En outre, cet investissement était déjà annoncé lors de la mise à jour budgétaire d’octobre dernier et lors d’une entrevue accordée par la ministre au journal Le Devoir, le 28 novembre 2016. Selon Mario Beauchemin, troisième vice-président de la CSQ, « il s’agit, certes, d’un pas dans la bonne direction, mais de gros efforts restent encore à faire. Après les six premiers mois de l’année financière en cours, le gouvernement a dégagé des surplus de 2,7 milliards de dollars. Il devrait utiliser cette marge de manœuvre pour revoir le mode de financement et s’attaquer au sous-financement du réseau collégial. »
En effet, la FPPC-CSQ, la FEC-CSQ et la FPSES-CSQ estiment qu’il est grand temps de réviser la formule de financement du réseau collégial. Avec cette formule, plusieurs dépenses ou besoins des cégeps ne sont pas couverts par le gouvernement. « C’est un refrain habituel pour le personnel professionnel et de soutien. Le sous-financement fait en sorte que nous sommes toujours les premiers à faire les frais des compressions. Inévitablement, les services aux étudiants en souffrent et les conditions d’études se sont dégradées au cours des dernières années. Il nous apparait essentiel de revoir la formule de financement en plus d’assurer un réel réinvestissement dans le réseau », souligne Anne Dionne, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ).
Pressions sur le personnel professionnel
Les compressions et la formule de financement font en sorte que les cégeps n’ont alors d’autre choix que de trouver de nouvelles sources de financement. Il y a énormément de pression sur le personnel professionnel du secteur de la formation continue pour qu’il engendre des profits et des revenus afin de financer les activités générales du collège. « Plusieurs des membres que je représente m’ont confié avoir des objectifs financiers à atteindre en formation continue et aux services aux entreprises. Les directions mettent une pression constante sur eux pour qu’ils participent ainsi au financement des activités du collège. Malheureusement, certains sont en situation d’épuisement professionnel en raison de conditions de travail et de pression insoutenables » soutient Suzanne Tousignant, présidente de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ).
Les cégeps en région écopent
« La formule de financement actuelle ne permet pas aux cégeps de s’adapter aux changements sociodémographiques que vit le Québec. Les cégeps de petite taille, particulièrement ceux de l’Est du Québec, sont d’ailleurs les grands perdants de cette formule », souligne Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ).
Un sous-financement chronique
En plus de la formule de financement faisant défaut, le sous-financement est chronique. « Lorsqu’on tient compte de l’inflation, on constate que depuis 2012, les cégeps n’ont connu qu’une augmentation totale de 0,35 % de leur financement. Or, tant le nombre d’étudiants que les coûts de système ont augmenté de façon beaucoup plus importante. Il y a une limite à faire plus avec moins », ajoute Mario Beauchemin, troisième vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).