Qu’est-ce qu’une ressource intermédiaire ?
Une ressource intermédiaire est une ressource d’hébergement privé qui offre l’hébergement, la nourriture, les soins d’hygiène, les services ménagers et les activités aux personnes âgées en perte d’autonomie. Le centre de santé et service sociaux fournit pour sa part les soins infirmiers et médicaux et est responsable de l’encadrement. En bref, les ressources intermédiaires sont des Partenariats-Public-Privé. Le gouvernement les subventionne en moyenne à hauteur de 35 000$ par personne par année.
Des ressources inadéquates, et la certification traîne
En fait, les CSSS placent illégalement des personnes âgées dans des résidences qui ne sont pas conformes aux exigences. La loi prévoit qu’avant d’offrir une place en résidence privée à un usager ou usagère, le CSSS a l’obligation de vérifier que l’établissement est titulaire d’une telle certification.
À Montréal, la majorité des places en ressources intermédiaires se trouvent dans des résidences non certifiées. En fait, il est fort possible que les CSSS n’aient tout simplement pas la capacité et les effectifs nécessaires pour encadrer adéquatement les ressources intermédiaires. Malgré les critiques qui fusent de toutes parts, Charest refuse encore et toujours de fixer un échéancier à la certification des établissements.
Prenons un instant pour s’attarder aux implications concrètes d’un établissement qui ne répond pas aux normes sociosanitaires. Le cas de la résidence Marquette se passe de commentaires tant le tout est révoltant. Le cas de la Villa St-Anne mis en lumière par la Presse le 16 février est également assez troublant. On explique qu’une odeur d’urine flotte dans l’établissement, que les employé-e-s sont tous unilingues anglais alors que plusieurs résidents ne parlent que le français, que la nourriture y est de piètre qualité et qu’elle manque de variété. Le roulement du personnel est également problématique (peut-être y a-t-il un lien à faire avec leurs conditions de travail ?!). Un résident raconte s’être fait donner un bain par 17 préposés différents au cours de la dernière année. Peut-être faudrait-il informer le gouvernement que la dignité et le bien-être des personnes âgées ne sont pas un choix politique facultatif.
Dans le même article, on fait aussi référence à une autre Ressource intermédiaire qui, elle, ressemblerait à un hôtel cinq étoiles. Une démonstration flagrante de l’inégalité et du danger de ce type de ressource où la qualité des soins est intimement liée au bon vouloir du propriétaire et à la capacité d’encadrement du CSSS de la région.
À qui profitent les ressources intermédiaires ?
Les contrats pour les ressources intermédiaires sont alloués sans appel d’offres, car ils n’ont pas à offrir le prix le plus bas, les subventions étant déterminées d’avance. À l’heure de la corruption et de la collusion, les ressources intermédiaires ne font pas exception. En effet, plus de 65% des 450 lits en ressources intermédiaires qui seront créés à Montréal d’ici 2012 ont été octroyés au même promoteur soit « Globa ». Et surprise, les deux propriétaires du groupe sont d’importants donateurs du Parti libéral du Québec. Madame Marois a eu beau s’époumoner en Chambre, le gouvernement ne bronche pas. Il apparaît que ce genre de pratique est maintenant monnaie courante et ne mérite même plus d’être camouflée.
PPP : le parfait exemple de l’échec
Le manque de certification et d’encadrement de ces ressources est indéniablement problématique et on ne dénoncera jamais assez fort les conditions de vie misérables des personnes âgées.
Cependant, le problème est plus profond que l’octroi de contrats et le placement de personnes dans des établissements non certifiés. D’abord parce que la certification ne garantit pas la qualité des soins. Le problème de fond est l’existence même de ces ressources intermédiaires. Comme l’a dit Jacques Fournier de l’association québécoise de défense des retraités : « En fait, les ressources intermédiaires ce sont des PPP avec tous les défauts des PPP. Plusieurs propriétaires entendent profiter au maximum de l’irresponsabilité du gouvernement qui se départit de ses fonctions sociales de base. La politique de privatisation du gouvernement nous amène vers des services de moindre qualité ».
Le gouvernement Charest freine l’ouverture de nouvelles places en CHSLD et envoie les aîné-e-s vers des ressources privées subventionnées sur lesquelles nous n’avons qu’un pouvoir très limité. Des ressources qui, les nombreux scandales nous l’ont prouvé, peuvent parfois être carrément qualifiées de dangereuses.
Les ressources intermédiaires ne font pas exception. Elles s’inscrivent dans un contexte de désinvestissement de l’État dans l’ensemble des sphères sociales et reflètent la vision néolibérale du gouvernement Charest : privatisation, déréglementation. À ressource égale, qu’elle soit subventionnée ou non, le privé ne peut assurer la même qualité de soins que le public. L’appât du gain et la quête aux profits ne peuvent se faire qu’au détriment des usagers. Que la poursuite du profit et l’obsession des diminutions de coût se fassent par des conditions de travail lamentables pour les salarié-e-s, par de la nourriture dégueulasse ou par des installations à rabais, l’équation est la même. Il est injuste et irresponsable que les conditions de vie des aîné-e-s soient en corrélation directe avec le niveau d’avidité du propriétaire.
Ces millions de dollars accordés à ces entrepreneurs auraient tout intérêt à être investis massivement dans les installations publiques. Faire confiance à « l’homme d’affaires » n’est pas un luxe que l’on peut se permettre lorsqu’il est question de la vie des gens.
Le gouvernement Charest se moque des besoins des aîné-e-s et des préoccupations de la population. Son objectif est clair : le démantèlement progressif des services publics québécois au profit des entrepreneurs et des amis du parti.
Parce que le recours aux ressources intermédiaires est une question de choix, manifestez le 12 mars !!!