Édition du 12 novembre 2024

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Logement

François Saillant fait le bilan de 38 ans au FRAPRU

MONTRÉAL, le 14 déc. 2016 - François Saillant, qui a été, pendant près de 38 ans, coordonnateur du Front d’action populaire en réaménagement urbain, prendra sa retraite du FRAPRU, le 22 décembre. « Je quitte un emploi et des responsabilités, mais assurément pas la cause du droit au logement pour laquelle je continuerai à me battre. Je n’abandonne pas davantage le militantisme qui continuera, sous des formes différentes, à faire partie de ma vie », a-t-il commenté. Le FRAPRU a annoncé que Marie-José Corriveau et Véronique Laflamme, qui étaient déjà à son emploi, occuperont respectivement les postes de coordonnatrice et de principale porte-parole de l’organisme.

Natif de la ville de Québec et diplômé en Journalisme et Information de l’Université Laval, François Saillant a commencé à travailler au FRAPRU en mars 1979, cinq mois après la création de l’organisme. À ce moment, sa principale préoccupation était de lutter contre les effets négatifs du réaménagement urbain qui, à coups de démolitions et de hausses de loyer dues aux programmes de rénovation domiciliaire, chassait les populations à faible revenu de leurs logements et de leurs quartiers. Selon M. Saillant, « le maintien de la population à faible revenu dans les quartiers centraux et la préservation du parc de logements à bas loyer qui étaient les préoccupations centrales du FRAPRU à ses débuts demeurent encore aujourd’hui d’actualité ». Il en veut pour preuves les controverses répétées sur la gentrification de plusieurs quartiers, la poursuite de la conversion de logements locatifs en condominiums et des phénomènes plus récents comme Airbnb et autres formes de location temporaire.

Le logement social

Depuis 1981, le logement social est au centre même du travail du FRAPRU. François Saillant souligne les succès, mais aussi les échecs rencontrés dans cette lutte : « Tous les logements sociaux réalisés au Québec au cours des dernières décennies représentent autant de victoires pour le FRAPRU et ses groupes membres, parce qu’il ont amélioré durablement la condition de personnes et de familles en difficulté et qu’ils ont contribué à créer ou revitaliser des milieux de vie ».

François Saillant considère que l’épisode le plus sombre de l’histoire de cette lutte est survenu au début des années 1990 avec le retrait partiel, puis complet, du financement de nouveaux logements sociaux par le gouvernement fédéral : « Ottawa a accumulé une lourde dette envers les personnes et les familles mal-logées. S’il avait continué à financer le même nombre de logements sociaux qu’à la fin des années 1980 au lieu de se retirer totalement de ce domaine à partir du 1er janvier 1994, le Québec compterait aujourd’hui 69 000 logements publics, coopératifs et sans but lucratif de plus ». Il ajoute que « le gouvernement libéral de Justin Trudeau ne doit pas rater l’occasion de rembourser cette dette avec sa Stratégie nationale sur le logement promise pour 2017 ».

François Saillant estime que, même si elles n’ont pas totalement compensé le retrait fédéral, la création par le gouvernement québécois du programme AccèsLogis en 1997 et la poursuite de son financement, depuis ce temps, sont largement dues aux efforts conjugués des organismes communautaires en habitation, dont le FRAPRU. Quelque 29 000 logements sociaux ont jusqu’ici été réalisés grâce à ce programme, ce qui a, entre autres, permis au Québec de traverser la dure pénurie de logements locatifs du début des années 2000. Son avenir demeure toutefois incertain. Comme l’affirme M. Saillant, « cette fois, la balle est dans le camp du gouvernement de Philippe Couillard qui doit, dès le prochain budget, donner un signal clair de sa volonté de préserver et d’améliorer ce programme, tout en augmentant considérablement le nombre de logements sociaux qu’il permet de financer ».

Des droits bafoués

François Saillant qui a, à trois reprises, représenté son organisme lors de la comparution du Canada et des provinces devant le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU, à Genève, se dit « scandalisé qu’après tant de réprimandes de la part de ce comité onusien, le logement ne soit pas encore considéré officiellement comme un droit au Canada et au Québec ». Il est furieux que « les deux gouvernements viennent de terminer des consultations sur la question du logement, sans avoir évoqué ce droit et la nécessité de tout mettre en œuvre pour qu’il devienne une réalité pour toutes et pour tous ».

Celui qui a agi, à plusieurs reprises, comme porte-parole de larges coalitions dans des dossiers comme l’aide sociale, l’élimination de la pauvreté, la lutte pour le financement du mouvement communautaire autonome et celle contre l’austérité, est très préoccupé du sort plus général réservé aux droits sociaux : « Qu’on soit en périodes de déficit ou de surplus budgétaires, toutes les excuses sont bonnes pour bafouer ou ignorer les droits. Il y a pourtant suffisamment de richesses au Canada et au Québec pour les réaliser pleinement. Pourquoi les gouvernements s’y refusent-ils, si ce n’est pour protéger les intérêts d’une infime minorité de possédants ? »

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