Édition du 17 décembre 2024

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Le blogue de Donald Cuccioletta

La résistance s’organise contre les politiques de Trump

Les positions politiques énoncées par Donald Trump durant la campagne électorale sont connues de tous et elles constituent un virage à droite et réactionnaire : construire un mur contre les immigrants illégaux, tout en déportant 11 millions d’immigrants (maintenant le chiffre est de 2 à 3 millions) coupables d’actes criminels, les « changements climatiques » sont une supercherie inventée par des écologistes à laquelle il faut riposter par une augmentation massive de l’exploitation pétrolière en construisant davantage d’oléoducs. Un beau programme en perspective ! Toutefois, dans plusieurs régions des États unis, une certaine opposition à ces politiques néoconservatrices s’organise : les premières nations, des groupes communautaires et des maires forment des groupes de pression qui attendent de pied ferme le nouveau président républicain.

Depuis environ 20 ans, un curieux phénomène social et urbain a fait son apparition dans diverses régions du pays : les « villes sanctuaires ». Ces îlots urbains sont en fait des quartiers construits par des immigrants au cœur des grandes métropoles étasuniennes. On les surnomme ainsi parce que de nombreux immigrants s’y sont établis au cours des dernières années. Ces illégaux – en grande majorité des latinos-Américains – sont reçus là-bas comme de futurs citoyens des États-Unis et reçoivent par le fait même des services de santé, un logement, une éducation pour leurs enfants et, bien entendu, des emplois pour survivre dans la jungle urbaine. L’offre de ces services dépend évidemment de la richesse des villes où se trouvent les « sanctuaires ». Elles furent d’abord des initiatives de groupes communautaires appartenant à différentes églises, mais certaines d’entre elles reçoivent maintenant l’appui des maires et des conseils municipaux. Plus de 50 villes à travers les États-Unis possèdent désormais leurs « sanctuaires » : New York, San Francisco, Oakland, Seattle et beaucoup d’autres. On prévoit la construction de plusieurs autres sanctuaires pour se préparer aux politiques xénophobes qu’adoptera fort probablement l’administration Trump.

Déjà, les habitants et les fondateurs de ces « villes-sanctuaires » ont hautement condamné la volonté de déporter les immigrants illégaux de Donald Trump. Ils ont exprimé leur intention de résister à ses politiques discriminatoires et néo-fascistes et la réplique de ce dernier fut cinglante : « Nous mettrons un terme aux subventions de ces villes qui ne respectent pas les lois des États-Unis ! » Mais les menaces de Trump n’ont pas effrayé personne. Le chef de la police de San Francisco a fait entendre au nouveau président que la ville n’avait pas besoin de l’argent du gouvernement fédéral et que des associations vouées à recueillir des fonds pour subvenir aux besoins des habitants des « sanctuaires » seraient créées. Il faut aussi mentionner que la grande majorité de ces villes sont dirigées par des maires démocrates et des conseillers municipaux qui se disent progressistes, voire socialistes pour certains. Cela nous rappelle que la joute politique étasunienne se tient d’abord sur la scène locale et municipale. Les villes sont autonomes et souveraines sur leur territoire. C’est par elles que passera l’opposition au régime réactionnaire de Donald Trump.

Par exemple, les Ogalala Lakota – une communauté sioux de la réserve de Standing Rock dans le Dakota du Nord – se sont également organisés pour tenir tête à Trump et pour réclamer une totale souveraineté sur les décisions politiques qui concernent leur territoire. Ils luttent ainsi depuis plusieurs mois pour empêcher la construction d’un oléoduc qui traverserait la rivière Missouri, tout en envahissant une région considérée sacrée par les Premières Nations. Les compagnies pétrolières n’ont d’ailleurs pas attendu l’inauguration présidentielle de Trump pour mettre en place sa politique de résurrection du Projet Keystone XL. Le spectre de l’insurrection de Wounded Knee en 1890 hante présentement les autorités fédérales qui craignent de nouvelles confrontations avec les Lakota.

Plusieurs groupes écologistes, ainsi que des Premières Nations du Québec et du Canada, des organisations citoyennes ont apporté leur soutien aux Sioux de Standing Rock. Pour l’instant, la lutte se poursuit, malgré de nombreuses confrontations violentes avec les forces de l’ordre. Par crainte le conflit dégénère, le corps des ingénieurs militaires ont abandonné le trajet initial de l’oléoduc et promettent de le déplacer à un endroit qui fera consensus, sans passer par le territoire sacrée des Lakotas. Cependant le chef des Lakotas, Lee Plenty Wolf, a répondu que sa communauté guetterait les actions du gouvernement, car « après 500 de pillage et de trahisons, nous ne les croyons plus », affirme-t-il. Selon lui, cette lutte concerne la survie de la planète et le refus d’enrichir les entreprises qui n’ont jamais respecté les peuples autochtones. Les alliances et la mobilisation créées autour de cette lutte sont un exemple de la portée nationale, voire planétaire, de toute exigence de justice qui part d’une région locale.

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