Deux volumes forts intéressants sur le sujet dans la panoplie des nombreuses publications soulignant le 150e anniversaire de La Commune de Paris. Le premier, paru chez Seuil l’an dernier, est une excellente mise en contexte de l’événement à travers le prisme d’une histoire parallèle des divers soulèvements dans ce siècle dit des « Révolutions ». Un ouvrage très bien documenté, articulant avec force le récit et l’analyse de la signification du moment Communard. Le deuxième, paru cette année aux Éditions de l’Atelier autour d’un collectif, fera certainement date tant il recèle de qualités du point de vue éditorial. Un ouvrage relié, de belle facture, contenant près de 1,500 pages et à prix raisonnable. Pour plusieurs, il constituera la « bible » de l’événement révolutionnaire, pour tout savoir.... Composition et articulation du contenu se présentent de façon originale avec un panorama exhaustif des notices biographiques des acteurs, hommes et femmes, qui portèrent les espoirs les plus fous.
Commune(s), 1870-1871
Une traversée des mondes au XIXe siècle. Éditions du Seuil, 2020
Quentin Deluermoz <https://www.seuil.com/auteur/quenti...>
Depuis les analyses célèbres de Karl Marx, l’histoire de la Commune de Paris a été placée au centre de notre compréhension de l’événement révolutionnaire. Et l’espérance de "faire commune" fait aujourd’hui retour dans notre imaginaire politique.
Cet ouvrage se propose de mener l’archéologie de cette puissance d’actualisation, mais en revenant d’abord sur la force de l’événement lui-même. Le récit prend appui sur une enquête archivistique minutieuse qui permet de reconstituer, par le bas, les stratégies des acteurs, leurs luttes comme l’ouverture des possibles qui marque ces journées. L’événement dépasse dès ses débuts le cadre parisien. De la rue Julien-Lacroix aux concessions de Shanghai en passant par l’insurrection kabyle, la Croix-Rousse à Lyon ou la république des cultivateurs aux Caraïbes, le livre propose une histoire à différentes échelles, du local au global, en décrivant des interconnections multiples.
De là un essai vif et original sur l’histoire transnationale des échos entre l’espérance révolutionnaire française et les trajectoires insurrectionnelles mondiales, doublé d’une réflexion renouvelée sur les rapports entre ordre social et révolution.
La Commune de Paris 1871 : les acteurs, l’événement, les lieux. Éditions de l’Atelier, 2021. $67,95
Mondialement connue, la Commune de Paris de 1871 n’a cessé de susciter débats, enjeux de mémoire et relectures ultérieures, y compris parmi ceux qui s’en sont réclamés. 150 ans après, l’événement continue de faire l’objet de beaucoup de mythes et de fantasmes.
Mais que fut, en réalité, la Commune de Paris ? Quels enjeux a-t-elle soulevés, et quelles controverses en entourent la mémoire ? Quels lieux emblématiques de la capitale a-t-elle marqués de son empreinte ? Enfin, et surtout, qui étaient celles et ceux qui y ont pris part ? Que furent leur vie, leurs engagements ?
À l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de la Commune de Paris, un collectif d’une trentaine de chercheurs et de spécialistes a rassemblé en un seul et même volume l’ensemble des connaissances cumulées à son sujet. Richement illustré, cet ouvrage constitue une entrée sans équivalent dans cette page à bien des égards mal connue de l’histoire sociale française et internationale.Un livre exceptionnel qui rassemble l’ensemble des connaissances sur la Commune en un seul volume. Plus de 600 illustrations pour l’immense majorité inédites. Plusieurs niveaux de lecture (biographies, synthèses thématiques, présentation des lieux) fournissant autant de portes d’entrée dans une histoire méconnue. Un livre qui rassemble les concours d’une trentaine de chercheurs et chercheuses, parmi les meilleurs spécialistes du sujet.
Un autre titre à signaler sur un sujet différent.
Collectif Mur par Mur. Pour un anarchisme révolutionnaire. L’Échappée, 2021
Depuis ses premières formulations au XIXe siècle, l’anarchisme a toujours désigné des idées et des pratiques hétérogènes, et parfois contradictoires : des organisations révolutionnaires clandestines aux syndicats les plus légalistes, en passant par les désertions individualistes et les écoles alternatives. Aujourd’hui, imprégné par l’idéologie postmoderne, il prend majoritairement la forme de revendications identitaires. La lutte contre toutes les dominations a remplacé la lutte de classe, la dénonciation de la norme s’est substituée à l’une des visées premières de l’anarchisme : la destruction du pouvoir.
À l’inverse de cette tendance, ce livre défend un anarchisme révolutionnaire qui vise la destruction de l’État et du capital. Il ne s’agit pas de répéter les vieux poncifs naturalistes et progressistes du XIXe siècle, ni de rechercher une pureté idéologique, mais de reprendre le fil de l’histoire de ce courant de pensée et de luttes en le mettant en prise avec notre époque. Et ce, en vue de tenter de répondre à ces questions fondamentales : qu’est-ce que le pouvoir et l’exploitation ? Qu’est-ce qui y résiste ? Comment passer de la résistance à la révolution ? Que faut-il détruire et dans quel but ? Que pourrait être une société anarchiste, libérée du travail et de l’économie ?
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