La lutte pour le Green New Deal est de retour avec plus d’engouement que durant la campagne présidentielle de 2020. Avec le refus de Biden de poursuivre la politique du Green New Deal et son appui à la lutte féroce d’Amazon contre la syndicalisation de leur usine à Bessemer, nous voyons très bien l’alliance entre ceux qui défendent le capitalisme (Biden) et les capitalistes (Jeff Bezos) pour mater tout progrès favorable à la classe ouvrière et au peuple américain.
Les progressistes sont revenu-e-s à la charge pour mettre de la pression sur Biden et retourner à la politique du Green New Deal. Biden se réclame de la mythologie du New Deal de Franklin Delano Roosevelt, avec ses plans de relancer l’économie, pour le développement des infrastructures et pour les familles américaines. Il manque seulement le Green New Deal pour le consacrer comme la réincarnation 2.0. de FDR.
Mais nous savons bien, à la lumière de ses quarante ans comme sénateur, que Biden cherche surtout à satisfaire la classe capitaliste, en réservant des miettes pour les cols bleus que Biden prétend représenter. La lutte pour le Green New Deal est enclenchée, d’une part en démontrant l’hypocrisie de Biden et en défendant d’autre part la mise en place du plan avancé par le sénateur Bernie Sanders dans la campagne présidentielle, soit d’investir 16,3 trillions de dollars sur une période de dix ans pour combattre les changements climatiques. Biden a proposé pour sa part quatre trillions de dollars sur 30 ans. Si nous attendons encore trente ans, la lutte contre les changements climatiques sera certainement perdue.
Le mouvement syndical, depuis la défaite à Bessemer, veut apprendre des erreurs commises durant cette lutte, afin d’en tirer des leçons pour les autres luttes en cours à travers le pays. En somme, les syndicalistes ont appris de leurs erreurs, et pour ceux et celles qui mènent encore la lutte contre Amazon, cette défaite à Bessemer est devenue une occasion d’apprentissage pour continuer la lutte. Les syndicats contrôlés par la base, comme les syndicats des enseignant-e-s et les syndicats des infirmières et infirmiers, ont repris de plus belle leurs combats afin d’encourager les autres syndicats.
Nous savons que le pourcentage des syndiqué-e-s aux États-Unis est très bas, mais le niveau de lutte demeure très élevé, surtout parmi les travailleurs et travailleuses afro-américain-e-s et hispanophones. Ces deux catégories sont devenues la pierre angulaire du renouveau du syndicalisme combatif aux États-Unis. Cette combativité pousse aussi les grands syndicats bureaucratisés comme l’AFL-CIO, les Teamsters, les syndicats dans l’industrie de l’automobile et d’autres à bouger, afin de prouver qu’ils ne sont pas complètement corrompus.
La bureaucratie syndicale, depuis la défaite à Bessemer, tente de se donner une image combative, en exhortant Biden à instaurer des changements dans la loi du travail et les clauses relatives à la syndicalisation. Au cours du dernier mois, les leaders des grandes centrales ont fait leur pèlerinage à la Maison-Blanche pour montrer qu’ils sont encore combatifs et pas complètement vendus au 1 %. Joe Biden, un politicien qui s’est toujours dit favorable aux cols bleus, tente aussi de montrer qu’il n’est pas complètement vendu à ses amis capitalistes qui l’ont mis au pouvoir. Du spectacle certes, mais une victoire pour les syndicats combatifs qui ont fait bouger un peu les bureaucraties syndicales et le président.
Le Parti démocrate est divisé sur la question de la Palestine et le génocide orchestré par Israël. Les chiffres nous disent que 40 % des démocrates ont pris une position progressiste sur la question du Moyen-Orient, en critiquant Israël et Netanyahu sur les attaques contre Gaza et les évictions dans Jérusalem Est. Bernie Sanders, qui est le leader de facto de cette cohorte de progressistes, a qualifié Netanyahu de raciste et l’a accusé de pratiquer un ultranationalisme. Biden est aussi accusé indirectement, puisqu’il défend Israël et a aussi transféré 750 millions de dollars en armes à Israël le 5 mai 2021.
Le Parti démocrate est divisé, mais la population américaine est aussi divisée. La présidence de Joe Biden, déjà fragile, risque d’être compromise encore plus si la politique étrangère des États-Unis est aussi mise en cause. Les progressistes semblent avoir pris le « leadership » sur la question du génocide des Palestinien-ne-s. À la Chambre des représentants, le groupe autour d’Alexandria Ocasio Cortez a renforcé sa position sur la question de la Palestine. Ilhan Omar, attaqué par l’aile droite du Parti démocrate et par l’ensemble du Parti républicain, a maintenu ses positions sur la Palestine en chambre, et a accusé la politique étatsunienne d’avoir toujours soutenu et défendu Israël. Elle a mis de l’avant une résolution, évidemment rejetée par Mme Pelosi, demandant au Parti démocrate et au Président Biden de cesser d’appuyer Israël, ce qui a mené à plusieurs attaques par les démocrates et les républicains.
Aussitôt que Biden a descendu de l’avion à l’aéroport de Détroit pour une visite dans une usine de Ford, il a été immédiatement confronté par Rashida Tlaib, la représentante du Michigan pour Détroit et les banlieues. Elle s’est adressée à Biden en lui posant une question assez directe : « Quand allez-vous cesser de soutenir Israël ? » Biden, pris dans l’embarras, a tenté de la contourner, mais elle a persisté. Biden a alors répondu qu’il souhaitait un cessez-le-feu dès que possible, puis il s’est dirigé vers une limousine qui l’attendait.
Avec la fin de ses cent premiers jours comme président, Biden a reçu un pourcentage d’approbation moins important que celui d’Obama en 2008. La population attend des résultats de Biden, et pas seulement des discours et des sourires. Les socialistes et leurs allié-e-s attaquent son image de progressiste, pour démontrer (avec succès) qu’il est avant tout un politicien de droite.
Lotta Continua.
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