Les membres de la coalition s’inquiètent de voir émerger dans l’espace public des affirmations qui semblent pourtant aller à l’encontre de consensus scientifiques existants, notamment en matière de lutte aux changements climatiques, de réduction de gaz à effet de serre (GES) et de pollution de l’air.
L’ajout de capacité autoroutière mène à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, avec ou sans véhicules électriques
Il est malheureusement courant d’entendre des arguments à l’effet que le troisième lien permettra de diminuer les émissions de GES, que ce soit en améliorant la fluidité des réseaux routiers ou grâce à l’arrivée de véhicules entièrement électriques. Pour la coalition, de telles affirmations vont pourtant à l’encontre de la littérature scientifique en matière d’aménagement du territoire et de transport relativement aux phénomènes du trafic induit et de l’étalement urbain. D’ailleurs, un rapport publié hier par Équiterre démontre bien que le projet de troisième lien ne franchit pas la note de passage d’un test climat.
En effet, « les exemples locaux et internationaux montrent que l’ajout de nouvelles routes ou autoroutes peut amener à court terme une amélioration de la fluidité, mais mène inévitablement à moyen ou long terme à une augmentation de d’étalement urbain et de la congestion par demande induite, ce qui nous éloigne de nos cibles de réduction de GES. », explique Sarah V. Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec et membre de la coalition Non au troisième lien.
Par ailleurs, le rapport Paving Paradise a analysé le projet d’autoroute 413 en Ontario en comparant un scénario Business-As-Usual, basé sur le mélange actuel entre véhicules à essence et véhicules électriques, et un scénario Optimistic Electrification, basé sur une atteinte des objectifs fédéraux en matière d’électrification du parc automobile.
Le rapport montrait que d’ici 2050, dans le scénario Business-As-Usual, les véhicules empruntant l’autoroute 413 émettraient plus de 700 000 tonnes de GES par année, pour un total de 17 millions de tonnes en 30 ans. Dans le cas du scénario Optimistic Electrification, d’ici 2050, les véhicules émettraient 350 000 tonnes de GES par année, puis 400 000 tonnes à partir de 2040, pour un total de près de 13 millions de tonnes en 30 ans.
Pour la coalition, les constats du rapport sont parlants : « L’exemple de l’autoroute 413 en Ontario nous montre très clairement que, oui, l’électrification aide à réduire les GES émis, mais ce n’est pas une panacée : elle ne les fait pas disparaître entièrement ! Pour mesurer l’ampleur de l’impact d’un ajout de capacité autoroutière sur les changements climatiques et les GES, on ne peut ignorer l’étalement urbain, qui mène à développer des quartiers plus étendus, moins mixtes, plus dépendants à l’automobile et moins favorables aux transports collectifs et actifs. », affirme Angèle Pineau-Lemieux, porte-parole d’Accès transports viables et membre de la coalition Non au troisième lien.
L’ajout de capacité autoroutière a un impact en matière d’étalement urbain sur la protection des milieux naturels et agricoles
De plus, les estimations du rapport Paving Paradise montrent que près de 60% des terres agricoles à proximité de l’autoroute 413 risquent d’être converties en zones commerciales et résidentielles d’ici 2050, et ce en se basant sur les cas similaires que sont les autoroutes ontariennes 407 et 410.
« Le risque relatif à la destruction de milieux agricoles et naturels est bien réel et il a un impact en matière d’émissions de GES. Le troisième lien ne peut que mener à un étalement urbain qui compromettra la santé des écosystèmes et des collectivités. », ajoute Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville et membre de la coalition Non au troisième lien.
L’ajout de capacité autoroutière a un impact en matière de pollution de l’air
Enfin, la coalition constate que les impacts en matière de qualité de l’air liés à la présence autoroutière semblent évacués des débats. Pourtant, « les modélisations du rapport Paving Paradise montrent que les coûts associés en dommages cumulatifs liés à la pollution de l’air causée par le projet d’autoroute 413 pourraient atteindre 1 à 1.4 milliards de dollars », soulève Patricia Clermont, coordonnatrice de l’Association québécoise des médecins en environnement et membre de la coalition Non au troisième lien.
« L’ensemble de ces impacts est d’autant plus inquiétant dans la mesure où le troisième lien n’a toujours pas fait l’objet d’aucune étude d’opportunité ou de faisabilité, alors que ces étapes font partie de la procédure normale dans les grands projets en transports. La question de la gouvernance demeure grandement problématique » conclut Alexandre Turgeon, directeur général du Conseil régional de l’environnement - région de la Capitale-Nationale.
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La coalition nationale Non au troisième lien a été initiée en mai 2021 par Accès transports viables, le Conseil régional de l’environnement - région de la Capitale-Nationale, Équiterre, la Fondation David Suzuki, Trajectoire Québec et Vivre en Ville.
Toutes et tous les citoyennes et citoyens, ainsi que les organisations désirant dénoncer ce projet autoroutier peuvent signer la pétition, désormais rendue à plus de 50 000 signataires, sur le site nonautroisiemelien.quebec
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