Édition du 17 décembre 2024

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Immigration

Journée internationale contre le racisme : Le Canada doit cesser de renvoyer les Roms vers l'Europe de l'est, où ils font face à un racisme quotidien alimenté par les mouvements néo-Nazi

Une mère monoparentale Rom et sa fille qui résident à Montréal depuis 10 ans font face à une déportation dans six jours.

Montréal, 21 mars 2019 — Monika et "Alexa"* qui habitent à Montréal depuis 10 ans, s’exposent maintenant à une déportation le 27 mars vers la Hongrie, où elles font face à un racisme anti-Rom quotidien, alimenté par les mouvements néo-Nazi.

<< L’ensemble de ma famille a quitté la Hongrie en raison du contexte, qui est tout simplement désastreux pour les personnes Roms. Je n’ai plus personne là-bas et j’ai peur d’y retourner. Je veux protéger mon enfant du racisme anti-Rom. Je demande à rester ici, qui est ma maison depuis 10 ans, au moins le temps que ma demande de résidence permanente pour motifs humanitaires soit traitée et au moins pour que ma fille puisse terminer l’année scolaire en cours >>, s’exprime Monika.

<< Le Canada ne prend toujours pas au sérieux la discrimination envers les personnes Roms. Le racisme anti-Rom est encore très fort en Europe de l’Est, d’autant plus que la menace des groupes d’extrême droite et des néo-nazis est toujours bien présente>>, s’exprime Philippe T.Desmarais, un membre du comité soutien pour la famille, en expliquant qu’une vigile devant le musée de l’holocauste est prévue pour lundi prochain, soit 2 jours avant la date de déportation.

Il y a 10 ans, Monika, âgée de 18 ans, quitte la Hongrie avec sa fille Alexa qui a alors huit mois, afin de s’installer à Montréal. À travers les années, Monika présente plusieurs demandes pour obtenir un statut légal au Canada, mais les demandes sont rejetées en raison d’une mauvaise représentation juridique et d’une non-reconnaissance de la situation des Roms en Europe de l’Est.

En septembre 2018, Monika entreprend une nouvelle demande de résidence permanente pour motifs humanitaires, pour elle-même et sa fille, mais le 13 mars 2019, alors que la demande n’a pas encore été traitée, l’agence des services frontaliers du Canada (ASFC) lui annonce une date de déportation pour le 27 mars, soit moins de deux semaines plus tard. Monika demande si sa fille, maintenant âgée de 10 ans, qui ne parle pas le hongrois, peut au moins terminer son année scolaire, mais l’agence frontalière refuse.

Le contexte hongrois au moment du départ de Monika en 2009 était caractérisé par un nombre croissant de persécutions et de violences à l’encontre des Roms. Dix ans après la tuerie de plusieurs Roms par des groupes néo-nazis, la situation de ceux-ci reste incertaine. Avec la montée des mouvements néo-nazis, la haine des Roms ne fait que se normaliser.

Une étude publiée en 2014 par l’Université de Harvard en arrivait à la conclusion suivante : << Au cours des cinq dernières années en Hongrie, la création de groupes d’autodéfense et de crimes de haine contre les Roms et d’autres groupes minoritaires a caractérisé un climat d’accroissement de l’exclusion sociale et économique. En dépit de l’adoption de lois et règlements anti-discrimination de la part de l’Union européenne (UE), les organisations extrémistes, les individus et les représentants de l’État en Hongrie continuent de discriminer largement et ouvertement les Roms à un rythme alarmant et par le biais d’une variété de méthodes >> (source ouverte).

La situation de Monika et de sa fille est injuste, mais malheureusement trop courante. Le système d’immigration canadien, s’autoproclamant comme étant juste et ouvert, ferme la porte à des individus qui résident en sol canadien depuis des années, perpétue le cycle de pauvreté et de violence qui s’abat sur ces mêmes personnes, et détourne le regard sur des situations urgentes, comme dans le cas actuel.

* Pour leur protection, nous n’avons pas inclus le nom de famille de Monika et changé le prénom de sa fille.

Source : Comité justice pour Monika et Alexa

Chronologie : https://drive.google.com/open?id=1w_J8-SuG63QdBCQ9O6E_wdgn8EPzet4Y

Mise en contexte : https://drive.google.com/open?id=1QHeCAjOGEx7MjbG3slU75SYfhXg3bEWT

Autres :

"Accelerating patterns of anti-Roma violence in Hungary, Harvard School of Public Health," February 2014, http://fxb.harvard.edu/wp-content/uploads/sites/5/2014/02/FXB-HungaryReport_Released-February-4-2014.pdf

Silent Harm Study of Deported Children’s Psycho-social Health
https://drive.google.com/open?id=1E5PCXsOLxG9Z5b81MbJxV6ZGD5rfEE99

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