La CSN adoptait en décembre dernier un document de réflexion intitulé « Avenir du secteur manufacturier et industriel québécois - Pour un développement durable : une intervention structurée ». Des recommandations visaient à privilégier l’achat d’aliments locaux et régionaux et que soient améliorés les programmes qui assurent la souveraineté alimentaire du Québec. Nous souhaitions aussi que cette politique d’achat soit responsable, entres autres pour le développement durable. Pour nous, la réduction des transports et les circuits courts nous apparaissaient comme des moyens concrets pour rencontrer cet objectif.
Force est de constater que la politique du gouvernement rejoint nos revendications et nous en sommes heureux. Jean Lortie constate cependant que si les objectifs sont bien ciblés, les moyens pour y parvenir sont moins clairs. « Par exemple, de quelles façons Québec s’y prendra t-il pour faire passer la proportion d’aliments du Québec consommés par les Québécois de 33 à 50 % ? Rien dans sa politique de souveraineté alimentaire ne l’indique. »
« À l’instar du gouvernement, nous souhaitons vivement que les distributeurs offrent davantage de produits locaux aux acheteurs institutionnels, mais aucune contrainte n’existe pour les forcer à agir en ce sens. Et que fera t-on pour forcer la réduction de transport et la mise sur pied de circuits courts, alors que les distributeurs préfèrent les entrepôts de distribution à l’extérieur des milieux locaux, et même parfois à l’extérieur de la province ? »
Les travailleurs devront être présents à la table de concertation
Parmi les déceptions de cette politique, Jean Lortie déplore que les organisations syndicales représentant les travailleurs de l’industrie ne soient pas présentes à la table de concertation. « Il est nécessaire et indispensable que nous soyons partie prenante à l’élaboration et à sa mise en œuvre de la politique puisque les travailleuses et les travailleurs de l’industrie de la transformation et de la distribution alimentaire comptent parmi les principaux artisans de la chaîne agroalimentaire. Elles doivent faire partie de la solution. »
« Encore une fois, les premiers à fournir des aliments sains, c’est-à-dire les travailleuses et les travailleurs présents sur le ligne de front, sont absents de cette politique », déplore t-il.
Le secrétaire générale de la CSN rappelle que les conditions de travail demeurent préoccupantes et que leur contribution au secteur dépend largement de la façon dont les problèmes de main-d’œuvre sont abordés. Selon Jean Lortie, le gouvernement du Québec et les acteurs de l’industrie doivent élaborer une autre piste d’action qui viserait à mettre sur pied un plan global et intégré de gestion de main-d’œuvre, le travail migrant temporaire et les agences de placement temporaire, les conditions de travail, la notoriété du secteur comme choix de carrière, la formation continue et les particularités régionales du marché du travail.
« Pour la CSN, le milieu agroalimentaire, qui représente le plus important secteur du Québec avec 63 000 emplois, fait face depuis des années à des défis de taille. Il était temps que le gouvernement du Québec dépose sa politique sur la souveraineté alimentaire. Maintenant, il devra y donner tous les moyens pour sa mise en œuvre. Nous sommes prêts, comme organisation syndicale, à travailler avec tous les partenaires du milieu pour bâtir une véritable vision renouvelée du secteur afin de mieux répondre à nos besoins alimentaires », de dire Jean Lortie.
La CSN représente plus de 16 000 travailleuses et travailleurs du secteur bioalimentaire œuvrant du grain au magasin, regroupés au sein de la Fédération du commerce. À la Fédération des employées et employés de services publics, elle regroupe la majorité des travailleuses et des travailleurs de l’UPA, en plus de milliers d’autres qui besognent au sein de services alimentaires dans nos écoles, dans nos institutions de santé et dans d’autres organismes gouvernementaux.