photo et article tirés de NPA 29
Un projet de recherche international a révélé les niveaux de microplastique les plus élevés jamais enregistrés sur le fond marin, avec jusqu’à 1,9 million de fragments en une fine couche au mètre carré.
Plus de 10 millions de tonnes de déchets plastiques pénètrent dans les océans chaque année. Les déchets plastiques flottants en mer ont suscité l’intérêt du public grâce à l’effet « planète bleue », qui a permis de décourager l’utilisation de pailles et de sacs en plastique pour boire (courant dans de nombreux pays du « sud »). Pourtant, ces accumulations représentent moins de 1% du plastique qui pénètre dans les océans du monde.
On pense que les 99% manquants se trouvent dans les profondeurs de l’océan, mais jusqu’à présent, on ne savait pas exactement où.
Publiées cette semaine dans la revue Science, les recherches menées par : l’Université de Manchester, le Centre national d’océanographie (Royaume-Uni), l’Université de Brême (Allemagne), l’IFREMER (France) et l’Université de Durham (Royaume-Uni) ont montré comment les courants des grands fonds marins agissent comme des courroies de transmission, transportant de minuscules fragments et fibres de plastique sur le fond des océans.
Ces courants peuvent concentrer les microplastiques dans d’énormes accumulations de sédiments, qu’ils ont appelés « points chauds microplastiques ». Ces points chauds semblent être les équivalents en haute mer de ce que l’on appelle les « tas d’ordures » formés par les courants à la surface de l’océan.
L’auteur principal de l’étude, le Dr Ian Kane de l’Université de Manchester, a déclaré :
« Presque tout le monde a entendu parler des tristement célèbres “plaques de déchets” en plastique flottant dans l’océan, mais nous avons été étonnés par les fortes concentrations de microplastiques que nous avons trouvées dans les fonds marins.
Nous avons découvert que les microplastiques ne sont pas répartis uniformément dans la zone d’étude, mais qu’ils sont plutôt distribués par de puissants courants du fond marin qui les concentrent dans certaines zones. »
Les microplastiques des fonds marins sont principalement composés de fibres provenant de textiles et de vêtements. Ces fibres ne sont pas filtrées efficacement dans les stations d’épura-tion des eaux usées domestiques et pénètrent facilement dans les rivières et les océans. Dans l’océan, elles se déposent lentement ou peuvent être transportées rapidement par des courants épisodiques ayant une teneur en matières qui le troublent (turbidité) – de puissantes avalanches sous-marines – qui descendent dans les canyons sous-marins jusqu’aux fonds marins.
Une fois dans les profondeurs, les microplastiques sont facilement ramassés et transportés par les courants continus du fond marin (« courants de fond ») qui peuvent concentrer de préférence les fibres et les fragments dans de grands amoncellements de sédiments.
Ces courants des grands fonds marins transportent également de l’eau oxygénée et des nutriments, ce qui signifie que les points chauds des microplastiques des fonds marins peuvent également abriter d’importants écosystèmes qui peuvent consommer ou absorber les microplastiques.
Cette étude fournit le premier lien direct entre le comportement de ces courants et les concentra-tions de microplastiques des fonds marins. Les résultats aideront à prédire l’emplacement d’autres points chauds microplastiques des grands fonds marins et orienteront la recherche sur l’impact des microplastiques sur la vie marine.
(Article publié dans Climate & Capitalism, en date du 4 mai 2020 ; traduction rédaction A l’Encontre)
Alencontre 5 mai 2020
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