La nouvelle guerre déclenchée par Israël contre la population palestinienne de Gaza remet en évidence l’hypocrisie et cynisme des gouvernements occidentaux et des médias, qui répètent jusqu’à la nausée leur discours sur « le droit d’Israël à se défendre ». Contre cette inversion orwellienne de la réalité – étant militairement occupés, ce sont bel et bien les Palestiniens qui jouissent de ce droit -, nous reproduisons ci-dessous un article de Sherry Wolf - rédigé en 2012 lors d’une précédente agression militaire contre Gaza - qui réaffirme l’importance de lier la solidarité avec le peuple palestinien avec le soutien à sa légitime résistance, y compris armée. (Avanti4.be)
Des 1,7 millions d’habitants qui vivent sous la terreur d’Israël à Gaza, 44% - soit environs 730.000 – ont moins de 14 ans. La Bande Gaza a 360 kilomètres carrés, presque la taille d’une ville comme Philadelphie, et se trouve entourée sur trois côtés par la frontière la plus militarisée du monde, tandis que sur la côte les navires israéliens patrouillent sur la mer méditerranée. Un simple coup d’œil objectif permet de comprendre que la Bande de Gaza n’est rien d’autre qu’une immense prison à ciel ouvert.
Il y a plus d’un air de ressemblance avec « 1984 », l’œuvre fameuse de George Orwell sur « Big Brother », lorsque le président Barack Obama déclare qu’ « Il n’existe aucune nation au monde qui tolérerait que des missiles étrangers tombent sur ses citoyens. Nous soutenons donc complètement le droit d’Israël à se défendre des missiles qui tombent sur les maisons de son peuple ».
En d’autres mots : Israël, qui possède l’arme nucléaire et a l’une des armées les plus puissantes du monde, a le droit de « se défendre ». Mais les détenus dans la prison de Gaza n’ont visiblement pas ce droit. L’argument d’Obama met la vérité et la justice sur leurs têtes. (…)
Une question de principe
Le droit des Palestiniens à résister à la terreur exercée par l’armée israélienne doit être défendu en tant que principe par tous ceux qui sont du côté des opprimés. (…) Des personnes qui vivent sous une occupation militaire ont parfaitement le droit de s’y opposer et les activistes solidaires doivent sans hésitation défendre ce droit.
Certains Occidentaux, bien qu’effrayés par les attaques d’Israël contre Gaza, sont réticents à défendre le droit du Hamas à tirer des roquettes sur Israël. Néanmoins, que les activistes solidaires soient d’accord ou pas avec les tactiques du Hamas n’a aucune importance : ce n’est pas nous qui devons souffrir des bombardements et de l’occupation israélienne.
Dénoncer l’horreur de l’agression par l’occupant tout en niant le droit des occupés à utiliser tous les moyens à leur portée pour se révolter, ce n’est pas faire de la solidarité, c’est exprimer de la peine.
Les Palestiniens qui vivent depuis des années dans une prison sans accès suffisant à la nourriture, aux médicaments, aux infrastructures et sans rien qui ressemble à une vie digne n’ont pas besoin de notre peine. Ils ont besoin de notre soutien actif dans leur lutte pour l’autodétermination.
Dans les médias on présente le Hamas comme une organisation de fous islamistes opposés à toute modernité, des gens acharnés à détruire Israël et qui sont misogynes et homophobes jusqu’à la moelle. Depuis sa création en 1987, avec le début de la première Intifada, le Hamas a en fait combiné les aspirations d’un mouvement de libération nationale avec les principes de l’Islamisme moderne. Il défend des positions socialement réactionnaires, tout comme les Juifs orthodoxes et les groupes chrétiens évangélistes américains – bien qu’à la différence de ces derniers ; le Hamas n’est pas contre la science.
Un symbole de détermination contre l’oppression
La réalité est que le Hamas a été démocratiquement élu à Gaza – il a gagné les élections au Conseil Législatif Palestinien en 2006 lors de scrutins jugés justes et propres par les observateurs internationaux. Ni Israël, ni les Etats-Unis n’ont apprécié le résultat de ces élections démocratiques et leur riposte fut la mise en place d’un blocus de Gaza et la punition collective continue de sa population pour le « crime » d’avoir voté pour le « mauvais » parti.
Dans de telles circonstances, la résistance militaire du Hamas à l’occupation israélienne est une source de fierté pour les Palestiniens. Les militants du Hamas n’ont sans doute pas une armée qui puisse se comparer avec la machine meurtrière de l’Etat israélien, équipé jusqu’aux dents avec la technologie la plus avancée du complexe militaro-industriel des Etats-Unis, mais leur résistance armée constitue toujours un symbole de détermination des Palestiniens à ne pas céder devant l’oppression et la violence.
Toute défense du droit à l’autodétermination du peuple palestinien doit inclure son droit de choisir sa propre direction et le droit d’organiser sa riposte au massacre perpétré par l’armée israélienne.
Au moment le plus aigu de l’occupation étasunienne de l’Irak, des activistes anti-guerre aux Etats-Unis exprimèrent des positions similaires sur la résistance irakienne. Une réponse claire à ces doutes fut avancée par Arundhati Roy, la célèbre écrivaine et activiste indienne. Ses paroles sont tout aussi pertinentes aujourd’hui : « Les mouvements de résistance (irakiens) combinent une grande variété de factions hétérogènes. Des ex-baathistes, des libéraux, des islamistes, des collaborateurs déçus, des communistes, etc. Bien entendu, ils sont également entachés par l’opportunisme, les rivalités locales, la démagogie et la criminalité. Mais si on ne se solidarise seulement qu’avec des mouvements purs, aucune résistance ne méritera jamais notre pureté. Avant de décréter comment la résistance irakienne parfaite devrait livrer sa bataille séculière, féministe, démocratique et pacifique, nous devons renforcer notre propre lutte de résistance en faisant pression sur le gouvernement des Etats-Unis et sur ses alliés pour qu’ils se retirent d’Irak ».
De la même manière, les Palestiniens qui vivent sous la botte d’une occupation brutale – et maintenant d’une guerre ouverte contre Gaza – n’attendent pas l’approbation idéologique du monde. Au contraire, ils exigent que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour contribuer à en finir avec leurs souffrances et pour arrêter les bombardements, le blocus et l’occupation.
Répondre à l’appel à la solidarité du peuple palestinien signifie de défendre son droit à résister à la terreur exercée par Israël.
Source : http://socialistworker.org/2012/11/20/gazas-right-to-resist
Traduction française et intertitres pour Avanti4.be : G. Cluseret.