Ces ateliers, offerts grâce à l’accompagnement et au financement de l’organisme Engrenage Noir/Rouage, ont permis aux participantes de travailler tout au long de l’année sur des réalités qui influent sur leur vie et leur présence dans la société. La subvention a permis l’embauche d’une artiste en résidence, Caroline Laplante, écrivaine et artiste multidisciplinaire, et d’intégrer ces ateliers au programme du Centre de femmes avec la participation de l’une des travailleuses et co-directrice, Mandoline Blier.
C’est un long processus artistique exploratoire qui s’est échelonné sur toute l’année qui a permis aux participantes des ateliers de mettre le doigt sur des injustices qu’elles vivent au quotidien, pour finalement dégager une revendication commune à toutes les femmes participantes : ‘’ Soutenez les groupes de femmes qui nous permettent d’exister, nous sommes citoyennes présentes dans le monde !’’
Le projet final, un court métrage de fiction écrit, joué et réalisé par les participantes des ateliers CréAction Mutu’Elles suit un épisode de la vie de cinq femmes qui décident de prendre leur avenir en main et par le fait même mettent le doigt sur les difficultés qui peuvent survenir durant ce processus.
C’est ainsi que nous partons à la rencontre de ces femmes qui se retrouvent à une présentation de plats ‘’Superware’’, et qui faute de moyens repartent les mains vides. Elles en profitent toutefois pour se partager leur réalité individuelle, leurs difficultés financières, bureaucratiques, à lire et à écrire, l’isolement social lié à la monoparentalité. De cette mise en commun des problématiques vécues par les femmes résultent une étincelle allumée par Social Dynamite (Kathya Tremblay-Béland), qui leur propose de ‘’Changer le monde un sourire à la fois’’ et de faire un spectacle ! Malgré les peurs, les difficultés de chacune des femmes elles s’investissent et se produisent en spectacle, en prestance solo et terminent par un numéro collectif où elles chantent, en chœur : ’’ À bas la pauvreté, c’est l’occasion rêvée de changer la société, Logements sociaux, Des chèques plus gros, Autonomie et liberté.’’
Dans une rencontre après le spectacle où elles dressent le bilan et constatent les pas de géantes parcourus par chacune d’elles, Martine, Séraphine, Clémentine, Social Dynamite, Mandarine, Sophia Lorine et Benjamine s’exclament en riant : On est In !
À l’écoute du court-métrage on prend l’ampleur des difficultés vécues par trop de femmes au Québec, dont l’une des racines communes est la pauvreté. On y découvre aussi la force du groupe, la mise en commun des ressources où surgit des possibles qui vont non seulement contribuer au mieux-être de chacune, mais aussi avoir un impact important au niveau de la société. Martine (Roxane Lavoie) déclare dans le court-métrage : ‘’ Ça va montrer que c’est pas parce qu’on a pas grand-chose qu’on ne peut pas redonner à la communauté. C’est important pis ça fait du bien de se sentir utile’’. En quelques mots, elle résume tout le processus de réappropriation du pouvoir (empowerment) personnel jusqu’à cet impact sur le collectif, la transformation sociale qui est au cœur des pratiques des organismes communautaires autonomes et le mandat principal d’Engrenage Noir ! Kathya nous partage quant à elle ce que cela lui a apporté au plan individuel, reconnaissant aussi les bouts plus difficiles du processus et déclare, à terme : ‘’Toute cette expérience m’a amené à me connaître un peu mieux moi-même. Sans elle, je ne serais pas qui je suis aujourd’hui, je ne me serais pas posé toutes ces questions. Je n’aurais pas repensé mes actions, mes buts. Je ne me serais pas arrêté pour réfléchir à qui je suis vraiment et de ça, je suis fière.’’
Le court-métrage est lui-même l’œuvre résultant d’un processus identique d’empowerment individuel et collectif, par l’expression de ses difficultés personnelles à l’aide de différents médias, dessins, collage, écriture, improvisation des ateliers de CréActions MutuElles pour concourir à la réalisation en groupe de la revendication collective. C’est au cours de ce processus que la forme artistique du court-métrage comme vaisseau de communication sociale a émergé, toujours dans le processus de mise en commun et de la créativité des femmes des ateliers d’art.
Oui, elles sont in ! Que ce soit par le fond ou la forme, le processus ou le résultat final, par les pas individuels ou l’impact social de leur œuvre, les femmes des ateliers CréAction MutuElles contribuent à l’amélioration de notre vivre ensemble. Et nous les en remercions.
Pour voir ou revoir le film, rendez-vous le 18 décembre à 17h00 à la Galerie d’art 1855 (1855 Cascades, Saint-Hyacinthe). Vous pouvez également y voir l’exposition des œuvres artistiques individuelles et collectives pendant tout le mois de décembre. Le blogue de CréAction Mutu’Elles : http://creactionmutuelles.com