Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Laïcité : la dérive caquiste

Ecrit par Jean-Claude Ravet

La volonté de la Coalition Avenir Québec (CAQ) d’aller de l’avant avec son projet de loi sur la laïcité de l’État nous oblige à rappeler quelques-unes des balises fondamentales de la laïcité, sauf à vouloir la réduire à sa conception française.

tiré de : http://blogue.revuerelations.qc.ca/2018/10/05/laicite-la-derive-caquiste/

Le parti semble méconnaître celles-ci en voulant intégrer les enseignants dans la catégorie des agents de l’État à qui serait imposée l’interdiction de porter des signes religieux dans le cadre de leur fonction.

Or, la laïcité de l’État n’est pas un jugement sur la religion et n’implique aucunement que des personnes croyantes soient exclues de l’exercice d’une fonction de représentation de l’État ou de toute autre profession au sein de nos services publics. Tous doivent être traités en égaux, croyants et non-croyants. Ce que la laïcité affirme, c’est que l’État, en tant qu’institution, ne s’identifie à aucune religion. Ce principe posé et affirmé – fondé lui-même sur le fait que la religion n’est pas le principe devant structurer et organiser la réalité sociale et collective – n’exclut pas que les individus qui œuvrent au sein de l’État expriment leur appartenance à telle ou telle religion : celle-ci n’est pas, d’emblée, incompatible avec leur charge.

Au terme du débat public sur la laïcité qu’a généré la Commission Bouchard-Taylor, seulement trois catégories d’emplois – les juges, les policiers et les gardiens de prison – ont été ciblées par l’interdiction d’afficher ouvertement sa croyance religieuse, ces emplois comportant une fonction fortement coercitive. Tous les partis, sauf le Parti libéral, pouvaient à l’époque se rallier à cette recommandation, fruit d’un compromis malgré tout questionnable. Il n’a jamais été question de viser les employés de l’État en position d’autorité, comme souhaite le faire la CAQ.

Car alors il faudrait que les femmes et les hommes politiques eux-mêmes s’y plient, ce qui ne peut être le cas. En voulant intégrer les enseignants et les enseignantes dans la catégorie des professions qui pourraient être soumises à l’interdiction de tout port de signe religieux, la CAQ s’écarte radicalement des principes de base de la laïcité et même de ce compromis issu du rapport Bouchard-Taylor. Depuis quand peut-on assimiler la fonction d’enseignant à la coercition ? Sans parler du fait que les enseignants et les enseignantes n’ont jamais été identifiés à des agents de l’État au Québec, même si leur emploi relève de la fonction publique.

La CAQ ne peut en aucun cas parler comme elle le fait d’un consensus existant dans la population sur cette question. Sans même avoir pris le temps de former le gouvernement, la voilà qui prend plutôt le même chemin erroné que celui dans lequel le Parti québécois s’est enlisé à l’époque de la « Charte de la laïcité », qui lui a coûté les élections en 2014 et miné durablement sa crédibilité auprès de larges pans de l’électorat, contribuant à son déclin.

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