La présidente du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ), Nathalie Savard, croit que l’incapacité du CISSS de la Côte-Nord de retenir « son monde » à la Direction des ressources humaines est très révélatrice du climat de chaos administratif qui règne dans les établissements de santé de la région.
« Quand les directrices de ressources humaines quittent en catastrophe les unes après les autres, c’est peut-être parce que Gaétan Barrette a créé une structure monstrueuse ingouvernable. Nous l’avons dit depuis le début : ça n’avait aucun sens de créer une seule structure pour desservir une population de 95 000 personnes, dispersées sur un territoire qui s’étend de Tadoussac à Blanc-Sablon, avec 1 300 kilomètres de littoral », constate Nathalie Savard.
Improvisation jour après jour
Rappelons que le CISSS est né de la fusion imposée des établissements de santé et de services sociaux de la région.
« Le CISSS compte 3 500 employés et il n’y a personne à la Direction des ressources humaines pour diriger le navire. Cela a de sérieuses conséquences sur la qualité des relations de travail, les conditions de travail de nos membres et, par le fait même, les services à la population. Le CISSS n’a aucune vision globale touchant la gestion de son personnel et on improvise jour après jour, sans régler aucun problème à long terme. »
Gestion débridée des ressources humaines
La leader syndicale ajoute que cette absence de leadership se traduit par une gestion débridée des ressources humaines. « Nous vivons une grave pénurie de personnel, mais il n’y a aucune stratégie pour y faire face. Les postes vacants ne sont pas comblés, la charge de travail s’alourdit, le temps supplémentaire augmente et le taux d’absentéisme pour maladie est à la hausse chez nos membres. C’est extrêmement troublant », mentionne Nathalie Savard.
Une chaise vide aux graves conséquences
Cette dernière ajoute que ce vide à la Direction des ressources humaines a également des conséquences sur les services à la population. Ce chaos, combiné à des compressions budgétaires récurrentes, a engendré une désorganisation majeure dans nos établissements de santé.
« Pensons seulement au service d’hémodialyse situé à Sept-Îles pour desservir la population de la région. Actuellement, le nombre d’infirmières en poste est insuffisant, puisque nous ne parvenons qu’à traiter douze patients par semaine. Pourtant, nous devrions pouvoir accueillir seize patients. Il manque donc de personnel. Ce qui fait que plusieurs malades de la région doivent se rendre à Québec pour recevoir leur traitement. Pour répondre aux besoins de la population, des infirmières devront faire des quarts de travail de 12 heures par jour, ce qui aura des conséquences sur leurs collègues qui devront faire plus d’heures supplémentaires. Cette situation nous amène à nous questionner sur la suffisance du budget que le CISSS reçoit pour le service d’hémodialyse. »
Une pression inacceptable
Nathalie Savard précise que ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres. « La pression que subissent nos membres, de Blanc-Sablon à Tadoussac, pour donner des soins et services de qualité à la population est énorme et inhumaine. Leur contrat de travail prévoit des semaines d’environ 37 heures et demie, alors que la majorité se voit demander du temps supplémentaire ou imposer du temps supplémentaire obligatoire chaque semaine. Pas surprenant que le personnel soit à bout de souffle et que le taux d’absentéisme soit à la hausse », mentionne la présidente du SIISNEQ-CSQ.
En conclusion, Nathalie Savard croit qu’il est temps que l’employeur discute avec le syndicat pour trouver des solutions aux problématiques criantes et inacceptables.
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