a annoncé que les États-Unis adopteraient de nouvelles réglementations visant à réduire les émissions de méthane de 80 % par rapport aux niveaux qui auraient été atteints en l’absence de ces nouvelles règles. Les compagnies pétrolières contesteront sans aucun doute toute nouvelle réglementation devant les tribunaux. Il s’agit donc d’une autre promesse qui pourrait ne pas être tenue.

Des actions en décalage avec les discours

Le rôle des États-Unis dans les décisions de la COP28 a reçu le soutien de l’Environmental Defense Fund, le plus puissant groupe environnemental américain. Mais certains activistes climatiques ne sont pas aussi satisfaits. Ils ont critiqué Biden pour son absence à la conférence et se sont moqués de la contribution dérisoire des États-Unis au Fonds des pertes et dommages, qui ne s’élève qu’à 17,5 millions de dollars. À travers ce fonds, les pays riches et fortement producteurs de gaz à effet de serre doivent aider les pays en développement, qui produisent peu de gaz à effet de serre mais sont affectés par le changement climatique, à financer la réparation des dégâts sur leur population et leur économie.

D’autres ont critiqué l’administration Biden pour avoir signé davantage de baux permettant aux entreprises de forer pour le pétrole, par exemple à Willow, en Alaska. Même Al Gore (démocrate, ancien vice-président de Bill Clinton), qui a fait l’éloge de la loi de Biden sur la réduction de l’inflation et des mesures environnementale ainsi que des résolutions sur le méthane annoncées par les États-Unis et la COP, a déclaré : « Bien sûr, la poursuite de l’octroi de droits de forage pétrolier et gazier sur les terres publiques est un sujet de préoccupation ».

Selon Climate Action Tracker, depuis la signature de l’Accord de Paris sur le climat en 2015, aucune des 194 nations signataires n’a respecté ses engagements. Et le dernier rapport de l’ONU indique que le monde ne parvient pas à atteindre ses objectifs climatiques. La COP28 pourrait représenter un progrès limité, mais nous sommes confrontéEs à une catastrophe mondiale, et il faudra des mouvements sociaux et des actions politiques plus puissants pour mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles et faire réellement face à la crise climatique.

Traduction Henri Wilno

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Dan La Botz

L’auteur est un professeur d’université américain et un militant de l’organisation socialiste Solidarity.

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