Un hamburger qui semble avoir tout pour plaire : sa production ne contamine rien, dépense peu d’énergie, n’utilise pratiquement pas de sol et ne contient en outre aucune graisse. Sa « viande » est produite à partir de l’extraction de quelques cellules mères du tissu musculaire du dos d’une vache. Que dire de plus ? C’est l’hamburger light, parfait pour consommer en été…
Petit « hic », son prix ne le rend pas vraiment encore accessible à toutes les bourses. Son élaboration a coûté pas moins de 248.000 euros. L’inclure dans un menu « Happy Meal » prendra semble-t-il encore un peu de temps. Mais cela n’empêche pas qu’on nous annoncé déjà que cette avancée scientifique permettra d’en finir avec la faim dans le monde. Les gens doivent manger et puisqu’ils veulent manger de la viande, alors on va leur en donner. Tel semble être le raisonnement des « pères » de cette prouesse.
Mais j’ai deux questions qui me viennent à l’esprit. La première : est-il vraiment nécessaire que nous mangions autant de viande pour nous alimenter ? Avant de produire plus de viande, indépendamment de son origine, ne serait-il pas mieux d’encourager un autre type d’alimentation, plus saine, respectueuse des droits des animaux et soutenable ? Car enfin, qui y gagne avec ce type d’alimentation accro aux bovins et aux porcins ? Smithfield Foods, le plus grand producteur mondial de viande de porc, est l’un de ces grands bénéficiaires. Dans son curriculum s’accumulent les violations des droits du travail, les contaminations environnementales, etc. Dans l’Etat espagnol, Smithfield Foods opère au travers de Campofrío.
Deuxième question : un hamburger de laboratoire est-il vraiment nécessaire pour en finir avec la faim ? Selon l’ONU, on produit aujourd’hui suffisamment de nourriture pour alimenter 12 milliards de personnes alors qu’il y a 7 milliards d’habitants sur cette planète. Mais en dépit de ces chiffres, une personne sur sept dans le monde souffre de la faim. De la nourriture, donc, il y en a, ce qu’il n’y a pas, par contre, c’est la justice dans sa distribution. Il ne s’agit donc pas d’augmenter la production, ni d’engendrer des hamburgers en laboratoires, ni de plus d’agriculture transgénique. Il s’agit, ni plus, ni moins, de démocratie à l’heure de produire et de distribuer les aliments.
Les solutions « miraculeuses » à la crise alimentaire n’existent pas. Les problèmes politiques comme la faim ne seront jamais résolus avec des raccourcis techno-scientifiques. Il ne s’agit pas de rejeter toute recherche scientifique. Au contraire. Il faut encourager une science au service de la majorité sociale, non soumise aux intérêts commerciaux et économiques et qui s’engage à améliorer les conditions de vie des gens.
De la « révolution verte » aux Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), on nous a sans cesse promis d’en finir avec la faim. La réalité crue nous indique que c’est un échec. Bien que, souvent, on nous occulte son plus grand succès : dégager des bénéfices multimilliardaires pour l’industrie agro-alimentaire et biotechnologique.
L’hamburger Frankenstein ne sera pas une exception.
Source :
http://blogs.publico.es/esther-vivas/2013/08/07/del-big-mac-a-la-hamburguesa-frankenstein/
Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera