Les auteures parlent, entre autres, de la publicité, de l’incorporation du besoin d’affirmation, de « formation identitaire centrée sur l’image et la vulnérabilité », de savoir faire sexualisé précoce, de sous-culture de sexe, de situation de dépendance et d’effacement, de culture du rêve, d’insatisfaction par rapport à son corps, de dynamique identitaire, de vêtements aguichants et dénudants, de consommation compulsive, du factice, de double standard dans le domaine de la sexualité…
Elles analysent cette « logique économique de mise en marché », la sexualisation des filles, l’action publicitaire consistant « à donner un caractère sexuel à un produit ou à un comportement qui n’en possède pas en soi », la construction de besoins présentés comme vitaux…
J’ai particulièrement apprécié les paragraphes sur la réduction de la personne à l’image qu’elle projette, la valorisation grâce à des moyens superficiels, les paradoxes (« être soi-même, une mode en soi », « le « style sportif » sans l’activité physique », « des produits pour être « naturelle » »), la recherche d’approbation…
Les auteures dénoncent l’éducation, non pour soi et pour ses besoins, mais pour le service d’autrui ; l’apprentissage du prendre soin de soi, de son corps pour plaire ; la construction d’« identité » à l’extérieur de soi…
Elles soulignent des éléments de la construction sociale de la féminité, la soumission inculquée, l’idée martelée d’une « différence irréductible entre les deux groupes de sexe », le renversement inventé de la domination dans la presse pour jeunes filles (les garçons seraient les victimes ! et il faudrait que les filles préservent et s’effacent devant leur « masculinité »)…
Sans oublier qu’il est important d’analyser les forces sociales et économiques, leurs contradictions, « derrière des actes en apparence personnels et choisis librement ».
Pierrette Bouchard, Natasha Bouchard et Isabelle Boily : La sexualisation précoce des filles
Editions Sisyphe, Montréal (Québec) 2005, 82 pages
Didier Epsztajn