Aucune mesure concrète nouvelle, hormis une vague promesse de modifier la Loi sur le zonage agricole et la Loi sur l’acquisition des terres par les non-résidents. La Table de partenaires prévue pour le suivi de la politique sera logiquement dominée par les tenants de l’agriculture industrielle.
Cette politique, qui devait être l’aboutissement de 15 ans de remises en question du modèle agricole actuel, de la crise des porcheries jusqu’au Rapport de la Commission Pronovost, en passant par la création de l’Union paysanne, ignore totalement les attentes de la population et évite systématiquement de toucher aux bases du régime agricole qui sont à l’origine de la crise actuelle des agriculteurs.
« Il n’y a rien dans cette politique, selon le coordonnateur de la Coalition, Roméo Bouchard, pour réorienter le financement public vers les producteurs de proximité et la production biologique (2 milliards par an au total) ; rien pour lever les obstacles qui bloquent le développement des circuits courts de mise en marché, comme le monopole des plans conjoints et des quotas, l’absence d’abattoirs de proximité, les normes sanitaires inappropriées, etc. ; rien pour donner une voix à la nouvelle agriculture ; rien pour empêcher notre agriculture de passer massivement aux mains des grands intégrateurs et investisseurs. En ignorant totalement les recommandations du Rapport Pronovost, le gouvernement du PQ maintient le statu quo défendu par l’Union des producteurs agricoles et fait fi de 15 ans de remise en question et de consultations sur le régime agricole actuel. Pour tous les agriculteurs et les citoyens qui travaillent depuis des années à développer une agriculture et une alimentation écologique de qualité, c’est le retour à la case zéro. »
La Coalition estime que les objectifs d’autosuffisance proposés dans la nouvelle politique, si louables soient-ils, demeureront des vœux pieux tant qu’on ne réorientera pas les règles de financement, de mise en marché, d’accès à la terre, d’agroécologie, de sécurité alimentaire et de représentation.
La Coalition doute que les chaînes d’alimentation et les institutions publiques aient les marges financières suffisantes pour augmenter significativement leur taux de produits québécois, surtout locaux et biologiques, dans le contexte actuel.
Rien d’ailleurs ne permet d’affirmer que les aliments industriels produits ou transformés au Québec soient tellement moins toxiques et polluants que ceux produits à l’extérieur.
Quant à l’accaparement des terres et au manque de relève agricole, rien n’empêchera les agriculteurs de se départir de leurs terres tant qu’ils ne pourront pas en vivre décemment : c’est précisément ce que démontrait le Rapport Pronovost, après avoir entendu plus de 700 mémoires.
Or, à l’exception des grands producteurs laitiers, aucune autre production n’est actuellement rentable sans le financement public, qui privilégie essentiellement les grandes productions et les grands producteurs.
De plus, comme l’a souligné l’Union paysanne, qui fait partie de la Coalition, le libellé de cette politique est une récupération honteuse par le PQ du concept de souveraineté alimentaire qui a été élaboré par les mouvements paysans du monde entier en réponse à la destruction des agricultures paysannes locales par le libre échange et les multinationales agroalimentaires comme Monsanto. « Or, les champs des agriculteurs conventionnels québécois ne sont-ils pas remplis des plantes OGM et des pesticides de Monsanto ! », souligne Roméo Bouchard.