L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) lance aujourd’hui une cinquième note d’intervention qui s’intéresse aux conditions d’accès et aux traitements accordés aux femmes qui atteignent l’âge de la retraite au Québec. « L’IRÉC constate que non seulement il est aujourd’hui nécessaire de réformer le système québécois de retraite afin de sécuriser les revenus de retraite de toutes les Québécoises et de tous les Québécois, mais que la plus grande sécurité financière des femmes à la retraite passe obligatoirement par la réduction graduelle des inégalités de revenu pendant leur vie active.
Ce recentrage passe aussi par la réaffirmation que les dispositions universelles doivent être conçues pour assurer l’égalité de toutes et de tous devant les avantages de base du régime public de retraite », a expliqué Gilles L. Bourque, chargé de projet à l’IRÉC.
L’IRÉC à l’instar des groupes qui ont déposé des mémoires dans le cadre de la commission parlementaire « Pour que l’égalité de droit devienne une égalité de fait – Vers un deuxième plan d’action gouvernemental pour l’égalité entre les femmes et les hommes », constate que les femmes ont des carrières plus accidentées, entre chômage et choix familiaux comme les grossesses, les congés de maternité, les arrêts de travail pour élever les enfants.
Elles connaissent plus de périodes d’inactivité que les hommes. « Bref, n’ayant pas contribué autant que les hommes aux régimes de protection sociale comme celui de la Régie des rentes du Québec, les femmes sont plus pauvres une fois arrivées à la retraite. Leur rente ne leur permet pas de sortir de la pauvreté », a poursuivi le chercheur de l’IRÉC.
Des conditions économiques qui défavorisent les femmes
« L’iniquité quant aux revenus touchés par les femmes découle des rôles sociaux distincts joués par les femmes et les hommes, a indiqué Gilles L. Bourque. Ces rôles influencent la place plus ou moins avantageuse qu’elles occupent sur le marché du travail. En dépit d’une participation de plus en plus grande des femmes au marché du travail depuis les quarante dernières années au point où la parité est quasiment atteinte entre les hommes et les femmes (47,7 % de la population active et 48,2 % de la population en emploi), l’égalité entre les genres est, malgré tout, loin d’être établie ».
Les faits parlent : le revenu des femmes ne représente en moyenne que 73,1 % de celui des hommes. Les emplois au salaire minimum sont très majoritairement (60 %) détenus par des femmes, alors que celles-ci ne représentent que 48 % de la population en emploi. Or, le revenu d’une personne qui travaille 40 heures par semaine, au salaire minimum, est 11 % en dessous du seuil de faible revenu pour une personne seule avant impôt.
C’est pourquoi le chercheur a conclu que « parmi les nombreuses failles du système québécois de retraite qui méritent notre attention, parce qu’il ne protège pas adéquatement la majorité de la population, la question des inégalités entre les femmes et les hommes exige une attention particulière, ces dernières étant affectées encore davantage par les lacunes du système ».
Des propositions de réforme
En ce qui concerne le système québécois de retraite, l’IRÉC a fait dans sa note d’intervention numéro 4 « Épargne-retraite : un système à réformer », de nombreuses propositions pour le réformer en profondeur. À l’instar de nombreux groupes de femmes, l’IRÉC demande plus spécifiquement que l’on reconnaisse dans les régimes publics de retraite, la valeur du travail effectué par les femmes et les hommes auprès des enfants ou des adultes en perte d’autonomie. L’institut appuie également la proposition de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) de créer une allocation universelle, complémentaire à la pension de la sécurité de la vieillesse (PSV), afin de compenser les faibles revenus de retraite des femmes qui ont élevé des enfants.