Édition du 17 décembre 2024

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États-Unis

Le Sénat vote contre la déclaration d’urgence nationale du Président Trump ; sérieux revers

Le Sénat vient de défier le Président Trump. 12 Républicains.es ont voté avec les Démocrates pour donner une majorité contre la déclaration d’urgence nationale du Président en rapport avec l’immigration. Mais cette majorité n’est pas suffisante pour renverser le véto que D. Trump s’est engagé à utiliser. Ce sera le premier véto de sa Présidence. (…)

PBS News Hour, 14 mars 2019
Traduction et organisation du texte, Alexandra Cyr

Introduction

Le Sénat vient de défier le Président Trump. 12 Républicains.es ont voté avec les Démocrates pour donner une majorité contre la déclaration d’urgence nationale du Président en rapport avec l’immigration. Mais cette majorité n’est pas suffisante pour renverser le véto que D. Trump s’est engagé à utiliser. Ce sera le premier véto de sa Présidence. (…)

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Lisa Desjardins

Le Sénat à majorité républicaine a semoncé le Président Trump en votant contre sa déclaration d’urgence nationale à la frontière sud. Douze Républicains.es ont voté avec leurs adversaires démocrates pour rejeter la proposition du Président. Susan Collins, républicaine du Maine était de ce nombre. Parmi ses arguments, elle souligne que le Président en agissant comme il le fait, usurpe le pouvoir de dépenser qui appartient au Congrès. Elle déclare : « Nous devons nous lever pour défendre les pouvoirs institutionnels du Congrès comme les Pères fondateurs le voulaient ».

La douzaine de Républicains.es qui ont voté contre la déclaration du Président sont des conservateurs.trices modérés.es et des libertariens.nes.

Alors qu’il recevait le Premier ministre d’Irlande, le Président s’est engagé à appliquer son véto (à ce vote), défendant sa déclaration en invoquant des enjeux de sécurité : « Le monde entier se moque des lois que nous avons adoptées. Nous allons avoir une frontière solide très bientôt. Beaucoup de murs sont à venir ».

Avec sa déclaration, le Président prévoit tirer 3,6 milliards de dollars des projets de construction de la Défense pour bâtir le mur à la frontière. La loi sur les urgences nationales de 1976 donne au Président le pouvoir de déclarer les urgences. Est-ce que le Président actuel fait un mauvais usage de ce droit ? Voilà le débat du moment. Des sénateurs républicains soutiennent le droit présidentiel d’agir sur ce qu’ils et elles voient comme une véritable urgence à la frontière sud. M. Tom Cotton républicain de l’Arkansas est intervenu : « Nous sommes arrivés à un moment de crise. Ce n’est pas une crise institutionnelle. C’est une crise à la frontière, une crise de la souveraineté américaine. Quand des centaines de milliers d’étrangers.ères se présentent à la frontière sud et exigent d’entrer, ce n’est pas de l’immigration. C’est une urgence, une menace à notre souveraineté ».

Mais, depuis le début, les Démocrates ont soutenu que cette déclaration présidentielle est à la fois inutile et illégale. Le Démocrate Tom Udall du Nouveau Mexique, avec des collègues, a présenté la résolution qui met fin à l’urgence : « L’enjeu ici c’est notre serment qui nous oblige à soutenir et défendre la Constitution, de savoir si quelque Président que ce soit peut mettre le Congrès de côté et s’emparer de fonds cruciaux selon son bon vouloir. Nous avons la chance de nous opposer à la main mise non constitutionnelle sur le pouvoir ».

Le vote d’aujourd’hui est de loin le rejet le plus important du Sénat d’une politique présidentielle mais il y manque 87 voix pour empêcher un véto présidentiel. Comme cela viendra, le Président s’est encore exprimé sur Tweeter et par un seul mot : véto.

Judy Woodruff 

Nous sommes rejointes Lisa et moi par Yamiche Alcindor notre correspondante à la Maison blanche. (…)
Donc Lisa, il semble que ça ait été un vote difficile pour beaucoup de Sénateurs.trices républicains.es. Décrivez-nous les votes pour et contre la proposition présidentielle et la raison de ces votes. Et comment l’un d’eux a changé de position à la dernière minute.

Lisa Desjardins

C’était un votre éprouvant. Les Sénateurs.trices qui étaient sur les barricades subissaient d’énormes pressions de la part de la Maison blanche. À peine une demie heure avant le vote, le Sénateur Thom Tillis de la Caroline du nord a changé d’idée et son vote. À ce moment-là, il n’y avait qu’une poignée de reporters sur les lieux. Nous nous sommes tous et toutes regardés et demandés si nous avions bien entendu.

Il ne s’agissait pas de quelqu’un qui se soit déjà opposé au Président. En février, il a publié une opinion dans le Washington Post où il disait que cette affaire était d’importance constitutionnelle, qu’il serait intellectuellement malhonnête de soutenir cette déclaration d’urgence (nationale). Comment explique-t-il son revirement d’aujourd’hui ? Il invoque les discussions qu’il a en ce moment avec le Président. Il pense que les Sénateurs peuvent changer complètement leur manière d’approcher les urgences nationales. Mais, en même temps, les conservateurs.trices ont été très clairs.es et lui ont dit en pleine face qu’ils et elles allaient lui opposer un.e adversaire lors des primaires peut-être quelqu’un de plus populaire que lui comme M. Mark Meadows de Caroline du nord. Il dit que ça n’a rien à voir. Nous en saurons peut-être plus dans quelques jours.

Je ne veux plus parler de ceux et celles qui ont voté en faveur du Président aujourd’hui pour me tourner vers les autres qui ont voté contre. M. Jerry Moran du Kansas a publié une lettre écrite à la main, ce qui est inusité, pour expliquer pourquoi il a voté pour en finir avec la déclaration d’urgence. Je souligne cette ligne : « J’ai fait le serment de soutenir la Constitution des États-Unis. Je suis convaincu que l’usage des pouvoirs d’urgence dans les circonstances actuelles, viole la Constitution ». Son personnel dit qu’il a fait ce geste inhabituel d’écriture à la main pour démontrer à son électorat à quel point il est personnellement impliqué (dans cette affaire). Il voulait les toucher personnellement. C’est fascinant. Il a gagné son siège au Kansas par 20 points seulement. De son côté, Thom Tillis, soutient du Président Trump, a gagné par 4 points seulement. Qu’elle est la différence entre les deux ? Tom Tillis se représente lors des élections de 2020 et pas Jim Moran. Tous les Républicains.es qui se représentent en 2020 ont voté pour la proposition présidentielle sauf Susan Collins.

J.W. : Très intéressant, très intéressant. Alors, Yamiche nous savons que le Président a annoncé qu’il allait opposer son véto à ce résultat. Il a été très clair à ce sujet. Mais comment réagit-il à ces Sénateurs.trices qui ont voté contre lui ?

Yamiche Alcindor : C’est un étonnant revers pour le Président asséné par les membres de son propre Parti. Le Président a essayé très ardemment d’éviter cela. À la Maison blanche, avec ses collaborateurs.trices il a multiplié les discussions avec les législateurs.trices pour fortement les inciter à ne pas voter contre lui. J’ai lu 2 « tweets » qui, me semble-t-il, ont structuré le message vers les Sénateurs.trices. On peut lire dans le premier qui a été émis avant le vote : « Ne votez pas du même côté que Pelosi ». Et dans le 2ième, après le vote, alors qu’il était clair que le vote était allé dans ce sens, on peut lire : « Je remercie les solides Républicains.es qui ont voté en faveur de la sécurité à la frontière et le mur dont nous avons désespérément besoin ».

Ici, il remercie ceux et celles qui sont restés.es avec lui. Mais rien n’est dit aux 12 qui ont voté contre lui. La Maison blanche ne tient pas non plus compte de ces gens qui employaient des mots comme dangereuse et royale pour décrire la déclaration d’urgence nationale du Président.

J’ai parlé à un représentant de haut rang de la campagne de D. Trump. Cette personne m’a déclaré que les attentes sont minimes ici. Mais la chose la plus appréciable c’est que le veto ne peut être renversé et que le Président considère qu’assez de Républicains.es l’ont suivi. Il n’aura donc pas à faire face à des réprimandes de la part du Congrès. La Maison blanche annonce aussi que le Président devrait prononcer son véto très, très bientôt. Il n’y a pas de temps précis prévu. Il est important de noter que le Président Trump en sera à son premier véto. Le Président Obama en a prononcé 12. On ajoute aussi que, oui, cela fait partie de la tâche ; il faut le faire.

J.W. : Donc une situation nouvelle pour le Président. Lisa Desjardins, Yamiche Alcindor, merci à vous deux.

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