Tiré de Asialyst
9 novembre 2024
Par Pierre-Antoine Donnet
Donald Trump, lors de son discours de victoire après sa réélection à la présidence des États-Unis, le 5 novembre 2024. (Source : CBS)
Pour Zhang Junhua, chercheur associé à l’Institut européen pour les études asiatiques, « sur le plan politique, cette régression constitue un précieux cadeau pour le camp autoritaire à travers le globe. Xi Jinping et Vladimir Poutine vont certainement, au fond de leur cœur, se réjouir des résultats de cette élection ».
*Le Quad est un forum de dialogue quadrilatéral informel sur les sujets militaires et de sécurité regroupant les États-Unis, l’Inde, le Japon et l’Australie.
« Car, poursuit le chercheur cité par la Deusche Welle, ils savent que les quatre prochaines années ne vont pas seulement plonger la démocratie américaine dans une période paroxystique mais elles donneront plus de place à ceux qui, aux États-Unis, sont partisans de réduire au maximum le champ d’action de l’État de droit, de la démocratie et de la justice. Les alliances démocratiques en Asie pour lesquelles le président Joe Bien a travaillé si dur pour les construire, telles que celle avec le Japon, la Corée du Sud et Taïwan, et le Quad* seront affectées directement et de façon désastreuse. »
« En d’autres termes, cela va donner à la Chine, en conjonction avec la Russie, une opportunité pour imposer sa volonté en Asie de l’Est, dans le détroit de Taïwan et en mer de Chine du Sud », explique Zhang Junhua pour qui le mandat de Donald Trump aura pour autre conséquence d’éloigner l’Europe de l’Asie-Pacifique du fait de la montée des périls attendus à ses frontières avec le spectre d’une victoire de la Russie en Ukraine. « En résumé, remarque Zhang Junhua, à la surface il s’agit d’une grande victoire pour le conservatisme en Amérique mais, en réalité, c’est une victoire encore plus grande pour l’autoritarisme mondial. Tout ceci est très néfaste pour la situation sécuritaire en Asie-Pacifique. »
Pour Mathieu Duchâtel, expert de la Chine à l’Institut Montaigne, si Donald Trump « a laissé un excellent souvenir à Taïwan » lorsqu’il était à la Maison Blanche « en décidant de contrer enfin le mercantilisme chinois, […] plusieurs raisons invitent à une prudence extrême quant à la continuité de sa politique taïwanaise avec les approches économiques, diplomatiques et militaires qui ont marqué son premier mandat. » Outre l’avenir de l’Ukraine plus incertain que jamais, « pour Taïwan, il semble clair que son statut de démocratie libérale aura peu de valeur stratégique aux yeux de l’exécutif américain, et qu’il sera nécessaire de verser des « frais de protection », sous une forme ou une autre ».
Mais, précise Mathieu Duchâtel, « ces dernières années, Taïwan a donné une belle leçon de lucidité aux démocraties européennes, en détectant avant tout le monde la gravité de la pandémie de Covid. […] Il est tout à fait possible que l’île parvienne, par des manœuvres tactiques qui épouseront les priorités de « l’America First » en matière d’emploi industriel, de rééquilibrage des relations économiques avec la Chine, de recherche de suprématie technologique et de crédibilité accrue de sa posture de défense, à assurer non seulement sa survie, mais aussi sa prospérité continue. »
« Nouvel épisode de montagnes russes »
On se rappelle les propos menaçants tenus en pleine campagne électorale par Donald Trump envers l’ancienne Formose : « Taïwan. Je connais très bien les Taïwanais, je les respecte beaucoup. Ils ont pris environ 100 % de notre industrie des puces. Je pense que Taïwan devrait nous payer pour sa défense. Vous savez, nous ne sommes pas différents d’une compagnie d’assurance. Taïwan ne nous donne rien en échange. » Évoquant Taïwan dans une autre déclaration, il avait en octobre déclaré qu’avec lui à la Maison Blanche, il n’aurait pas à faire usage de la force pour empêcher la Chine d’imposer un blocus autour de l’île rebelle, car Xi Jinping sait qu’il est « cinglé » et que dans une telle situation, il imposerait de tels tarifs douaniers que ceux-ci auraient pour effet de paralyser la Chine.
Le 47ème Président des États-Unis avait dans un passé récent exprimé des exigences de contributions financières comparables à l’égard de la Corée du Sud, estimant que ces deux pays, bien que des alliés précieux pour l’Amérique et son influence dans la région, devraient payer plus cher la protection militaire apportée par Washington.
Sa victoire n’est pas non plus pour réjouir les dirigeants de l’OTAN. Ces derniers n’ont pas oublié sa politique étrangère passée lorsqu’il était à la Maison Blanche : à savoir, reléguer au second plan de ses priorités les engagements des États-Unis au sein du Traité de l’Atlantique Nord qui rassemble 32 pays et les obligent à intervenir militairement pour défendre tout État membre qui serait attaqué. Peu de responsables politiques occidentaux envisagent une décision de sa part de retrait des États-Unis de l’Alliance. Mais tous se souviennent des menaces récentes de Donald Trump d’exiger de autres membres de participer davantage au financement du fonctionnement de l’OTAN, les accusant de profiter à bon compte de la protection américaine.
« La réalité est que les dirigeants de l’OTAN sont sérieusement inquiets de ce que va signifier sa victoire pour l’avenir de l’Alliance et de comment sa force de dissuasion sera perçue par les dirigeants qui lui sont hostiles », commentait la BBC au lendemain des résultats du scrutin américain. Le média britannique le rappelle : l’approche de Donald Trump à l’égard la Chine « est le domaine stratégiquement le plus important de sa politique étrangère et qui a les plus grandes implications pour la sécurité mondiale et le commerce ».
Le président-élu a plusieurs fois loué ses relations qu’il dit « étroites » avec Xi Jinping qu’il a qualifié tour à tour de « brillant » ou « dangereux », saluant néanmoins un dirigeant qui parvient à contrôler 1,4 milliard de Chinois d’une « main de fer ». Des qualificatifs qui ont fait dire à ses détracteurs qu’ils y voient là son admiration pour les dictateurs.
Aux yeux de la plupart des analystes, Donald Trump, comme durant son premier mandat, fera des enjeux et des gains commerciaux une priorité de sa politique étrangère avec la Chine. En cela, il restera fidèle à son approche transactionnelle d’homme d’affaires dans sa gestion des relations internationales, les questions d’ordre humanitaire, idéologique ou géopolitique étant à ses yeux de peu d’importance.
Mais c’est sans doute la nature imprévisible de Donald Trump qui inquiète le plus tout autant la Chine que les alliés des États-Unis, y compris en Asie de l’Est. La nature même du fonctionnement du Parti communiste chinois est fondée sur la stabilité, le régime de Pékin ayant horreur de tout imprévu non anticipé.
La victoire de Trump « marque le début d’un nouvel épisode de montagnes russes dans la politique étrangère américaine, souligne le magazine américain Foreign Policy. Le président-élu va probablement revenir aux points saillants de son premier mandat : une guerre commerciale avec la Chine, un profond scepticisme et même de l’hostilité envers le multilatéralisme, un attrait pour les hommes forts et son style iconoclaste de conduire la diplomatie basé sur son approche fondamentale qui est la paix par la force. »
« Être prévisible est quelque chose de terrible »
Pour le Financial Times, le doute n’est pas permis : « Les alliés traditionnels de l’Amérique en Europe et en Asie de l’Est – sans même mentionner ses ennemis – sont tous bien placés pour savoir que Donald Trump veut les laisser dans le brouillard sur ses plans. Pourtant, pour certains dossiers, ses assistants disent que tout est parfaitement clair. Ils insistent [et affirment] qu’il est prêt à agir avec une vitesse vertigineuse pour mettre fin aux guerres en Ukraine et au Moyen-Orient. »
« Mais en même temps, ajoute le quotidien britannique, il a l’intention de brandir la menace de taxes douanières toujours plus élevées pour pousser les alliés de l’Amérique à dépenser plus pour la défense et équilibrer leurs relations commerciales avec les États-Unis tout en maintenant la pression sur la Chine. Il est un sujet à propos duquel la plupart des alliés de l’Amérique n’ont guère de doute : ils vont entretenir une relation turbulente avec le second Trump à la Maison Blanche », en raison surtout du fait de son caractère imprévisible.
Sur ce sujet-là, ses confidents estiment que leur inquiétude est fondée. « Être prévisible est quelque chose de terrible, explique Ric Grenell, l’un des proches du nouveau président qui, selon le Financial Times, pourrait être appelé à jouer un rôle proéminent dans la future administration Trump. Bien sûr, l’autre côté [les ennemis des États-Unis] demandent de la prévisibilité. Trump n’est pas prévisible et nous les Américains nous aimons cela. »
D’après Ric Grenell, un accord global avec la Chine ne conduirait pas nécessairement Trump à devenir plus arrogant. « Ils n’attendent pas patiemment qu’on leur fasse des leçons de morale sur ce qui se passe à des milliers de kilomètres. Ils vont regarder de près l’équilibre des forces en Asie et notre engagement là-bas. Le plus important [pour les Chinois] est plutôt leur intérêt à maintenir une Russie affaiblie par une longue guerre pour qu’elle devienne ainsi plus dépendante de la Chine. » Raison pour laquelle l’Amérique doit utiliser ses forces de dissuasion pour éviter une guerre avec la Chine.
Cité par le Financial Times, Mike Waltz, l’une des voix qui compte dans les rangs conservateurs de la chambre des Représentants du Congrès américain, réaffirme que la Chine constitue « une menace existentielle pour les États-Unis du fait du renforcement de ses capacités militaires. La flotte chinoise est plus grande que la nôtre. Nous devons nous efforcer de consolider notre [niveau de] préparation. » Mais pour aussitôt souligner qu’aux yeux de Donald Trump, la Chine a plus besoin des États-Unis que l’inverse : « Il parle beaucoup plus d’accord commerciaux, de taxes douanières et de monnaies que ce que nous ferons en cas de conflit dans le détroit de Taïwan. Il croit que nous faisons usage de la force économique qui, appuyée par une présence militaire, peut éviter ces guerres. »
Un autre politicien Républicain, le sénateur William Francis Hagerty souligne que Donald Trump demeure résolu à agir en cas de guerre à Taïwan et qu’il continuera une politique de dissuasion forte pour éviter une tentative d’invasion chinoise. « Xi Jinping sait que s’il décide d’une action agressive, Donald Trump infligera des conséquences réelles », affirme-t-il.
Officiellement et pour des raisons purement diplomatiques, les autorités taïwanaises n’ont guère le choix sinon de se montrer positives et de dissimuler leur angoisse à propos d’un possible changement de camp de l’administration américaine à leur égard. « Le partenariat qui existe depuis longtemps entre Taïwan et les États-Unis, bâti sur des valeurs et des intérêts communs, continuera à servir de pierre angulaire à la stabilité régionale », a ainsi prudemment réagi le nouveau président de Taïwan Lai Ching-te dans un tweet mercredi.
Mais pour certains analystes, Donald Trump pourrait bien un jour céder aux pressions de Pékin et juger obsolète la position américaine observée par ses prédécesseurs sur la question de Taïwan en fonction des contreparties que pourrait lui offrir la Chine. « Il pourrait accepter de négocier le retour [de Taïwan] à la Chine si [les Chinois] lui donnent quelque chose qui aurait de l’importance pour lui », estime Stephen Young, un diplomate de carrière américain et ancien directeur de la représentation américaine à Taipei, cité par Politico le 7 novembre. « S’il leur fait une faveur [à propos de Taïwan], il leur demandera quelque chose de plus important en retour, juge Jason Hsu, un ancien élu du Kuomintang, le principal parti d’opposition de Taïwan, lui aussi cité par Politico. Nous avions des lignes directrices pour traiter avec [Kamala] Harris mais nous n’avons rien s’agissant de Trump. »
Certains élus républicains au Congrès américain ont déjà sonné l’alarme. Faillir dans la politique menée par les États-Unis pour dissuader la Chine de se lancer dans une opération militaire « serait une erreur catastrophique que nous ne pouvons pas répéter en ce qui concerne Taïwan », a ainsi déclaré le président de la Commission chargée de la Chine à la Chambre des Représentants, le républicain John Moolenaar.
Mauvais timing pour la Corée du Sud et le Japon
Ces inquiétudes sont aussi de mise en Corée du Sud où, sans le dire ouvertement, le gouvernement craint une réduction sinon même un départ des forces américaines stationnées sur le sol sud-coréen au moment où la Corée du Nord voisine est plus turbulente que jamais. « Il semble que la crainte d’un retrait [américain] s’amplifie », estime Chun In-bum, un ancien commandant des forces spéciales sud-coréennes cité mercredi 7 novembre par le média japonais Nikkei Asia. Un tel retrait, s’il devait se concrétiser, ne manquerait pas d’encourager la Corée du Nord à tenter d’envahir le voisin du Sud, insiste Chin In-bum : « Si les troupes américaines se retirent, nous pourrions assister à un monde complètement nouveau. » Les États-Unis stationnent quelque 28 500 soldats et entretiennent un dispositif militaire très conséquent en Corée du Sud dans le cadre d’un traité d’alliance entre les deux pays qui existe depuis la fin de la guerre de Corée en 1953.
À Séoul, personne n’a oublié les poignées de main amicales échangées entre Donald Trump et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un. Le 1er juillet 2019, il avait même franchi la ligne de démarcation et posé le pied en territoire nord-coréen pour venir à sa rencontre, donnant à son interlocuteur une accolade aussi spectaculaire qu’incongrue tant elle mettait en lumière la méconnaissance du président américain de la situation régionale. Cheong Seong-Chang, directeur du Center for Korean Peninsula Strategy de l’Institut Sejong, avait ouvertement déclaré devant la presse en octobre qu’un retour de Trump à la Maison Blanche associé aux menaces militaires croissantes posées par la Chine et la Corée du Nord, « des armes nucléaires pour la Corée du Sud seraient une nécessité, pas un choix ». Avec sa réélection, la Corée du Sud ne pourrait plus faire confiance aux États-Unis pour assurer sa défense, avait-il ajouté car Donald Trump allait « opter pour mettre sur pied une administration qui donnera la priorité aux intérêts américains plutôt qu’à ceux de ses alliances ».
Au Japon, cela fait des mois que l’administration nippone se prépare à une victoire de Donald Trump. Dans les allées du pouvoir, on utilisait le terme « moshi-tora » (« si Trump devient président ») depuis l’an dernier déjà. Ces dernières semaines, cette expression avait été remplacée par « hobo-tora » (« le probable président Trump »). L’inquiétude est, là aussi, surtout liée au caractère imprévisible du milliardaire new-yorkais et de son habitude d’user de méthodes transactionnelles de type commercial, exigeant des réponses immédiates plutôt que d’agir dans le cadre des liens bilatéraux sur la base des traités existants propres à répondre aux enjeux géostratégiques actuels.
De plus, la victoire de Donald Trump s’inscrit dans une période qui vient de s’ouvrir de grande instabilité politique au Japon, la coalition au pouvoir du nouveau Premier ministre japonais Shigeru Ishiba ayant perdu le mois dernier sa majorité lors des dernières élections législatives. Le risque est donc double : un nouveau président américain donnant la priorité à ses exigences commerciales au détriment du politique, du militaire et des alliances, et un gouvernement japonais contraint de prioriser les questions domestiques pour satisfaire les exigences de l’opinion publique et rétablir le soutien populaire qui lui fait défaut.
« Howdy Modi ? »
Pour l’Inde, un pays traditionnellement jaloux de son indépendance et hostile à toute alliance, la perspective du deuxième mandat de Donald Trump est la fois simple et complexe. Simple car le Premier ministre Narendra Modi avait entretenu des relations ouvertement amicales avec l’ancien magnat de l’immobilier, qu’il a d’ailleurs appelé « mon ami » lorsqu’il lui a envoyé ses félicitations. Récemment, celui qui va retrouver le Bureau ovale avait quant à lui déclaré que le chef du gouvernement indien était « le plus bel être vivant ».
Les deux hommes avaient multiplié les gestes réciproques de bonne volonté pour faire de leurs visites officielles de grands événements : en septembre 2019, Donald Trump avait utilisé l’expression « Howdy Modi ? » (« Comment ça va Modi ? ») à Houston devant son hôte et 50 000 Américains d’origine indienne enthousiastes. Ce qui fut un véritable événement médiatique aux États-Unis fut suivi par le « Namaste Trump » (« Bienvenue Trump ») en février 2020 lors de la visite du président américain dans l’État du Gujarat où celui-ci avait promis de renforcer les relations entre les deux pays.
Ces dernières années, l’Inde comptait sur les États-Unis pour contre-carrer l’influence croissante de la Chine en Asie. Mais lors de leur dernière rencontre le 24 octobre à Kazan en Russie, dans le cadre du sommet des BRICS, Narendra Modi et Xi Jinping ont, à la surprise générale, tous deux annoncé leur volonté de régler le contentieux frontalier en l’Inde et la Chine. Ce geste, en toute logique mûrement préparé de part et d’autre, n’est pas passé inaperçu dans les chancelleries occidentales : il pourrait traduire l’amorce d’un réel réchauffement entre les deux voisins rivaux qui, du même coup, réduirait d’autant l’importance pour New Delhi de cet aspect des relations entre l’Inde et les États-Unis.
« Trump devrait approfondir l’engagement géopolitique avec l’Inde et le Quad tout en intensifiant son opposition à la Chine », juge Ajay Bisaria, un ancien diplomate indien cité par la Deutsche Welle. Un optimisme que ne partage pas Raja Mohan, expert indien des relations internationales pour qui la doctrine de Donald Trump « America First » pourrait entraîner des hausses de droits de douane sur les exportations indiennes dont souffriraient les secteurs des hautes technologies, de la pharmacie et du textile.
« Trump avait un jour qualifié l’Inde de « roi des taxes douanières » et fait connaître son intention de mettre en œuvre un système de réciprocité s’il était réélu, ce qui pourrait compliquer la dynamique entre les deux nations », explique cet expert, aujourd’hui professeur au Institute of South Asian Studies de Singapour. « La deuxième présidence Trump met en lumière un équilibre complexe pour l’Inde marqué par des risques conséquents s’agissant du commerce et de l’immigration », ajoute Raja Mohan.
Certes, la volonté annoncée pendant sa campagne électorale par Donald Trump d’augmenter uniformément de 60 % les droits de douane pour les importations en provenance de Chine, si elles sont décidées, porteraient un nouveau coup très dur à l’économie chinoise déjà en grande difficulté. Elles pourraient même coûter à la Chine entre 1 et 2 % de PIB, selon certains analystes. Mais l’essentiel n’est pas là. Car, de fait, si Donald Trump, aujourd’hui conforté par une large majorité au Congrès, s’engage à nouveau dans une logique purement commerciale au détriment de la géopolitique comme il l’avait déjà fait lors de son premier mandat, le résultat pourrait bien être à nouveau une politique isolationniste avec un recul de l’influence globale des États-Unis dans le monde.
Or ce déclin américain, autrefois le « gendarme du monde », intervient au moment où l’équilibre mondial est fortement menacé, avec d’une part, la défiance toujours grandissante à l’égard des démocraties libérales et de l’autre, la guerre menée par la Russie en Ukraine depuis février 2022 ainsi que celle d’Israël contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban. Or cette glissade d’une Amérique en retrait voire en panne, déjà perceptible depuis plus d’une décennie, serait éminemment favorable à la poursuite de l’émergence politico-militaire de la Chine en Asie et sur la scène mondiale.
In fine, elle pourrait bien, à terme, donner raison à Xi Jinping pour qui, comme il l’a souvent répété à son « meilleur ami » Vladimir Poutine : « Le monde subit des changements sans précédent depuis un siècle. » Sous-entendu l’autre slogan auquel il se réfère sans jamais le dire : « L’Orient [la Chine] se lève et l’Occident [l’Amérique] est en déclin. »
Par Pierre-Antoine Donnet
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