Cet événement marquait la fin d’une vaste programmation de recherche partenariale menée sur une période de plus de six ans, et impliquant quatre grands regroupements québécois travaillant auprès de femmes victimes de violence (Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle, Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte aux agressions à caractère sexuel, Fédération des maisons d’hébergement pour femmes) et des universitaires issues de diverses disciplines et différentes universités (UQAM, Université de Montréal et Université d’Ottawa).
Le dévoilement des résultats visait également à présenter les recommandations découlant des grands constats issus des trois phases de cette programmation de recherche, qui appelle à mettre fin aux inégalités dans l’accès à la justice pour les femmes victimes de violence au Québec, par une transformation du système pénal québécois et par la mise en place d’actions concertées dans toutes les sphères sociales pour mettre fin à la violence envers les femmes.
Judith Vernus, Sophie-Anne Morency et Rachel Chagnon (UQAM), Marie-Marthe Cousineau (Université de Montréal), Louise Riendeau (Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale) ainsi que Jennie-Laure Sully (Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle) ont donc présenté les perceptions, expériences et expertises de professionnel·le·s du système pénal travaillant auprès des femmes victimes de violences sexospécifiques, recueillies lors d’entretiens effectués avec des intervenantes des CAVACs (11), des avocates (7) et des policier·ère·s (19), ainsi que les recommandations qui en découlent.
« À l’issue de cette 3e phase, nous avons pu constater une grande convergence entre les points de vue exprimés concernant les obstacles rencontrés par les femmes victimes (Phase 1) dans leur quête de justice, par les intervenantes auprès de femmes davantage marginalisées (Phase 2) et également concernant les pistes de solutions proposées, incluant par les acteur·trices judiciaires (Phase 3) » rapporte Louise Riendeau du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.
En effet, tout comme dans les phases 1 et 2, les résultats de cette dernière phase de recherche amènent à constater que le système judiciaire ne permet pas, à l’heure actuelle, de répondre de manière satisfaisante aux attentes et besoins des femmes victimes de violences sexospécifiques. Des mythes, préjugés et discriminations persistent et sont des obstacles majeurs aux dénonciations des femmes ; plusieurs obstacles sont rencontrés dans l’accompagnement des victimes de violences sexospécifiques dans le système judiciaire ; et le statut de victime est quasi inexistant dans le système pénal.
Cette troisième phase de recherche a également permis de mettre en lumière le regard que portent les acteur·trice·s judiciaires sur l’expérience vécue des femmes victimes de violence dans le système et l’importance de mettre en place un continuum de formations et de pratiques adéquates pour ces professionnel·le·s du système pénal.
Dans le contexte où les réponses que le gouvernement et les institutions tentent d’apporter pour assurer un meilleur traitement judiciaire des violences sexospécifiques sont en voie de changement, une convergence entre les résultats de cette recherche et les réformes en cours est tant à relever qu’à espérer.
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