Tiré d’El Watan.
La journaliste Doaa Chahine, correspondante pour le site panarabe Raseef22, raconte avoir été déplacée neuf fois, allant du camp de Jabaliya, dans le nord de Ghaza, jusqu’à Rafah, avant de remonter vers le camp de Nuseirat, au centre de l’enclave. En mai, elle a survécu à des frappes israéliennes qui ont détruit l’endroit où elle s’était réfugiée.
De même, Marah Mahdi, une autre journaliste, raconte à +972 Magazine avoir été déplacée onze fois avec sa famille. Le 21 octobre, huit jours après que l’armée israélienne a demandé à plus d’un million de Ghazaouis vivant au nord du Wadi Ghaza d’évacuer vers le sud de l’enclave, Marah Mahdi et sa famille ont quitté la ville de Ghaza, fuyant avec seulement leurs vêtements, quelques papiers essentiels et de la nourriture.
Ils ont trouvé refuge dans une école de Nuseirat, rapidement devenue dangereuse à cause des frappes aériennes israéliennes. Ils se sont alors dirigés vers Deir El Balah, espérant y trouver un semblant de sécurité, puis ont continué vers le sud, à Rafah, où ils se sont installés en novembre.
Comme Marah Mahdi, plus de la moitié de la population de Ghaza s’est entassée à Rafah ces derniers mois, vivant dans des camps de tentes surpeuplés dans des conditions humanitaires désastreuses, jusqu’à l’invasion de Rafah il y a près d’un mois, qui a poussé des centaines de milliers de Palestiniens à fuir à nouveau.
Aujourd’hui, plusieurs secteurs de Rafah et de la zone humanitaire d’El Mawasi, adjacente à la grande ville du sud de Ghaza, se sont vidés de leurs habitants, ne laissant que ceux qui n’ont pas les moyens de se déplacer. La plupart des abris de l’UNRWA à Rafah ont été évacués, forçant les personnes déplacées à se diriger vers Khan Younès et Deir Al Balah.
Selon Oxfam, plus des deux tiers de la population de Ghaza se trouvent désormais entassés dans une zone de 69 km², soit moins d’un cinquième de la bande de Ghaza.
Selon l’ONU, plus d’un million de Ghazaouis - soit près de la moitié de la population totale de Ghaza - ont été déplacés au cours du mois dernier. Une grande partie d’entre eux se trouvent désormais à Khan Younès, une ville de ruines dont de nombreux quartiers sont pratiquement méconnaissables, et à Deir El Balah, toutes deux intégrées dans une « zone humanitaire élargie ».
Depuis l’invasion terrestre israélienne de Rafah, moins de 100 000 personnes, sur les quelque 1,3 million de personnes originaires de Rafah ou ayant cherché refuge dans cette région, y restent encore.
Les organisations humanitaires ont averti que les zones de Ghaza où Israël a ordonné l’évacuation des habitants de Rafah manquent d’infrastructures et de besoins essentiels de survie. Et même ces zones, décrites comme « sûres », ont été bombardées ces derniers jours, y compris une récente frappe meurtrière sur une école de l’ONU transformée en refuge dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de Ghaza, qui a tué au moins 33 personnes, selon les responsables médicaux de Ghaza.
Les familles, déjà déplacées plusieurs fois, sont de nouveau en mouvement en raison des opérations militaires sionistes et des ordres d’évacuation israéliens. Les conditions de vie dans la région d’El Mawasi sont catastrophiques.
Oxfam rapporte que 500 000 personnes partagent 121 latrines, soit environ 4130 personnes par toilette. Une enquête alimentaire menée en mai par le Nutrition Cluster révèle que 85% des enfants n’ont pas mangé pendant une journée entière au moins une fois dans les trois jours précédant l’enquête, avec une diversité alimentaire en déclin.
Entre le 28 mai et le 1er juin, seulement 232 camions d’aide humanitaire ont pu entrer via le passage de Karem Abu Salem, une réduction significative par rapport à la période précédant l’opération militaire à Rafah. L’UNRWA demeure la plus grande agence des Nations unies opérant via ce point de passage, la majorité de l’aide étant constituée de farine et de produits alimentaires.
Selon l’OMS, des défis persistent pour augmenter le flux d’aide. Durant la période couverte par ce rapport, 60 camions de l’OMS étaient prêts à entrer à Ghaza depuis l’Egypte, soulignant le besoin urgent d’ouvrir les passages pour toutes les fournitures humanitaires, pas seulement médicales.
L’OMS estime que plus de 10 000 personnes nécessitent un transport urgent hors de Ghaza pour traitement, mais ne peuvent le faire depuis la fermeture du passage de Rafah le 6 mai. L’OMS a averti que davantage de Ghazaouis mourront si des évacuations médicales d’urgence ne sont pas autorisées.
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