La destitution de Dilma Roussef est un travail de diabolisation du Parti des Travailleurs qui a débuté avec les manifestations contre la hausse des tarifs d’autobus en juin 2015 orchestrées par les grands médias comme la Globo, la Rede Banderante et la télé Record qui appartient au fondateur de la plus grande église néo-pentecôtiste du Brésil, l’Église Universelle du Règne de Dieu, Edir Marcedo.
Après la réélection de Dilma en 2014, les députés des autres partis l’ont accusée d’avoir enfreint une règle comptable en empruntant sur le budget de l’année suivante pour verser des allocations aux familles démunies. Comprenez que le PT n’a jamais été majoritaire et qu’il a du négocier tous les projets favorisant le progrès social dans ce pays. Alors le congrès où 100 des 594 représentants sont des pasteurs évangélistes ultraconservateurs, a changé la loi afin d’accuser rétroactivement la présidente. Après sa destitution, le 30 août 2016, la loi a été rétablie dans sa forme originelle.
Les médias qui défendent les intérêts du grand capital accusent le PT d’être corrompu alors que les juges et la police semblent persécutés ce parti avec entrain. Suivant un scénario qui se répète dans tous les anciens pays progressistes d’Amérique latine, toutes sortes d’accusations sont lancées contre les anciens ministres et l’ancien président Lula. On l’accuse d’avoir reçu une résidence en bord de mer contre des contrats accordés par l’État. Or, il n’y a jamais mis les pieds, il n’existe aucun document légal en preuve et l’appartement a été inscrit comme garantie de prêt par la société immobilière qui l’a construit pour financer un autre édifice.
Lula a été condamné sans preuve à 12 ans de prison sur la parole d’un délateur qui a reçu une remise de peine pour ses fausses accusations. Au Brésil, les juges et les enquêteurs de police ont rompu leur impartialité et ils ont fait du pouvoir judiciaire une arme politique. Les médias de masse ont fait le reste en affirmant à satiété que le PT était une organisation criminelle. Malgré cela, le candidat à la présidence, Lula da Silva menait toujours dans les sondages. Il fallait à tout prix l’emprisonner avant qu’il n’ait épuisé tous ses recours légaux. Le scénario de l’oligarchie aidée des services secrets américains pour déstabiliser et dépecer le géant sud-américain a même dépassé ses objectifs.
En faisant la chasse aux politiciens corrompus, ils ont permis l’ascension du candidat d’extrême-droite Jair Bolsonaro élu avec 55% des voix. Son principal directeur de campagne n’est nul autre que Steve Banon, ancien conseiller du président Donald Trump. Celle-ci a été construite sur les fausses nouvelles envoyées sur WhatsApp, dont des milliers provenaient de pays étrangers comme les États-Unis et la Corée du sud.
Maintenant la voie est libre pour achever le travail de démolition de l’État brésilien entrepris par Michel Temer. Celui-ci a congelé les dépenses en santé, en éducation et en services sociaux pour les 20 prochaines années et cela a été inscrit dans la constitution. Il s’est aussi attelé à la privatisation des joyaux de la couronne comme Petrobras au profit des sociétés américaines et européennes.
Yves Carrier
Un message, un commentaire ?