Le président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), M. Jean Trudelle, a vivement réagi à l’évocation par la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Mme Michelle Courchesne, d’une nouvelle hausse des droits de scolarité des étudiants universitaires.
M. Trudelle rappelle qu’en février 2007, le gouvernement Charest avait mis fin au gel des droits de scolarité en imposant une hausse de 100 $ par année pour cinq ans, ce qui devait porter les droits à 2 168 $ par année en 2011-2012, montant auquel s’ajoutent les frais institutionnels obligatoires. La FNEEQ avait alors dénoncé cette augmentation, qui ne réglait en rien les problèmes liés au sous-financement des universités. Or, la ministre s’apprête à récidiver sous prétexte qu’un consensus à cet effet se dégage au Québec, consensus excluant les étudiants, précise-t-elle. On entend bien ce qu’on veut entendre !
« Plusieurs arguments biaisés sont invoqués autour de la question des droits de scolarité, souligne M. Trudelle, et il n’y a pas eu, à ce que je sache, un véritable débat public sur la question. Il ne faut pas prendre les opinions de certains lucides pour des consensus sociaux ! »
À titre d’exemple, il cite le maintien des effectifs étudiants dans les programmes. Lorsqu’un programme est contingenté, comme c’est le cas de la médecine, il est certain que les places disponibles seront comblées, peu importe les coûts. Mais seront-elles comblées par les mêmes étudiants ou y aura-t-il une frange de la population, moins nantie, exclue de facto ? « On se retrouve ici au cœur même du principe d’accessibilité, défendu ardemment par les membres de la FNEEQ », ajoute le président de la Fédération.
Un deuxième argument fallacieux se doit d’être remis en contexte. On entend sur plusieurs tribunes que faire payer plus cher ceux qui se destinent à une profession bien rémunérée n’est qu’une question de justice sociale. Toutefois, on oublie, d’une part, qu’au moment où ils fréquentent les universités, les étudiants ne touchent pas de salaire de professionnels et doivent s’endetter, ce qui en décourage plusieurs. D’autre part, ces personnes contribueront inévitablement au développement du Québec lorsqu’elles occuperont un emploi, à la fois par leur travail et par les taxes et impôts qu’elles paieront.
« Finalement, en réponse à ceux qui prétendent qu’il n’est que justice que les personnes qui proviennent d’un milieu aisé paient davantage (les autres pouvant bénéficier des programmes d’aide financière aux étudiants), nous affirmons que ces dernières paient déjà plus par le biais de la fiscalité, qui demeure le canal le plus équitable de partage de la richesse même s’il y a place à amélioration », objecte M. Trudelle.
En conclusion, la FNEEQ rappelle que l’endettement des étudiants n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années, ce qui en décourage plusieurs et peut conduire à l’abandon des études. Et ce, dans une société qui prétend vouloir faire de l’éducation une priorité…