26octobre 2021 | Antiwar.com
Ted
, le 26 octobre
Washington a donné un ton belliqueux avec son choix d’une envoyée spéciale à Moscou en ce qui était censé être un effort pour réparer les relations très effilochées. Au lieu de sélectionner quelqu’un au moins tolérable aux yeux du gouvernement russe, Biden a envoyé la sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques Victoria Nuland.
C’est femme est non seulement une russophobe au franc-parler, mais elle est particulièrement connue pour son rôle en 2014 en tant que secrétaire d’État adjointe sous Barack Obama, lorsqu’elle a ouvertement et sur place soutenu les manifestant.e.s qui ont reversé le président ukrainien légalement élu et pro-russe, Viktor Ianoukovitch. Le gouvernement russe a réagi en lui imposant une interdiction d’entrée en Russie et d’autres sanctions. Ces mesures ont été levées juste avant sa dernière mission diplomatique dans le cadre d’une entente dans laquelle Washington a supprimé des restrictions similaires sur un haut responsable du ministère russe des Affaires étrangères. Choisir Nuland comme émissaire pour mener des négociations avec le gouvernement de Vladimir Poutine était soit une décision incroyablement stupide, soit une démonstration délibérée de mépris.
D’autres actions américaines récentes suggèrent qu’il s’agissait plutôt de ce dernier. Quelques jours seulement après que Nuland ait terminé ses négociations avec des responsables russe, en grande partie infructueuses, les États-Unis ont envoyé deux bombardiers B1-B au-dessus de la mer Noire. Or cette une zone particulièrement sensible à l’armée russe, puisque la principale base navale du pays est située sur ce plan d’eau. Ces dernières années les navires de guerre et les avions des États-Unis et de l’OTAN ont sensiblement accru leur présence en mer Noire. Mais l’envoi de bombardiers à capacité nucléaire était particulièrement provocateur. Et comme on pouvait s’y attendre, les Russes ont brouillé des avions de chasse pour intercepter et « escorter » les avions américains. Un cas classique où Washington crée une provocation gratuite.
Mais les commentaires du secrétaire à la Défense Lloyd Austin lors de sa visite en Ukraine à la mi-octobre étaient encore plus provocateurs. Dans ses remarques au ministère ukrainien de la Défense, il a souligné que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN était tout à fait sur la table et qu’ « aucun pays tiers n’a de droit de veto sur les décisions d’adhésion à l’OTAN. L’Ukraine... a le droit de décider de sa propre politique étrangère, et nous considérons qu’elle soit en mesure de le faire sans aucune ingérence extérieure. » Quelques jours plus tôt, le Pentagone avait fait couler au quotidien belliqueux Washington Times, la nouvelle du prochain voyage d’Austin en Ukraine qui rendait encore plus explicite le soutien américain à la candidature de l’Ukraine à l’OTAN.
Certes, ce message n’est pas nouveau : Washington affirme cette position depuis des années, insistant sur le fait que l’Ukraine et la Géorgie ont le « droit » de rejoindre l’OTAN, si elles répondent aux normes d’adhésion de l’alliance. Cependant, venant maintenant de la bouche du secrétaire à la Défense, cela malgré les avertissements répétés de Moscou, selon lesquels l’ajout de l’Ukraine ou de la Géorgie à l’OTAN franchirait une « ligne rouge » en ce qui concerne la sécurité de la Russie, le timing était particulièrement provocateur.
C’est aussi une position extrêmement arrogante, basée sur l’hypothèse que Moscou ne devrait pas se plaindre alors que l’alliance militaire la plus puissante du monde cherche à établir une présence toujours plus grande et menaçante à sa frontière. Les responsables russes ont immédiatement répondu, avertissant que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN serait « extrêmement dangereuse » et provoquerait des mesures de représailles non spécifiées.
D’autres incidents survenus en même temps que le voyage européen d’Austin ont laissé les relations OTAN-Russie en lambeaux. Plus tôt ce mois-ci, l’OTAN a expulsé huit diplomates russes de son bureau de liaison au siège de l’OTAN à Bruxelles pour des activités d’espionnage présumées. Le Kremlin a répondu quelques jours plus tard en suspendant toutes ses propres activités restantes dans l’installation de Bruxelles et en ordonnant la fermeture du bureau de l’OTAN à Moscou à compter du prmier novembre. « Suite à certaines mesures prises par l’OTAN, les conditions de base pour un travail commun n’existent plus », le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dit laconiquement aux journalistes.
Étonnamment, les responsables américain.e.s semblent à la fois surpris.es et contrarié.e.s par la détérioration rapide des relations avec la Russie. Ils et elles sont particulièrement inquiet.e.s, puisque cela complique le désir déclaré de Washington de se concentrer sur la Chine comme principale menace à la sécurité des États-Unis. Mais comme on pouvait s’y attendre, l’establishment de la sécurité nationale et sa chambre d’écho dans les médias d’information américains rejettent toute la responsabilité pour la montée des tensions sur le Kremlin.
Si l’administration Biden ne change pas de cap, les relations avec Moscou pourraient devenir encore pires qu’elles ne l’étaient pendant la guerre froide –un développement qui mettrait la paix mondiale en grand danger. Depuis que l’administration de Bill Clinton a décidé, malgré l’engagement solennel pris envers Gorbatchev par le président Bush père, d’étendre l’OTAN à l’Europe centrale et orientale, les États-Unis et leurs alliés européens ont fait pas après pas pour provoquer la Russie.
Et les résultats sont évidents. Malheureusement, au lieu de renverser les politiques arrogantes et provocatrices de Washington, l’administration de Joe Biden accentue cette stratégie dangereuse. Le résultat pour le monde pourrait s’avérer tragique.
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