photo et article tirés de NPA 29
Dans un rapport commun avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que, d’ici fin 2020, le nombre de personnes souffrant sévèrement de la faim pourrait doubler en raison du Covid-19. La crise alimentaire devrait frapper, de manière aiguë, près de 265 millions de personnes.
C’est une augmentation de 130 millions par rapport à 2019. »Alors que nous affrontons une pandémie de Covid-19, nous sommes également au bord d’une pandémie de faim », alerte David Beasley, directeur exécutif du PAM.
L’année dernière, dix pays ont été particulièrement frappés par la faim, notamment le Yémen, le Venezuela, la RDC, l’Afghanistan ou encore le Soudan du sud où 61 % de la population a fait concernée. « C’est un coup de massue pour des millions d’autres personnes qui ne peuvent pas manger si elles ne parviennent pas à gagner un salaire.
Le confinement et la récession économique mondiale ont déjà anéanti leurs économies », a ajouté l’économiste en chef du PAM, Arif Husain. « Nous devons agir collectivement dès maintenant pour atténuer l’impact de cette catastrophe mondiale », insiste l’Économiste en chef du PAM.
Un rapport de Oxfam, paru ce 22 avril, enfonce le clou. Comparant la crise du Covid-19 à celle de 2008, l’ONG note que « La crise qui se prépare est d’une tout autre dimension, plus insidieuse : celle d’une accentuation des inégalités et d’une paupérisation des producteurs et productrices, avec des conséquences à long terme très préoccupantes sur leur accès à l’alimentation ». Et d’ajouter :
« À la différence de la crise de 2007-2008, on ne parle aujourd’hui pas de dysfonctionnement en matière de productivité. Il y a une production suffisante, notamment de grains. Le risque repose plutôt sur une perturbation des chaînes d’approvisionnement avec une perte de revenus conséquente pour les acteurs de ces filières. »
Une bombe sociale
Début avril déjà, trois organisations qui n’ont pas l’habitude d’écrire un communiqué commun ont lancé l’alerte. La FAO, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont prévenu d’un risque croissant de pénurie alimentaire mondiale. Entre les surstocks de nourriture que font certains États, l’interdiction d’exportations de grands producteurs de blé ou encore la pénurie de main-d’œuvre agricole, la machine alimentaire mondiale s’enraye. Et encore une fois, ce sont les pays à faibles revenus et en déficit alimentaire qui vont subir de plein fouet cette pénurie.
« Toutes les mesures contre le libre-échange seront contre-productives. Des mesures rapides pour protéger la circulation des denrées alimentaires entre les pays sont essentielles pour atténuer les risques de chocs importants qui auraient un impact considérable sur tout le monde, en particulier sur les pauvres et les plus vulnérables », prévient Maxime Torere, économiste principal de la FAO.
Dans un communiqué diffusé le 21 avril, les ministres de l’Agriculture du G20, réunissant les plus grandes puissances mondiales, se sont engagés à assurer la sécurité alimentaire en coopérant les uns avec les autres. Car l’urgence est là et le risque d’explosion sociale est grand, assure sur BFM TV, Thierry Pouch, responsable des études économiques des chambres d’agriculture françaises. »D’ici le milieu ou la fin de l’année, on pourrait revoir débarquer en France des flux migratoires d’Africains qui crèvent de faim », craint-il.
Marina Fabre
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