Actuellement, une vague de colère soulève les régions du Québec. À juste titre, divers acteurs et actrices qui œuvrent à la vitalité économique, sociale et culturelle de nos territoires se sentent laissés pour compte par ce gouvernement. Les citoyennes et citoyens des régions sont les sacrifiés dans cette sinistre liturgie de l’austérité budgétaire. L’administration publique est de moins en moins en mesure de remplir ses missions, soit d’offrir des services de proximité, de veiller à l’application des lois et des règlements et au respect des droits. La tendance se dessine depuis une quinzaine années : fermeture de bureaux, déshumanisation de la relation entre l’État et les citoyens, externalisation ou disparition de services. Le gouvernement voudrait à terme transformer l’administration publique en un système de gestion automatisé et centralisé qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Les exemples permettant d’illustrer cette dégradation des services offerts par l’administration publique ne manquent pas. À Revenu Québec, les comptoirs d’accueil semblent voués à l’extinction, cibles d’une vaste réforme organisationnelle. Ces dernières années, les fonctionnaires y ont reçu plus de 400 000 visites annuellement ; des citoyennes et des citoyens perdus dans les dédales du système fiscal québécois qui, au nom de la « modernisation des services », n’auront bientôt plus accès à ce service de proximité dans leur région. Quant au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, il devra bientôt être rebaptisé ministère du « débrouille-toi ». Fermeture de Centres locaux d’emploi, centralisation du traitement des dossiers, renvoi des citoyens vers les services en ligne ou téléphoniques : tout y est mis en œuvre pour réduire le plus possible les interactions entre les fonctionnaires et la population. À la Régie des rentes, on a fait disparaître l’adresse du bureau dans le bottin et sur le site Internet de l’organisme pour être bien certain que personne n’aura l’idée saugrenue de se présenter à l’accueil.
La fonction publique, parce qu’elle est essentielle à l’exercice des droits et libertés, agit comme rempart de nos assises démocratiques. À la Commission des normes du travail, un téléphone accueille désormais les travailleuses et les travailleurs souvent désemparés qui viennent dénoncer des abus dont ils sont victimes. À la Régie du logement, la personne déroutée par les démarches administratives est renvoyée à des organismes communautaires, alors que ceux-ci peinent déjà à remplir leur propre mission. Partout, les délais de traitement s’allongent, et des personnes renoncent à recourir à l’administration publique pour que soient respectés leurs droits fondamentaux.
La recette de ce sabotage planifié ? Asphyxie de la fonction publique par les coupes de personnel et la surcharge de travail, privatisation et sous-traitance de la prestation de services, le tout enrobé d’une bonne couche de « fonctionnaires bashing ». Le gouvernement employeur lui-même entretient cette image dévalorisante des employées et des employés de l’État pour mieux justifier les cures imposées à la fonction publique.
La lutte contre l’austérité se mène sur plusieurs fronts. Au nom d’une logique comptable, les politiciens au pouvoir et leurs médias complaisants cherchent à délégitimer les aspirations d’égalité, de solidarité et de justice sociale. La défense des services publics, parce qu’elle s’inscrit dans la lutte pour la préservation des institutions dont la raison d’être est la protection de l’intérêt général et du bien commun, est un dénominateur commun de nos mobilisations. L’heure est à la coalition de nos forces dans toutes les régions du Québec pour refuser l’austérité et le saccage de nos services publics.