Un état des lieux des revenus en France
Avec le revenu médian à 1015 €, le taux de pauvreté est de 13,6 % (en 2015). Ce qui représente déjà 9 millions de personnes. (Avec celui à 846 €, je n’ai pas trouvé de chiffres.) Bien sûr, on nous rappelle qu’en Roumanie, en Bulgarie, en Espagne, les taux dépasseraient 20 %... ne nous plaignons pas !
Selon le Secours populaire 37% de la population a déjà fait l’expérience de la pauvreté et 20% ont cru être sur le point de la vivre. Les étrangers, les mères isolées et les couples avec enfants représentent une proportion croissante des personnes vivant en situation de pauvreté.
Mais ce qui est invisible dans tous ces chiffres , ce sont tous ceux et toutes celles qui ont un revenu légèrement au dessus du seuil et qui sont en situation de pauvreté. Quant au SMIC net, il est à 1123 euros, un peu au-dessus du revenu médian à 1015 €, mais guère.
Certains pensent et laissent à penser que seules les personnes sans emploi depuis longtemps peuvent avoir de petits revenus. Et qu’ils sont quelque part responsables de leur situation en restant chez eux et en se satisfaisant des allocations ou du RSA. Ils oublient et font oublier que même si on a un emploi, qu’on se lève tous les jours, avec des temps de transport qui parfois doublent la journée, les petits salaires sont très nombreux.
Selon l’Observatoire des inégalités, voici ce que touchent les salariés par mois :
– 10 % touchent moins de 1200 euros
– 30 % touchent moins de 1 500 euros
– 44 % touchent moins de 1700 euros
– 50 % touchent moins de 1800 euros
– 59 % touchent moins de 2 000 euros net par mois
– 68 % touchent moins de 2250 € (revenu moyen en France, ce qui en dit long sur les gros revenus)1
On constate également depuis quelques années, la multiplication de postes sous-payés, ce qui crée une nouvelle pauvreté : la pauvreté qui travaille !
Et la politique de Macron ?
Ne proclame-t-elle pas vouloir lutter contre la pauvreté ? Dans les discours, car ses mesures phares ne vont pas dans ce sens, elles auraient plutôt tendance à favoriser les plus nantis. Que ce soit en 2018 ou en 2019.
Quelques-unes
La suppression de l’impôt sur la fortune et son remplacement par une taxe sur le patrimoine immobilier. Un favoritisme direct !
La suppression de la taxe d’habitation pour les ménages modestes et les classes moyennes. Mais en contrepartie, que vont devenir les offres des services publics territoriaux et qui va en pâtir : les plus modestes…
La hausse de la CSG de 1,7 % pour augmenter le montant du salaire net en supprimant les cotisations sociales… Une petite augmentation qui sera vite engloutie par les hausses de prix. Sans parler des retraités, car ceux qui gagnent tout juste un peu plus de 1200 € par mois ne sont guère aisés...
Sans oublier la baisse de 5 euros des APL ou encore la réduction des emplois aidés.
Pas de progression du pouvoir d’achat
Selon une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les ménages ne verront pas leur pouvoir d’achat augmenter en 2018. Et en 2019, ce seront toujours les plus aisés qui en profiteront le plus : « les 2% les plus riches capteraient 42% des gains ». A l’inverse, les ménages les plus pauvres verront leur niveau de vie se réduire, car les mesures prévues pour eux ne compenseront pas les différentes augmentations :
– Le paquet de cigarette
– Les 2 euros de la participation du patient pour un séjour à l’hôpital
– Le tarif du stationnement en ville aux mains des mairies
– Les prix de l’essence et du diesel
– Le prix des timbres
– La restauration du jour de carence dans la fonction publique
– Le prix du gaz
Et pour le SMIC : le gouvernement va appliquer sa formule de revalorisation automatique sans appliquer de « coup de pouce ».
Comme le rythme des réformes ne ralentit pas ! On attend celle des retraites, de l’assurance chômage, de la fonction publique, des hôpitaux…
Comme les forces de gauche sont éparpillées et ne réussissent plus à animer et à rassembler une opposition populaire, chacun et chacune se repliant sur soi en espérant conserver le peu qu’il ou elle a...
La pauvreté va s’installer, s’étendre et ronger les classes moyennes jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que des pauvres et des riches.
Note
1. Quand j’étais enseignante, puis détachée dans une association je touchais 2350 €, j’ignorais alors que 70 % des travailleurs gagnaient moins que moi. Et je n’étais pas à l’échelon maximum... maintenant je suis retraitée et il en reste encore 50 % qui touchent moins que moi. Une réalité qui réajuste sa façon de regarder autour de soi.
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