tiré de l’Humanité
« À six mois du vote, la France plus à droite que jamais ». Dans son édition du mercredi 27 octobre, /Le Figaro/ ne cache pas sa joie et l’étale sur deux pages. Le titre de l’ensemble masque mal une forme de jubilation : « La société française se droitise à l’orée de l’élection présidentielle. » Le tout repose sur une enquête de la Fondapol ( la Fondation pour l’innovation politique ), dont le directeur général est Dominique Reynié, politologue et ancien candidat ( très malheureux ) UMP lors de l’élection régionale en Occitanie. On ne fera pas insulte à la méthodologie du sondage sur lequel tout cela repose, mais l’échantillon sollicité semble manifestement très singulier. Parmi les préoccupations des Français, « réduire le réchauffement climatique » apparaît à égalité avec « réduire l’influence de l’islam » ( mais loin derrière « réduire la délinquance », qui arriverait en tête ), alors que toutes les enquêtes d’opinion placent plus haut le changement climatique.
La « droitisation de l’espace politique » est imagée par une infographie bien évocatrice. 34 % des « répondants » disent qu’ils sont « certains », qu’il y a « de fortes chances » ou qu’ « il est possible » qu’ils votent pour un candidat de gauche, contre 56 % pour un candidat de droite. Ce qui fait 90 % et pas 100 %, mais passons. /Le Figaro/ détaille les candidats de chaque camp. Surprise : Emmanuel Macron n’y apparaît pas. Pour les besoins de la cause, il a été incorporé, mais sans être nommé, au champ indistinct de la droite avec Xavier Bertrand, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen et Éric Zemmour. Eh oui, pour /Le Figaro/, l’extrême droite, c’est aussi la droite. L’éditorial ne fait d’ailleurs pas de cachotteries. Titre : « Les trois droites ». Exergue : « La présidentielle ne peut échapper à la droite, mais laquelle ? » Peu importent le flacon et la méthode, pourvu qu’on ait l’ivresse.
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